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Tourisme religieux - Lourdes et Nevers se disputent la dépouille de Bernadette Soubirous

Au-delà des croyances, le tourisme religieux est aussi un enjeu économique. Sur les 89 millions de visiteurs étrangers, environ 20 millions justifient en effet leur voyage par une dimension religieuse (pèlerinage, visite de site religieux...), même s'il est parfois difficile de faire la part entre la foi et l'intérêt pour le patrimoine. Notre-Dame de Paris accueillerait ainsi environ 13 millions de visiteurs, un chiffre toutefois approximatif dans la mesure où les entrées, gratuites, ne sont pas comptabilisées. Même avec une marge d'erreur, ce chiffre représente plus du double de la tour Eiffel (payante) et classe la cathédrale au second rang des sites français les plus visités, après... Disneyland Paris. Dans ces conditions, on comprend mieux l'enjeu de l'opposition récurrente entre Lourdes et Nevers autour de la dépouille de Bernadette Soubirous, qui vient d'être récemment relancée.

Une association pour le retour de Bernadette Soubirous à Lourdes

Bernadette Soubirous repose en effet au couvent Saint-Gildard de Nevers, après y être entrée dans les ordres et y avoir vécu durant 13 ans jusqu'à son décès en 1879. Mais le principal lieu de culte reste bien sûr la grotte de Massabielle à Lourdes, où la Vierge lui serait apparue à 18 reprises en 1858, alors que Bernadette avait 14 ans.
L'affaire entre Lourdes et Nevers est née en 2014, avec la création de l'Association pour le retour de Bernadette Soubirous à Lourdes. Une initiative portée par un conseiller départemental (Entente républicaine) de Lourdes. Mais le droit canon ne permet pas un tel transfert. La présidence de l'association a donc été confiée à l'époux d'une arrière petite-nièce de Bernadette Soubirous. Celui-fait notamment valoir, dans une interview à France 3, que "le regroupement des familles, tout le monde demande ça, et les parents de Bernadette aussi. Certains au moins aimeraient que Bernadette revienne chez elle". Il faudrait toutefois une demande unanime de la famille pour que le transfert puisse être envisagé au regard du droit civil. D'autres motifs sont également évoqués pour justifier cette démarche, comme les demandes des pèlerins, qui s'étonneraient de ne pouvoir se recueillir sur la tombe de la sainte.

"Il faut être raisonnable"

Relancée en mars 2018, l'idée du transfert ne manque pas de faire réagir du côté de la Nièvre. Pour Denis Thuriot, le maire de Nevers (LREM, ex PS), "je pense qu'il faut être raisonnable. Lourdes a des millions de pèlerins par an, Nevers n'en a que quelques centaines de milliers. Je pense que ça doit être respecté".
Lourdes accueille en effet chaque année plus de cinq millions de visiteurs, mais la fréquentation semble s'essouffler quelque peu. Ce chiffre reste toutefois très supérieur à celui de Nevers, qui connaît une fréquentation annuelle de l'ordre de 200.000 visiteurs pour le sanctuaire Saint-Gildard, où le corps intact de Bernadette Soubirous repose dans une châsse.
Au-delà des aspects religieux - l'Eglise se garde d'ailleurs bien de prendre position -, les enjeux touristiques sont de taille. Le chiffre d'affaires généré par les pèlerins de Lourdes (excursionnistes inclus) représente - selon une étude réalisée en 2012 pour Hautes-Pyrénées Tourisme Environnement (HPTE), le comité départemental du tourisme - un total de 322 millions d'euros (548 millions si on inclut les transports). La ville possède la seconde capacité hôtelière française, derrière Paris, mais devant Nice.
Plusieurs acteurs du tourisme lourdais figurent d'ailleurs parmi les fondateurs de l'Association pour le retour de Bernadette Soubirous à Lourdes et son responsable dirige, avec son épouse, la maison des parents de Bernadette, transformée en musée. Dans ce contexte, un retour de la dépouille constituerait sans nul doute un atout supplémentaire pour relancer la fréquentation de la cité mariale.

 

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