Les Pyrénées-Atlantiques tissent la toile des maisons sport-santé

Alors que le quatrième appel à projets en faveur des maisons sport-santé vient de paraître, le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques a déjà labellisé huit structures en mobilisant son réseau d'acteurs sociaux.

On connaissait le rôle pionnier de la ville Biarritz dans le développement du sport-santé depuis une dizaine d'années (lire nos articles ici et ). La cité balnéaire a depuis été rejointe par le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Au moment où les ministères de la Santé et des Sports lancent leur quatrième appel à projets relatif aux maisons sport-santé, le département qui unit Béarn et Pays basque compte déjà huit structures labellisées, soit deux fois plus que la moyenne nationale.

La motivation du département est simple : "Il s'agit de développer le sport-santé bien-être et de mettre un maximum d'atouts au service du plus grand nombre pour que les gens bougent. C'est un problème de santé publique", explique Bernard Dupont, conseiller départemental des Pyrénées-Atlantiques délégué au sport. C'est avec cette ambition en tête que, avant même le lancement officiel des maisons sport-santé par l'État, le centre Nelson-Paillou de Pau, dont Bernard Dupont est président, a sollicité et obtenu de la conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie des crédits pour faire bouger les seniors. Ironie de l'histoire, ce projet n'avait pas été retenu à l'issue du premier appel à projets maisons sport-santé. "L'État considérait que nous n'étions peut-être pas assez engagés dans le sport sur ordonnance", avance Bernard Dupont. Le deuxième appel à projets avait été le bon…

Maison hors les murs

Le centre Nelson-Paillou de Pau, émanation du conseil départemental, est une structure originale. Une cinquantaine de comités sportifs départementaux de toutes disciplines y sont hébergés et y bénéficient de services partagés. Soixante-quinze espoirs du sport y sont également accueillis en internat et accompagnés par du personnel. Et c'est encore ce centre qui pilote une des maisons sport-santé du département, mais, cette fois, d'une manière bien différente. Selon le cahier des charges du label maisons sport-santé, si celles-ci peuvent être des lieux d'exercice d'activités physiques et sportives ou d'activités physiques adaptées (APS/APA) ou encore des lieux de réalisation d’un bilan des capacités physiques sur la base d’une prescription d’activité physique, elles peuvent aussi se contenter d'être de simples espaces d'accueil, d'information et d'orientation. Dans le cas du centre Nelson-Paillou, tout se passe donc à l'extérieur des locaux, sous la conduite de six référents, salariés du centre ou fonctionnaires du département, chargés respectivement de six actions prioritaires.

"Nous ciblons certains publics, décrypte Bernard Dupont. Le conseil départemental a des antennes auprès des assistantes sociales et des éducateurs sur tout le territoire. Les publics prioritaires sont accueillis dans les SDSEI (services départementaux des solidarités et de l'insertion). Cela nous permet un contact facile et direct avec ces publics". Parmi eux, personnes au RSA, femmes seules ou encore femmes battues, toutes très éloignées des activités physiques, sont particulièrement ciblées.

Réseau social

Autre public prioritaire : les seniors. Le centre Nelson-Paillou a déjà pris en charge sept groupes de vingt personnes, soit près de cent cinquante seniors depuis le début, dans un parcours cohérent. Cela commence par une évaluation par un médecin du sport qui se déplace dans un local à proximité du lieu de développement de l'activité. Cela continue par la mise en mouvement sous forme de marche, de vélo, etc., dans un lieu sélectionné par la personne référente sur la base de ses contacts avec les élus et les SDSEI. Et cela s'achève au bout de trois mois par une nouvelle visite médicale qui permet d'apprécier la progression. Enfin, presque… "L'objectif est que les personnes continuent l'APS à l'issue des trois mois de ce suivi rapproché", ajoute Bernard Dupont.

Comment les participants à ces groupes sont-ils sélectionnés ? Là encore, le département fait appel à son réseau. "Il y a tout un tas de portes d'entrée, explique Bernard Dupont. On s'appuie sur notre compétence en matière sociale et sur les élus, mais aussi sur la Mutualité sociale agricole, la CPAM. Et puis la force de l'exemple est plus forte que tout. Quand une personne vient, il y en a bien dix ou quinze qui sont au courant. Cela peut faire boule de neige et engendrer l'envie de pratiquer une APS."

Financement à dimensionner

Prochaine cible du centre Nelson-Paillou : les personnels des établissements sanitaires et sociaux, où se développent les TMS (troubles musculosquelettiques) liés aux gestes professionnels répétitifs, et des PME et TPE. "Avec un peu d'équipement, des tapis de marche, des vélos d'appartement utilisés pendant les pauses, on peut avoir du personnel en meilleure forme", estime Bernard Dupont.

Pour son fonctionnement, le centre Nelson-Paillou bénéficie de 40.000 euros de la conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie. Et si la labellisation par l'État ne vaut pas attribution systématique d’une subvention, il a reçu (sans en voir fait la demande !) une aide de 12.000 euros afin de faciliter sa mise en route. Et pour la suite, "il n'est pas impossible que la labellisation ouvre des portes à un financement de bonne dimension par la conférence régionale du sport", anticipe Bernard Dupont.

Avec huit maisons sport-santé sur son territoire, le département des Pyrénées-Atlantiques est donc bien pourvu. Mais le maillage territorial fait encore défaut. La plupart des structures sont en effet installées dans les agglomérations de Pau et du BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz). "Au départ, il fallait se structurer au plus facile, au plus proche, il fallait se poser, reconnaît Bernard Dupont. Mais l'objectif est aussi de pénétrer des territoires enclavés." Les vallées de montagne, comme les Aldudes, parfois situées à deux heures de routes des agglomérations, sont particulièrement visées. "Nous allons nous réunir et réfléchir à la façon d'irriguer le territoire, conclut l'élu. Si une maison sport-santé demande un financement au département, nous répondrons présent. Mais il n'y a pas d'automaticité. Il faut que cela soit fédérateur et complémentaire de ce que d'autres font."