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Le travail temporaire d’insertion au défi de son développement

Passer de 15.000 à 30.000 postes en intérim d’insertion à fin 2022 est l’objectif fixé aux entreprises de travail temporaire d’insertion. Si ce secteur a réussi à tenir le cap malgré la crise, il lui faudra intensifier ses efforts en se structurant davantage pour accéder aux marchés clés, selon le gouvernement.  

Comme le secteur ordinaire de l’intérim, le travail temporaire d’insertion a subi de plein fouet les conséquences économiques de la crise : il y a un an, entre février et avril 2020, les effectifs se sont réduits de deux tiers. Une réduction plus forte que dans l’insertion par l’activité économique "classique" mais qui a pu être effacée en fin d’année. Au total, sur 2020, le travail temporaire d’insertion s’est globalement maintenu autour de 15.000 emplois.

Une bonne nouvelle d’autant que le gouvernement souhaite conforter son développement. Conformément au "pacte d’engagement" signé en janvier 2020, le doublement du nombre en places d’intérim d’insertion d’ici à 2022 (de 15.000 à 30.000 salariés par an) est toujours au rendez-vous. La baisse des aides au poste qui était prévue en 2021 a été reportée. "Nous devons maintenir le climat de confiance qui s’est installé", a déclaré la ministre chargée de l’insertion, Brigitte Klinkert, lors d’une visioconférence organisée avec la Fédération des entreprises d’insertion, lundi 22 février. Dans le cadre de l’axe 2 du fonds de développement de l’inclusion (FDI), 150 projets impliquant des ETTI (Entreprise de travail temporaire d’insertion) ont été sélectionnés pour un montant de 5 millions d’euros et la création de près de 7.000 postes, a-t-elle annoncé.

"Encore loin du compte"

"Il faut préparer la deuxième moitié du chemin. Mon ministère travaille sur de nouvelles initiatives qui accompagneront les structures prêtes à entreprendre", a poursuivi la ministre. Pour accélérer le développement de l’inclusion, le gouvernement veut une plus forte fluidité administrative. Après la simplification du processus d’agrément – l’une des avancées de la loi relative au renforcement de l’IAE adoptée en décembre  -, l’étape suivante est d’accélérer les autorisations de créations d’ETTI sur le territoire. "On a un schéma de conventionnement proposé pour les Direccte qui permet d’avoir une sorte de description de processus pour conventionner, l’idée étant de faire simple pour faciliter les conventionnements au niveau des territoires", explique Fabrice Masi, sous-directeur chargé des parcours d’accès à l’emploi à la Délégation générale de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP).

Reste que le passage à l’échelle demeure un défi. "On est encore loin du compte en termes de capacité à transformer l’essai (…) même si on a toutes les raisons de penser que c’est possible", a déclaré le haut-commissaire à l’emploi, Thibaut Guilluy, qui rappelle que la mutualisation "est essentielle pour accéder aux marchés". Se développer dans des "zones blanches" suppose aussi d’avoir des clauses d’insertion "assez conséquentes et volumineuses", ce qui peut faire défaut sur ces territoires, explique Anne-Sophie Guérin, directrice d’agences chez ID’EES intérim.

Commande publique

Au même titre que l’ensemble du secteur, les entreprises de travail temporaire d’insertion sont donc en attente d’un meilleur accès aux marchés publics. Alors que le gouvernement a annoncé, le 25 février, la commande de 10 millions de masques par des salariés en insertion pour "inciter les acteurs publics et privés à adopter une politique d’achats inclusifs", la fédération des entreprises d’insertion aimerait saisir l’opportunité du projet de loi  "Climat", qui sera examiné bientôt au Parlement. Objectif : que des critères sociaux et inclusifs entrent également en compte dans les critères de la commande publique.