Les coûts de l'énergie font boire la tasse aux piscines publiques

Une enquête met en lumière les difficultés rencontrées par les exploitants de piscines face à la hausse des coûts de l'énergie. Certains envisagent des mesures d'économies qui vont jusqu'à la fermeture.

La hausse des prix de l'énergie a des conséquences bien concrètes sur le fonctionnement des piscines, et des piscines publiques en particulier. Certes, ce constat n'est pas une surprise, mais la publication ce 21 juillet des résultats de l'enquête sur les besoins des piscines menée par de nombreux acteurs du secteur sportif, dont Asporta (Association sport et agglomérations), l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport), l'Andiiss (Association nationale des directeurs et des intervenants d'installations et des services des sports) et Sport &Territoire, vient mettre des mots et des chiffres sur cette réalité.

Conduite auprès d'un échantillon d'exploitants de baignades d’accès payant, dont 84,9% d'établissements en régie publique, l'enquête met en avant "une explosion du coût de l'énergie et son impact sur le fonctionnement des piscines", a résumé Alain Hamida Pisal, président d'Asporta, lors de sa présentation, avant de préciser que cet impact devrait se faire sentir d'ici la fin de l'année.

Diminuer les températures

Si elle met en avant un certain nombre de cas de fermetures de piscines rapportés par la presse ces dernières semaines pour cause de contraintes budgétaires, l'enquête révèle que ces solutions extrêmes sont encore très rarement envisagées. Ainsi, seuls 1,5% des exploitants envisagent une fermeture totale et 5% une fermeture durant la saison d'été. En revanche, les prévisions de fermetures durant la saison d'hiver sont plus élevées (9% des répondants), tout comme les fermetures partielles (11%).

Parmi les autres mesures que les exploitants pourraient prendre, on note la possibilité de diminuer la température de l'eau chez 50% des répondants et celle de l'air chez 43% d'entre eux. Quant à une répercussion des coûts de l'énergie sur les tarifs d'accès aux équipements aquatiques, elle est envisagée par 20% des exploitants, tandis que 37% ne se prononcent pas et que 43% ne l'envisagent pas.

En attendant de voir si de telles pratiques se généraliseront ou non dans les prochains mois, l'enquête fait apparaître que certains exploitants ont déjà effectué une fermeture complète un jour par semaine, revu les températures à la baisse (de 1°C dans les bassins sportifs, par exemple), supprimé certaines activités comme la préparation à l'accouchement ou les bébés nageurs, fermé l’accès aux scolaires durant le mois de septembre, supprimé des cours aux enfants en raison d'une température d’eau trop fraîche, ou encore réduit le budget de fonctionnement en reportant des achats.

Convaincre les élus

Sans surprise, la baisse de la consommation énergétique constitue un enjeu prioritaire pour 98% des exploitants de piscines. Plus surprenant est sans doute la remarque fréquemment citée par ces mêmes exploitants qui affirment la "nécessité de convaincre les maires et les élus sur les enjeux énergétiques".

Pour mieux informer ces derniers, l'enquête précise un certain nombre d'éléments-clés concernant l'énergie des équipements aquatiques. On apprend ainsi que s'il existe un mix énergétique, le gaz est de très loin la source d'énergie la plus employée dans les piscines (72,5% des réponses), devant l'électricité (25,5%) et le bois (19%). Parmi les énergies renouvelables utilisées, la chaudière biomasse est la plus fréquente. Par ailleurs, 69% des exploitants déclarent disposer d'espaces disponibles (toitures, pelouse, ombrières, parkings…) pour accueillir des sources d'énergies renouvelables. Parmi ceux qui possèdent un bassin extérieur, ils ne sont que 31% à bénéficier d'une couverture thermique permettant de réduire les déperditions de chaleur. Et chez ceux qui n'ont pas mis cette solution en œuvre, 33% pensent investir dans un tel équipement.

Plus généralement, l'enquête a cherché à savoir si les exploitants avaient bénéficié d'aides financières de l'État "liées aux différentes crises", à l'image des aides accordées aux services publics locaux exploités en régie ayant subi de fortes pertes pendant la crise sanitaire (lire notre article du 12 octobre 2021). La réponse est non pour 78% d'entre eux. Pire : 71% déclarent qu'ils ne vont pas solliciter ces aides. Pour Alain Hamida Pisal, si le besoin d'aides est bien réel, "la méconnaissance de ces aides et leur complexité" freinent les exploitants. Son association annonce à ce sujet qu'un travail, en lien avec l'Andes, va être mené prochainement afin d'encourager ces demandes.

Le recrutement toujours à la peine

On signalera enfin que l'enquête comprend des informations sur les activités des maîtres-nageurs-sauveteurs (MNS) employés dans les piscines et complète les premiers résultats faisant état d'une pénurie de professionnels formés (lire notre article du 22 avril). On y apprend notamment que les principales raisons des difficultés de recrutement du secteur sont le salaire (pour 41% des répondants), les horaires décalés (28%), la concurrence d'autres équipements (21%) et la situation géographique (20%). Par ailleurs, l'enquête signale que la durée de vacance d'un poste de MNS est supérieure à six mois dans 55% des cas.

Si l'harmonisation des salaires et la valorisation du métier font partie des axes de travail des acteurs concernés, la question de la formation, et notamment de la mise en place d'une maquette unique assurant une qualité uniforme sur l'ensemble du territoire national, reste centrale. Des représentants de l'Andes ont affirmé avoir alerté la nouvelle ministre des Sports sur ce thème. Des discussions devraient avoir lieu d'ici la fin de l'année 2022.