Made in France : les professionnels demandent une meilleure valorisation de leurs produits

Comme chaque année, les régions et collectivités locales étaient très actives pour la onzième édition du salon Made in France, qui s'est tenue du 9 au 12 novembre 2023, à Paris. Pourtant, l'inflation met à mal la consommation des produits made in France. À l'image de celle du président fondateur du Slip Français, des voix s'élèvent pour demander un texte législatif en faveur de ces entreprises qui fabriquent en France. 

Ministres, présidents de région et représentants de collectivités se sont retrouvés au salon du Made in France qui tenait sa onzième édition du 9 au 12 novembre 2023 à Paris, rassemblant près de 1.000 exposants. Le sujet du "made in France" et des relocalisations est revenu sur le devant de la scène après la crise Covid et la guerre en Ukraine.

Lors d'une conférence organisée le 10 novembre sur les territoires et les relocalisations, l'ancien ministre au redressement productif, chantre du fabriqué en France, a salué les avancées récentes. "Il y a eu une prise de conscience tardive, mais maintenant il y a le plan d'investissement, la création de filières, l'action des collectivités qui est là depuis longtemps, a déclaré Arnaud Montebourg. Il faut maintenant que l'État trouve du foncier car il manque quelque 25.000 hectares pour accueillir 500 usines, il y a des milliards d'euros de chiffre d'affaires à relocaliser en France ! Et le sujet n'est pas d'installer des usines dans des grandes villes, mais bien 'en province' ; sinon, nous aurons la diagonale du vide, il faut que les emplois soient là où vit la population." Le vice-président de la région Occitanie, en charge de l'économie, emploi, innovation et réindustrialisation, Jalil Benabdillah, a lui aussi salué le financement à hauteur de 54 milliards d'euros que représente le plan d'investissement France 2030, même si "les effets de la relance se font attendre". Il a indiqué également que le foncier serait l'enjeu central des cinq à six prochaines années. "Nous n'avons pas de grands fonciers."

"Une véritable famille autour du Fabriqué en Occitanie"

Autres évolutions à réaliser selon le vice-président : les progrès en matière de formalités et les formations pour faire perdurer des savoir-faire qui une fois disparus mettent longtemps à être récupérés.

La région Occitanie, très offensive sur le sujet du made in France, présentait 100 artisans et entreprises sur son stand. Elle était invitée d'honneur pour cette onzième édition. Une visite officielle a permis à Carole Delga, présidente de la région, accompagnée de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'industrie, de mettre en avant les produits et savoir-faire de son territoire. "Depuis des années, la région est engagée sur la voie du consommer local et du développement de filière de proximité, sources d’emplois non délocalisables. Aux côtés d’AD’OCC, de nombreuses actions sont menées avec les entreprises pour accélérer leur croissance et les inciter à s’installer en Occitanie. À travers le 'Fabriqué en Occitanie' c’est une véritable famille qui se retrouve aujourd’hui. Elle prouve la force d’innovation présente sur notre territoire et son dynamisme bien au-delà des métropoles", a déclaré Carole Delga.

Pour mémoire, la région n'a pas pu continuer à exploiter la marque "Sud de France" qu'elle utilisait depuis 2006 pour des produits, et notamment du vin, en provenance d'Occitanie. La décision a été confirmée en juillet 2023 par le ministère de l'Agriculture, la marque ne correspondant ni à une zone administrative ni à un groupe de localités ou une sous-région viticole. La mention peut en revanche continuer à être utilisée pour des opérations de promotion collective des produits, sous forme de stands ou d'affichage.

D'autres régions et collectivités étaient présentes et ont comme chaque année mis en valeur leurs entreprises et produits. Exemple avec la région Île-de-France, présentant 41 entreprises dont certaines arboraient la marque "Produit en Île-de-France". C'était plus d'une centaine d'entreprises pour la région Nouvelle-Aquitaine.

L'inflation a eu un impact sur l'achat de produits made in France

Mais les Français ont-ils toujours autant d'appétit pour le made in France ? D'après une étude OpinionWay, publiée le 9 novembre 2023, il semble que l'inflation limite leur engouement. Si 80% des Français achètent du made in France, et notamment des produits alimentaires (70%), des produits liés à l'hygiène et la cosmétique (33%) et des vêtements (32%), 67% déclarent que l'inflation a eu un impact sur l'achat de produits de ce type. 80% ont restreint ces achats, 63% les ont différés et 64% ont purement renoncé à ces achats. Parmi les freins à la consommation identifiés : le prix (70%), le fait que certains produits n'existent pas ou plus en made in France (43%), et les doutes sur la réalité du made in France (35%). 52% des Français estiment aussi que les produits made in France ne sont pas suffisamment mis en avant par les acteurs de la grande distribution. L'envie est pourtant toujours là : 89% des Français souhaitent consommer davantage de produits Made in France.

"Nous travaillons autour du pouvoir d'achat des Français, a indiqué Philippe Brochard, directeur général d'Auchan France durant la conférence sur les territoires et les relocalisations. Nous avons la capacité, par notre volume, à déclencher les réindustrialisations. En 2022, notre feuille de route prévoyait 5% de notre textile d'origine française. On avance aussi sur la souveraineté alimentaire industrielle ; il faut changer nos modèles."

Un projet de loi en faveur des entreprises fabriquant en France

Pour aller plus vite, certaines entreprises, à l'image du Slip Français, demandent une évolution de la législation française. Guillaume Gibault, président et fondateur du Slip Français, a ainsi lancé une pétition pour réclamer un projet de loi en faveur des entreprises fabriquant en France, représentant 3,5 millions d'emplois. "Depuis des mois, nous alertons sur le besoin de donner un vrai cap et cadre stratégique, depuis des semaines nous attendons des réponses des pouvoirs publics sur nos propositions concrètes, mais rien ne bouge", souligne Guillaume Gibault dans son appel. Objectif : atteindre 100.000 signatures avant la fin de l'année pour qu'un tel texte puisse être débattu et décidé à l'Assemblée nationale.

D'autres démarches, comme l'étiquetage des produits et leur empreinte carbone notamment, sont en cours d'étude, mais le tout n'est pas encore totalement mûr. "Nous étudions cela mais cela reste compliqué, cela prend du temps, a détaillé Philippe Brochard, cela va venir." Même constat pour le patron d'Eminence, Michel Charmasson, qui a déjà lancé un QR Code permettant de disposer d'un certain nombre de données sur les produits. "Cela prend du temps", précise-t-il.

 

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