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Hébergement / Insertion - Les pensions de famille, "des lieux de vie uniques et indispensables"

A l'occasion d'une journée nationale d'échanges sur les pensions de familles et les résidences accueil, une première synthèse des résultats d'une enquête nationale sur ces structures a été présentée

A l'occasion d'une journée nationale d'échanges sur les pensions de familles et les résidences accueil, organisée le 12 décembre par la délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (Dihal), cette dernière a présenté une première synthèse des résultats d'une enquête nationale sur ces structures. Celles-ci occupent en effet aujourd'hui une place importante dans le dispositif de logement accompagné.

Des parcours marqués par les ruptures

Dans son communiqué, Sylvia Pinel, qui a clôturé cette journée d'échanges, rappelle que ces structures "répondent à l'objectif de la fin de la gestion saisonnière en stabilisant les personnes sortant majoritairement de structures d'hébergement". Pour la ministre du Logement, "les pensions de famille sont des lieux de vie uniques et indispensables pour que les personnes les plus fragiles, ayant connu des parcours d'hébergement et de logement chaotiques, puissent enfin se stabiliser, se reconstruire et ensuite se réinsérer durablement dans la société".
L'enquête de la Dihal s'appuie sur l'exploitation des réponses de 450 structures, réparties en 362 pensions de famille et 88 résidences accueil. Elle confirme le profil des résidents : 92% vivent seuls et 70% sont des hommes. Un résident sur deux a plus de 50 ans et 32% sont sous curatelle. Les pensionnaires ont connu des parcours marqués par des ruptures et des difficultés relationnelles. Ils sont souvent très éloignés du marché de l'emploi (56% de demandeurs d'emploi et 15% de retraités). De façon assez surprenante, l'AAH constitue la première source de revenus (47% des résidents le perçoivent), devant le RSA. Enfin, les résidents présentes souvent des troubles psychiques ou des addictions (39% d'addictions dans les pensions de famille et 26% dans les résidences accueil). Ces situations complexes poussent les pensions de famille à une certaine spécialisation en termes de public.

Hôtes et partenariats : un rôle clé dans la réinsertion

En termes d'environnement, ces structures sortent progressivement de leur isolement et s'intègrent davantage dans les réseaux locaux et les Siao (services intégrés d'accueil et d'orientation). Dans la très grande majorité des cas, les attributions de places se font dans le cadre de commissions associant les partenaires de la pension de famille.
L'enquête montre également une certaine diversité dans les parcours. Elle met ainsi en évidence le fait qu'environ un tiers des résidents viennent non pas de l'hébergement ou de la rue, mais... du logement (logement familial, parc privé ou social, FJT, résidence sociale, voire autre pension de famille). Dans un cas sur deux, la perte du logement est liée à un problème de santé.
Une partie de l'enquête est consacrée aux caractéristiques des structures. Les pensions de famille ont ainsi une capacité moyenne de 20 places, avec essentiellement des T1 ou T1'. Elles apportent un soin particulier aux espaces collectifs et sont situées en majorité en milieu urbain, à proximité des commerces et services. Cette partie de l'enquête met également en évidence le rôle clé de l'hôte dans l'aide à la construction d'un "chez-soi", qui constitue l'un des atouts majeurs des pensions de famille. Pour cela, l'hôte mobilise une série d'activités collectives et favorise la construction du lien social. Il porte également une attention soutenue à l'installation, à l'entretien et à la gestion du budget logement. Cette dynamique sociale fait aussi appel aux ressources de la ville ou du quartier.
Enfin, la dernière partie de l'enquête est consacrée au profil des hôtes (des couples dans 55% des cas), secondés par d'autres intervenants : gardiens, agents d'entretien, mais aussi travailleurs sociaux, personnels de santé... Elle aborde aussi la question des partenariats locaux, mettant ainsi en lumière le rôle de la mutualisation des moyens au sein de l'association gestionnaire et l'articulation avec les services sociaux. Les résultats complets de l'étude seront publiés "au cours du premier trimestre 2015".