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Lutte contre l'exclusion - Jean-Marc Ayrault sur les traces de l'abbé Pierre

"Une visite symbolique, afin d'adresser un message aux Français à l'heure où, parfois, apparaît une tentation de stigmatiser la misère." Jean-Marc Ayrault a ainsi donné la couleur de sa venue, ce jeudi 17 octobre à Alfortville (Val-de-Marne), dans une "pension de famille" destinée à des personnes "en très grande exclusion".
Il faut dire qu'au niveau du symbole, visiter avec les ministres Cécile Dufflot et Marie-Arlette Carlotti, en cette Journée mondiale du refus de la misère, "ce qui fut la dernière demeure de l'abbé Pierre" (et le siège d'Emmaüs International) avant que les deux modestes bâtisses ne soient réhabilitées... on ne pouvait guère faire mieux. Une visite incluant un temps d'échanges avec les représentants de la fondation Abbé-Pierre (propriétaire des murs) et du bailleur social associatif Freha, gestionnaire de ce lieu encore flambant neuf composé de 18 logements autonomes et d'espaces "de convivialité" collectifs. Un temps d'échanges, aussi, avec les premiers des vingt pensionnaires qui pourront, à terme, y être accueillis. Le Premier ministre s'est adressé à eux en évoquant "une étape nouvelle dans [leur] vie", la possibilité de "retrouver dignité, courage, liberté, envie de transmettre...".
Auparavant, Patrick Doutreligne, le délégué général de la fondation, avait salué ce lieu comme "un symbole de ce que l'on peut faire de digne, de chaleureux, dans un budget limité". Un responsable de Freha avait pour sa part vanté les mérites de ce type de "petits programmes de logements très sociaux à taille humaine" permettant aux résidents, tout en accédant à un logement autonome, de "se réaccoutumer" après avoir vécu une période sans domicile fixe et de bénéficier de l'accompagnement de deux hôtes à temps plein, dont un travailleur social.
Ce programme, dont la première pierre a été posée en janvier 2012, a financièrement mobilisé beaucoup de monde, pour un coût de revient de 2,3 millions d'euros : l'Etat (26%), la région (23%), la communauté d'agglomération Plaine Centrale, le conseil général, les collecteurs du 1%, la Caisse des Dépôts.

Plan pauvreté : "Les premiers engagements ont été tenus"

Prononcée devant, notamment, les responsables associatifs et les élus locaux (le président du conseil général, Christian Favier, le sénateur-maire Luc Carvounas visiblement ravi d'accueillir ce déplacement sept mois seulement après que François Hollande soit venu à Alfortville pour y lancer son "plan d'investissement pour le logement"...), l'allocution du chef du gouvernement visait surtout à mettre l'accent sur certaines "valeurs". Il fut ainsi question de solidarité, d'égalité des droits, de justice sociale, d'humanisme, du "devoir de tendre la main"... "Je n'oppose pas une politique économique efficace à une politique sociale", devait de même conclure Jean-Marc Ayrault.
Ce fut aussi l'occasion, naturellement, de revenir sur le "plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale" adopté le 21 janvier, le Premier ministre parlant d'un plan "inédit" dont "les premiers engagements ont été tenus". Il a ainsi évoqué la hausse du plafond de la CMU-C, la revalorisation du RSA socle, l'expérimentation de la garantie jeunes (dont il a comparé l'esprit, "loin de tout assistanat", à celui d'une bourse), l'augmentation du complément familial et de l'allocation de soutien familial... (sur tous ces sujets, voir nos articles ci-contre)
Afin que "le plan soit mis en œuvre partout sur le territoire", la mission d'évaluation et de suivi territorial confiée à François Chérèque aura d'ici fin décembre organisé une trentaine de conférences locales réunissant "près de 5.000 personnes", a-t-il en outre indiqué.
Sur le front de la "bataille pour le logement", Jean-Marc Ayrault a notamment reparlé de l'augmentation des places d'hébergement prévues par la plan ("5.000 places d'hébergement d'urgence et 7.000 logements passerelle"), des dispositions contenues dans le projet de loi Alur et des mesures précédentes qui, a-t-il assuré, "commencent à produire leurs premiers effets" ("Nous assistons dans les grandes agglomérations à une baisse, ou en tout cas à une stabilisation, des loyers"). Il a, aussi, insisté sur la nécessité, au-delà de l'Etat, de mobiliser "les collectivités, les associations, les bailleurs sociaux...".
Enfin, il a rappelé qu'un préfet (en l'occurrence Alain Régnier) était "chargé de vérifier que la circulaire d'août 2012 est appliquée partout" et que l'on ne laisse pas "se réinstaller les bidonvilles". Il se référait à la circulaire sur l'évacuation des campements illicites... et aux propos de Patrick Doutreligne qui venait de l'alerter sur "la résurgence de bidonvilles à l'entrée de nos cités" : "Nous avons été satisfaits de la circulaire, nous sommes aujourd'hui un peu surpris qu'elle ne soit pas appliquée partout."
En revanche, le Premier ministre n'a rien répondu à une autre interpellation du délégué général de la fondation Abbé-Pierre : "En gelant les aides au logement, le gouvernement fait une erreur. Les 137 millions d'euros que représente ce gel, on peut les trouver ailleurs. Il n'est pas encore trop tard. J'espère vraiment que cet arbitrage pourra être rendu."

 

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