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Les smart territoires franciliens incités à se rapprocher des startups

A l'occasion de l'édition 2019 de Futur.e.s, festival francilien de l'innovation, organisé par le pôle de compétitivité Cap digital, la région Ile-de-France avait convié les collectivités locales aux premières assises des smart territoires. Objectif : renforcer les liens entre l'écosystème d'innovation et les collectivités franciliennes. 

Le choix d'Issy-les-Moulineaux pour organiser ces premières assises des smart territoires franciliens ne doit rien au hasard. La ville figure en effet depuis plusieurs années dans le top des classements internationaux en matière de smart city. Et c'est aujourd'hui un territoire sollicité par des entreprises de toutes tailles pour venir tester et expérimenter leurs solutions. La ville peut ainsi s'enorgueillir, comme l'a rappelé son maire André Santini, d'avoir testé d'innombrables dispositifs de la navette autonome au robot compagnon en Ehpad en passant par la smart mobility. Des expérimentations parfois sans lendemain, comme pour les Google glass, mais aussi des projets aujourd'hui déployés  comme le paiement mobile du stationnement ou présentés comme un modèle réplicable à l'image  réseau électrique intelligent Issygrid (notre article). Issy-les-Moulineaux fait désormais partie des "smart destinations" et attire de plus en plus de délégations internationales.

Associer entreprises et chercheurs

"Les expérimentations sont essentielles pour les entreprises franciliennes", a souligné le président de Cap digital dont le pôle de compétitivité organise du 13 et 14 juin Futur.e.s, festival francilien de l'innovation. Au-delà de services testés in situ, plusieurs projets ont montré l'intérêt de collaborations transverses multipartenariales. Saint-Quentin-en-Yvelines a ainsi présenté son projet autour de la sécurité des objets connectés associant entreprises et chercheurs. Plusieurs cas d'usages ont été identifiés et un algorithme cryptographique, conçu par une startup locale, va être testé pour sécuriser le système d'éclairage publique intelligent. Des hackers seront même invités à en mesurer la robustesse. Un sujet "sécurité" essentiel car, comme l'a déploré Jean-Baptiste Stuchlik de l'ANSSI, "les collectivités sont aujourd'hui le maillon faible de la cybersécurité", le blocage total de la ville de Baltimore (USA) ces dernières semaines venant fort à propos illustrer la réalité des risques. Et au-delà de la technologie, les chercheurs peuvent favoriser l'acceptation sociale de l'innovation. Eiffage a ainsi présenté un projet mené avec l'Ifstar sur l'écoquartier de Chatenay-Malabry associant pas moins de 54 chercheurs de toutes les disciplines. Leur mission ? Veiller au respect des objectifs de développement durable d'un projet d'écoquartier en partant des usages et des besoins des habitants. Défaut de beaucoup de projets smart city, l'association effective des habitants est également au cœur du projet de l'EPA de Marne-la-Vallée. Celui-ci a coconstruit avec une jeune startup une solution de "BIM citoyen" dispositif de concertation alliant application ludique et pédagogie sur les obligations réglementaires des aménageurs (notre article). 

Passer de l'expérimentation au déploiement

Faire des territoires des "living labs" ouverts aux entreprises innovantes, l'idée n'est pas nouvelle. Mais si c'est assez simple dans son principe, les obstacles restent nombreux, notamment du point de vue des startups. "Les expérimentations sont en réalité la bête noire des startups. Car une fois l'expérimentation terminée, il ne se passe rien. Le vrai sujet c'est après l'expérimentation" a déploré Suzanne Fritelli directrice générale de la startup Buildr. Une affirmation relayée par une autre entreprise faisant valoir la difficulté à répondre à des cahiers des charges laissant souvent peu de place à l'innovation. Cette complexité est du reste une des raisons pour lesquelles, dans de nombreux cas, un grand groupe sert d'intermédiaire entre la startup et les collectivités. "Nous aidons les jeunes pousses à identifier des cas d'usages concrets, des problèmes à résoudre et jouons un rôle d'assembleur", a expliqué Julien Villalongue du Pôle Leonard, think tank créé par Vinci pour réfléchir aux infrastructures intelligentes et connectées.

Des briques de services pour tous les territoires

Pour accompagner les smart territoires, la région mobilise son dispositif d'aides et d'appels à projets, avec pas moins de 11 dispositifs dédiés à l'innovation territoriale et aux expérimentations. Mais elle propose aussi une offre de "smart services" visant à irriguer l'ensemble du territoire francilien. Une offre reposant sur 4 piliers :

  1. infrastructure THD,
  2. plateforme de données (notre article),
  3. animation de l'écosystème
  4. et services.

Dans cette dernière catégorie, qui cible aussi bien les entreprises que les collectivités et les habitants, la région a annoncé en mai 2019 le lancement de deux services En septembre sera mis en ligne un cadastre solaire 3D pour favoriser l'équipement des franciliens en panneaux solaires. Une cartographie des espaces de coworking est également en cours dans l'idée de structurer l'offre et de la développer. Et pour imaginer les services à venir, la région lance une consultation ouverte à tous.