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Le tourisme international en baisse de 70% et les perspectives de reprise s'éloignent

L'Organisation mondiale du tourisme publiait le 27 octobre une étude montrant le recul considérable des arrivées internationales et envisageant une reprise au mieux au troisième trimestre 2021. Pour la France - et tout particulièrement Paris -, très dépendante au tourisme international, la situation s'est avérée particulièrement pénalisante. Le reconfinement vient évidemment aggraver les choses.

Avec la reprise de la pandémie de Covid-19, les perspectives de l'activité touristique apparaissaient de plus en plus sombres... avant même l'annonce du reconfinement en France. Si les touristes nationaux ont permis de sauver la saison estivale en France et dans plusieurs pays européens, sauf dans les métropoles, la bulle est vite retombée et l'inquiétude a vite régné sur l'arrière-saison et la saison d'hiver, y compris dans des territoires qui avaient tiré leur épingle du jeu cet été. Et le retour du confinement ne peut évidemment qu'aggraver la situation. En sachant que "nos frontières intérieures à l’espace européen demeureront ouvertes et sauf, exception, les frontières extérieures resteront fermées" durant au moins un mois, a précisé Emmanuel Macron le 28 octobre.

700 millions d'arrivées en moins et une perte de recettes de 730 milliards de dollars

Si la cause de cet effondrement est bien sûr la crise sanitaire, un communiqué de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) du 27 octobre montre quel est le facteur principal. Il s'agit avant tout du tourisme international, mis à mal par les restrictions sur les voyages, le fort recul du tourisme d'affaires et de congrès et, tout simplement, la crainte de s'exposer au virus ou de se trouver bloqué dans un pays étranger. L'OMT présente des chiffres impressionnants : au cours des huit premiers mois de 2020 (donc jusqu'à fin août) les arrivées de touristes internationaux ont baissé de 70%. Alors que le tourisme national retrouvait un peu de couleurs cet été, cette période a été au contraire la plus catastrophique pour le tourisme international : -81% d'arrivées de touristes internationaux en juillet et -79% en août.

Or, comme l'explique l'OMT, ces deux mois "sont traditionnellement les plus chargés de l'année et le pic de la saison estivale dans l'hémisphère nord". Autre chiffres significatifs : la baisse observée sur les huit premiers mois de 2020 représente 700 millions d'arrivées en moins (par rapport à la même période de 2019) et se traduit par une perte de 730 milliards de dollars de recettes (exportations du tourisme international), soit plus de huit fois la perte subie lors de la crise économique et financière mondiale de 2009... Sur l'ensemble de l'année 2020, l'OMT estime que la chute des arrivées de touristes internationaux se maintiendra autour de 70%.

Cette baisse touche tous les continents : l'Asie-Pacifique (-79%), l'Afrique (-69%), le Moyen-Orient (-69%), l'Europe (-68%) et les deux Amériques (-65%). L'Europe affiche des résultats un peu moins mauvais que le reste du monde en juillet-août (-72% et -69%) – à comparer aux -96% en Asie-Pacifique (notamment du fait de la fermeture des frontières de la Chine et d'autres destinations importantes de la région) – mais "la reprise a toutefois été de courte durée, des restrictions de voyage et des mises en garde ayant été réintroduites au regard de l'augmentation du nombre de contaminations".

Les grandes métropoles particulièrement touchées

Cette chute des arrivées de touristes internationaux touche plus particulièrement les pays les plus ouverts au tourisme international. C'est bien sûr le cas de la France, première destination touristique mondiale, mais aussi de pays comme l'Espagne ou l'Italie. Et au sein de ces pays, ce sont les métropoles où les villes moins importantes mais très touristiques (comme Venise en Italie) qui paient le plus lourd tribut. Le cas de Paris – première ville touristique mondiale avec Londres – est particulièrement significatif de la gravité de la situation. Il suffisait ces dernières semaines de parcourir les rues des quartiers touristiques pour constater que de nombreux hôtels étaient toujours fermés plus de sept mois après le début du premier confinement. Et cela alors même que les hôtels n'ont jamais été soumis au confinement, sous réserve de fermer leurs salle de restaurant (cas très rare à Paris) et leur salle de petit-déjeuner... Les mêmes règles devraient d'ailleurs s'appliquer pour le reconfinement annoncé ce 28 octobre par Emmanuel Macron.

Pas de rebond avant le troisième trimestre 2021, au mieux

Comme l'explique Zurab Pololikashvili, le secrétaire général de l'OMT, "cette baisse sans précédent a des conséquences sociales et économiques dramatiques et met en danger des millions d'emplois et d'innombrables entreprises. Cela souligne qu'il faut d'urgence relancer le tourisme en toute sécurité, en temps opportun et de manière coordonnée". Sur ce point, il faudra faire preuve de patience : le groupe d'experts de l'OMT envisage un rebond pas avant le troisième trimestre 2021, autrement dit pas avant un an. Et 20% des experts du groupe voient plutôt une reprise en 2022.

Parmi les causes de cette reprise très lente – et au-delà des restrictions aux voyages, de la lenteur de la disparition du virus et de manque de confiance des voyageurs – les experts de l'OMT pointent aussi "l'absence de réponse coordonnée entre pays pour assurer des protocoles harmonisés et des restrictions coordonnées, et la détérioration de l'environnement économique".

 

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