Les congés d'été accentuent les écarts de performances entre élèves

Une étude de la direction de l'Évaluation, de la Prospective et de la Performance du ministère de l'Éducation nationale met en avant l’impact négatif des vacances d'été sur les performances des élèves de CP des réseaux d'éducation prioritaire.

Alors que Pap Ndiaye s'est rendu le 17 avril 2023 à Reims pour évoquer l'amplification du dispositif Vacances apprenantes, la Depp (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère) apporte de l'eau à son moulin. Quand le ministre de l’Éducation nationale estime que "les vacances scolaires ne doivent pas être à l’origine de difficultés dans les apprentissages et d’inégalités entre les élèves", la Depp lui donne en effet des arguments à travers une étude, également publiée le 17 avril, qui démontre que les vacances scolaires accentuent les écarts de performances entre secteurs de scolarisation durant l'année de CP (cours préparatoire) au détriment des élèves accueillis en réseaux d'éducation prioritaire (Rep), alors même que l'année scolaire permet, au contraire, de les réduire.

Gains effacés

Dans cette étude réalisée auprès d’élèves entrés en CP en 2020, la Depp écrit : "Depuis la mise en œuvre des évaluations nationales exhaustives 'Repères' en début de cours préparatoire et de cours élémentaire première année (CE1) en 2018, on observe que les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation ont tendance à se réduire entre septembre et janvier. Or, on constate qu’à la rentrée de CE1, ces écarts entre secteurs sont à la hausse par rapport à mi-CP, effaçant une partie des gains observés en début d’année de CP."

La Depp a alors cherché à savoir si cette hausse des inégalités avait lieu lors de la deuxième partie de l’année scolaire ou bien pendant les vacances estivales. Et elle a relevé que "pour la soustraction, l’écart diminue fortement entre les élèves du secteur public hors éducation prioritaire et ceux de l'éducation prioritaire entre janvier et juin" ou encore que "pour les domaines du français testés en janvier et en juin de l’année de CP, les écarts de performances entre les élèves du secteur public hors éducation prioritaire et ceux de l'éducation prioritaire se réduisent en compréhension de phrases lues seules, en lecture à voix haute de texte et en écriture de mots". À partir de ces données, le constat est sans appel : "Les performances des élèves accueillis dans le public hors éducation prioritaire progressent durant l’été alors que celles des élèves accueillis en éducation prioritaire restent stables." Ce que la Depp traduit ainsi : "L’impact négatif des vacances sur les performances en mathématiques est plus prononcé chez les élèves de REP+."

Hausse des moyens pour les stages d'été

À l'occasion de son déplacement à Reims, Pap Ndiaye a donc annoncé avoir fait "le choix d’une hausse significative des moyens attribués à l’organisation des stages de réussite lors des vacances scolaires d’été". D'une part, le nombre de stages de réussite proposés aux élèves en difficulté va être augmenté : 100.000 heures supplémentaires à l’échelle nationale seront mises à disposition pour des interventions des professeurs ou des personnels de l'Éducation nationale. D'autre part, des stages de réussite seront proposés dans tous les établissements des secteurs défavorisés. Les écoles et les établissements scolaires dont les écarts de performances avec le niveau national sont les plus importants seront identifiés à cette fin par les services académiques et départementaux de l'Éducation nationale.

Les Vacances apprenantes ont pour objectifs d’assurer la consolidation des apprentissages et de contribuer à l’épanouissement personnel des élèves à travers des activités culturelles, sportives et de loisirs. Ils reposent sur plusieurs dispositifs : école ouverte, séjours en colonie de vacances.