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Culture - Louvre-Lens : la chambre régionale des comptes n'a - presque - que des compliments à faire

La chambre régionale des comptes du Nord-Pas-de-Calais rend public deux rapports d'observations définitives - délibérés en réalité en 2015 - sur la création du Louvre-Lens (voir nos articles ci-contre), l'opération de déconcentration culturelle la plus emblématique avec le Mucem à Marseille et le Centre Pompidou-Metz. Le premier rapport porte sur l'établissement public de coopération culturelle (EPCC) Louvre-Lens et le second sur l'engagement de la région Nord-Pas-de-Calais dans l'opération.

Un accord déséquilibré avec le Louvre, mais de bonnes relations au quotidien

Les deux rapports rappellent que le musée du Louvre-Lens, inauguré le 4 décembre 2012, a été récemment classé par le New York Times au rang de 26e destination mondiale incontournable. "Malgré une signalétique déficiente autour du site", l'établissement a connu "une fréquentation supérieure aux prévisions, avec un million de visiteurs en à peine plus d'un an, principalement grâce à l'accès à la Galerie du temps, dont l'entrée est gratuite".
Après l'investissement - assuré principalement par la région -, le fonctionnement de l'EPCC repose principalement sur l'engagement et le financement des collectivités : 80% pour la région, 10% pour le département du Pas-de-Calais et 10% pour la communauté d'agglomération de Lens-Liévin. Alors que les collectivités supportent tout le financement, le musée du Louvre - qui apporte sa caution, son expertise et ses collections - bénéficie, dans le cadre du protocole d'accord signé en 2005 avec la région, d'"un rôle déterminant sur la politique scientifique et culturelle du Louvre-Lens, ce qui a conduit à des statuts qui se sont écartés du cadre légal et réglementaire applicable à ce type d'établissement". Mais la faute n'est que vénielle, car "la pratique montre un fonctionnement en bonne intelligence, notamment entre les élus locaux et les représentants du Louvre".
Au-delà de remarques sur certaines fonctions qui pourraient être améliorées, la principale interrogation sur l'EPCC porte sur les perspectives financières de l'établissement, "soumises à de fortes contraintes [et qui] devront prendre en compte la baisse de la fréquentation qui, probablement, succédera au très fort niveau constaté à l'ouverture du musée". Pour cela, la CRC préconise notamment une externalisation de certaines fonctions et le développement d'une politique culturelle et touristique adaptée, permettant de maintenir l'engouement initial et de fidéliser le public.

Un succès au départ, mais des incertitudes sur l'impact final

Du côté de la région Nord-Pas-de-Calais, le rapport correspondant de la CRC rappelle l'espérance initiale - justifiant le lourd investissement de la région - d'un "effet Bilbao" autour du musée du Louvre-Lens (voir nos articles ci-contre). La CRC se garde cependant bien de trancher sur la concrétisation de cet effet, en considérant que "les différences, notamment culturelles et de structuration, entre ces territoires rendent [...] la comparaison difficile". Des études d'impact approfondies ont toutefois été lancées, dont il faudra attendre les résultats.
Le rapport relève cependant que "le succès du Louvre-Lens, en termes de fréquentation depuis son inauguration, avec un million de visiteurs en un peu plus d'un an, est en grande partie un succès de la politique menée en direction du public régional", davantage que le fruit d'une action en direction du public national et international. Il reconnaît toutefois que "les effets les plus structurants que l'on pourrait attendre de l'arrivée du Louvre-Lens sont ceux qui se situent dans le long terme". En attendant, la CRC préconise de valoriser davantage le musée "par son insertion dans une stratégie touristique plus adaptée".
Sur l'opération elle-même - financée à 80% par la région -, le rapport constate certes un dérapage budgétaire, l'enveloppe passant de 150 millions d'euros TTC à 201 millions d'euros (dont 29 millions au titre des révisions). Ce dérapage est toutefois très nettement inférieur à celui d'autres opérations culturelles ou urbanistiques récentes (la Philharmonie de Paris, la Canopée des Halles...). La CRC relève aussi que la gestion de trésorerie "n'a pas été optimisée", avec des avances accordées par la région qui se sont révélées supérieures au montant des dépenses effectivement réglées. Au final, la balance reste néanmoins largement positive.

 

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