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Logement - Mal-logement : l'Insee publie ses chiffres

Les chiffres du mal-logement font l'objet d'un débat récurrent entre l'Etat et les associations spécialisées (voir notre article ci-contre du 30 novembre 2009). En publiant les résultats d'une étude intitulée "Etre sans domicile, avoir des conditions de logement difficiles", l'Insee entend apporter à ce débat statistique la rigueur qui lui fait trop souvent défaut. Dans le numéro d'"Insee Première" consacré au sujet, l'Institut se fixe pour ambition de décrire "la situation dans les années 2000". Une formulation d'un flou surprenant, mais qui s'explique par le fait que les années de référence varient entre 2002 et 2008 selon les données étudiées.

Les trois cercles de l'absence de logement

Premier chiffre à retenir : le nombre de personnes sans domicile, en métropole, s'élève à 133.000. Ce chiffre se répartit lui-même entre 33.000 personnes "en très grande difficulté" - oscillant entre la rue et les dispositifs d'accueil d'urgence - et 100.000 personnes accueillies de façon plus durable dans un hébergement social ou dans un logement financé sur fonds publics. Les personnes sans abri constituent une population masculine, urbaine et - pour près de la moitié - francilienne. Parmi les 100.000 personnes accueillies de façon plus durable, 66.000 (dont 30% de mineurs et 40% de femmes) sont hébergées dans des établissements sociaux (CHRS, établissements d'accueil mère-enfant, centres d'accueil des demandeurs d'asile...), tandis que 34.000 vivent dans des logements ou des chambres conventionnés à l'aide au logement temporaire (ALT).
A cette première catégorie, qui constitue le noyau dur des exclus du logement, s'ajoutent 117.000 personnes : 38.000 vivant à l'hôtel et 79.000 (hors étudiants) hébergés chez des particuliers avec lesquels ils n'ont pas de lien familial. Le premier type d'hébergement est essentiellement urbain et francilien. Mais un quart de ces chambres sont occupées par plus d'une personne et l'on y trouve une proportion d'enfants presque équivalente à celle de la population générale (17% de moins de 18 ans, contre 22%). Les personnes hébergées chez des particuliers sont surtout des hommes, des Franciliens et des jeunes. Ils ne sont pas nécessairement en situation d'exclusion puisque 43% d'entre eux travaillent, mais leurs revenus ne leur permettent pas d'accéder à un logement autonome.
Pour être complet, l'Insee ajoute un troisième cercle estimé à 282.000 "enfants adultes" vivant dans un hébergement contraint. Il s'agit de personnes adultes (hors étudiants et jeunes adultes venant d'achever leurs études), souvent installées dans la vie professionnelle (on y trouve des cadres), mais contraintes de vivre chez un tiers familial faute de solution de logement autonome.

2,9 millions de mal-logés

Au-delà de l'absence de toit, la seconde composante du mal-logement concerne les personnes vivant dans des logements privés de confort ou surpeuplés. L'Insee estime leur nombre à 2,9 millions, dont 127.000 cumulent absence de confort et surpeuplement. Ce total regroupe plusieurs catégories. Il s'agit tout d'abord de 40.000 logements abritant 85.000 personnes, qualifiés d'"habitations de fortune" : constructions provisoires, mobile homes sans possibilité de mobilité... Viennent ensuite 947.000 logements (soit 3,6% des résidences principales) hébergeant 2,1 millions de personnes et qui peuvent être considérés comme "privés de confort" au sens des critères du Dalo (droit au logement opposable). Il s'agit en l'occurrence de logements situés dans des immeubles insalubres ou menaçant de tomber en ruine, ou présentant au moins deux défauts parmi les suivants : installation de chauffage insuffisante ou mauvaise isolation, infiltrations d'eau, électricité non-conforme, absence d'installation sanitaire ou de coin cuisine. Enfin, environ 183.000 logements sont considérés comme surpeuplés, puisqu'ils abritent au total 800.000 personnes, principalement dans l'agglomération parisienne.
 

 

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