Tourisme - Le TGV est-il bon pour le tourisme ?
La ligne à grande vitesse est-européenne est un incontestable succès technologique et économique. Avec 11,5 millions de voyageurs transportés en 2008, le TGV Est représente à lui seul la moitié de la croissance des lignes à grande vitesse et devrait atteindre, dès ce début d'année, les objectifs qui lui étaient fixés pour 2010. Mais, en rapprochant Champagne-Ardenne, la Lorraine et l'Alsace du grand bassin parisien, a-t-il eu un effet sur le tourisme ? La réponse, apportée par une étude réalisée par l'Insee Lorraine, est pour le moins nuancée. L'Insee a analysé la fréquentation hôtelière entre janvier 2006 et décembre 2008 sur les zones des villes-gares TGV, allant de la gare nouvelle de Champagne-Ardenne (Bezannes) à Strasbourg. Dans un premier temps, juste après la mise en service de la ligne, l'étude révèle un impact positif de l'arrivée du TGV. Toutes les zones en bénéficient, avec toutefois une ampleur différente selon les villes. Entre 2006 et 2007, les agglomérations de Strasbourg et de Metz gagnent ainsi 98.000 et 93.000 nuitées supplémentaires. Mais celles de Reims et de Nancy - qui disposent pourtant a priori de davantage d'atouts touristiques que Metz - n'en gagnent que 50.000 et 54.000. Même des territoires moins importants et plus éloignés, mais connectées à la ligne TGV, semblent bénéficier de cet "effet TGV". C'est notamment le cas des Vosges mosellanes (+12.000 nuitées), de Bar-le-Duc (+19.000) et de Forbach Saint-Avold (+38.000). De même, il apparaît que la durée moyenne de séjour a légèrement progressé, à l'exception de l'agglomération de Reims.
Mais le principal enseignement de l'étude de l'Insee réside dans le caractère apparemment très éphémère de l'effet TGV sur le tourisme. La curiosité et l'"effet d'aubaine" suscité par la mise en service de la ligne semblent retomber très vite. Ainsi, dès l'année 2008, il apparaît que très peu de villes ont su capitaliser sur l'impact immédiat du TGV. Le recul apparaît ainsi très marqué sur les agglomérations de Metz (-31.000 nuitées entre 2007 et 2008) et de Reims (-14.000) et sur la zone de Forbach Saint-Avold (-12.000). Seule l'agglomération de Strasbourg s'en tire bien, avec une nouvelle progression de 79.000 nuitées (soit +178.000 nuitées en deux ans). C'est aussi le cas, dans une moindre mesure, de petits territoires comme Thionville (+8.000 nuitées) ou les Vosges mosellanes (+8.000, soit une progression de 20.000 nuitées en deux ans).
Conclusion - de bon sens - : au-delà d'un impact immédiat lié à un effet d'aubaine et de curiosité, la mise en service d'une ligne TGV ne peut avoir, à elle seule, un impact durable sur le tourisme. Pour capitaliser sur l'entrée en service d'un tel équipement, les collectivités doivent proposer une offre touristique adaptée aux attentes et assurer la promotion de la destination. Deux domaines dans lesquels excelle la capitale alsacienne, avec par exemple ses marchés de Noël.
Jean-Noël Escudié / PCA