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Accès aux soins - Les habitants des ZUS présentent un état de santé moins bon que le reste de la population

Alors qu'un débat pourrait bientôt s'ouvrir sur les "effets de seuil" de certaines prestations comme la CMU complémentaire, l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) apporte des éléments intéressants dans le chapitre de son rapport annuel 2006 consacré à l'état de santé et au recours aux soins des personnes vivant en ZUS. Celui-ci s'appuie sur une exploitation de l'étude décennale "Santé" de l'Insee, dont la dernière édition remonte à 2002-2003.
Si elle ne confirme pas l'existence du "désert sanitaire" évoqué par certains, l'étude n'en fait pas moins apparaître des écarts significatifs par rapport au reste de la population. Ainsi, près du tiers des habitants des ZUS se déclare en mauvaise santé, contre seulement un quart en population générale. Ceci vaut quel que soit le sexe, l'âge, le niveau d'études ou le statut social des personnes vivant en ZUS. De même, 23% de ces dernières déclarent souffrir d'au moins une incapacité, contre 20% pour le reste de la population. L'écart est particulièrement marqué chez les personnes de 60 à 79 ans, avec des taux respectifs de 55 et 40%. L'étude montre aussi que "l'effet ZUS" est amplifié par le fait de vivre en HLM. En d'autres termes, les personnes vivant en HLM présentent, en matière de santé, des résultats inférieurs à ceux des autres habitants de la ZUS. En revanche, l'étude ne montre pas de différences entre les ZUS et le reste du territoire sur deux autres critères de mesure de l'état de santé : les déclarations de maladies chroniques et celles de limitations dans l'activité quotidienne.
Les modalités de recours aux soins présentent également des spécificités. Si la probabilité de recourir à un médecin généraliste au moins une fois dans l'année est la même en ZUS et sur le reste du territoire, il n'en va pas de même pour le recours aux spécialistes : 57% des résidents de ZUS ont consulté un spécialiste au moins une fois dans l'année, contre 64% en population générale. De même, le recours à l'hospitalisation est légèrement plus élevé en ZUS (16% contre 14%). Comme pour l'état de santé, ces écarts sont encore amplifiés par le fait de vivre en HLM.
Enfin, le rapport de l'Onzus présente aussi une étude sur l'offre de soins médicaux. Il en ressort une densité médicale nettement inférieure à la moyenne nationale : les ZUS, qui regroupent 14% de la population des communes concernées, ne comptent que 6% des effectifs de médecins libéraux (généralistes et spécialistes) implantés sur ces mêmes communes et 5,5% de ceux des dentistes. La même situation prévaut, à un moindre degré, pour les infirmières (11%) et pour les kinésithérapeutes (7%). Contrairement à une idée reçue, les plus mal loties en matière d'offres de soins ne sont pas les grandes ZUS urbaines, mais plutôt celles des communes de 20.000 habitants.

 

Jean-Noël Escudié / PCA