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Environnement - Les collectivités appelées à redoubler d'efforts contre la pollution lumineuse

L’Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) lance le 27 février la nouvelle édition de son concours Villes et villages étoilés, qui valorise les communes s'efforçant de réduire la pollution lumineuse. A cette occasion, sa présidente Anne-Marie Ducroux, a fait le point sur la maturité de cet enjeu dans les collectivités et les progrès à faire.

Fraîchement intégrées dans les lois pour la reconquête de la biodiversité et celle sur la transition énergétique, les notions de nuisance lumineuse et de biodiversité nocturne font leur chemin dans les esprits des élus et les pratiques des collectivités. "Près de 570 communes sont déjà labellisées Villes et villages étoilés mais il reste beaucoup de pédagogie à faire. Nous continuons tout au long de l'année de les accompagner et de les sensibiliser. Les besoins sont forts, c'est un travail au quotidien", a souligné le 24 février Anne-Marie Ducroux, présidente de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN).
L'association lance le 27 février la nouvelle édition de Villes et villages étoilés. Les inscriptions se clôturent en septembre et les résultats seront annoncés en janvier 2018. Au-delà de la reconnaissance qui est obtenue par le label, fondé sur un nombre d'étoiles délivrées, ce concours biennal affirme sa "vocation pédagogique" grâce à un questionnaire très poussé qui aide les élus à structurer leur démarche. Une nouveauté, cette année : un volet du questionnaire incite les nouvelles équipes municipales à qualifier à mi-mandat ce qu'ils ont fait et le chemin parcouru. Autre nouveauté, deux réseaux d'élus, les Eco-Maires et l'Association des maires de France (AMF), sont partenaires de cette édition 2017 et s'engagent à la faire connaître.

Se réapproprier l'enjeu

Anne-Marie Ducroux œuvre et alerte sans relâche sur les impacts potentiels d'un éclairage urbain irraisonné : "Nous aidons les maires à se réapproprier cet enjeu et à ne pas se fier qu'aux prescriptions techniques. Cela prend du temps car ils ont longtemps été dépossédés du sujet. La croyance, d'un autre âge, dans le fait que la lumière est un progrès, ainsi que le primat de la norme technique sur la décision - plus politique - de concevoir en fonction des besoins, ont beaucoup joué. Nous leur recommandons de ne pas se focaliser sur les seules économies d'énergie mais de réduire la quantité de lumière émise dans leur commune." Et donc d'avoir une politique en la matière, laquelle générera ensuite des effets et des économies qui, systématiquement, sont nettes. "Dans les communes déjà labellisées, rien qu'en abaissant les puissances installées, c'est en moyenne à la clé 726.000 euros d'économies en frais de fonctionnement", constate ainsi cette association qui n'a guère d'équivalent en Europe, mais dont le travail intéresse de près certains voisins, notamment outre-Rhin.

Se fixer des objectifs

Dans l'Hexagone, un constat : la courbe de progression de la quantité de lumière émise par l'éclairage public, sans inflexion apparente ces vingt dernières années, est un phénomène au long cours qui inquiète l'association. Le nombre de points lumineux explose. Reconnaissant que la lumière est un service indispensable, elle incite à moins en négliger les impacts. Et conseille de repartir des besoins, de l'usage réel, de sortir d'une approche standardisée en allant plus vers le sur-mesure.
La marge de progrès des collectivités reste importante. Les communes littorales sont par exemple à la traîne. "Il faut dire que dans l'éclairage, nulle stratégie nationale ne vient encadrer les nuisances lumineuses. Nous agissons pour inciter les maires à se fixer des objectifs et à mesurer les résultats, sans rigidifier le système mais en se concertant avec les habitants, comme cela se fait d'ailleurs sans poser de problème face à d'autres enjeux environnementaux", ajoute celle qui préside par ailleurs la section Environnement du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Autre conseil aux élus : rester prudents avant d'investir pour leur éclairage public sur les leds. "Si l'on tient compte du coût global, l'avantage économique des leds n'est pas évident. Et les lampes sodium haute pression, que des collectivités ont paradoxalement tendance actuellement à retirer, affichent un meilleur bilan environnemental. Mieux vaut ne pas tout miser sur les leds. Cela n'empêche pas d'en tester à certains endroits. Mais sans mettre tous ses œufs dans le même panier, ni généraliser leur utilisation", conclut-elle.