Environnement - Météo France prend le pouls du changement climatique à Paris
Chaud devant ! La ville de Paris, Météo France et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) viennent de dévoiler les résultats du projet Epicea, qui est d'une dimension peu courante. L’Atelier parisien d'urbanisme (Apur) et l’Agence parisienne du climat en sont partenaires. Ce travail a pris quatre ans et fait suite à un appel à projets de la municipalité qui remonte à... 2007. L'étude aborde un terrain sensible puisqu'elle examine les impacts du changement climatique dans la capitale. En cartographiant l'effet d'îlot de chaleur urbain, les chercheurs sont parvenus à en cerner l’intensité et à simuler, quartier par quartier, les zones les plus exposées. Sans surprise, les quartiers les plus chauds sont les quartiers du centre, en raison de leur forte urbanisation. En cas de vent, un "panache" se forme, qui s’étend sur les arrondissements voisins. De façon générale, l’étude constate "une hausse significative de la température de l’air, entre 2 et 4 °C, qui varie selon le taux d’urbanisation : centre-ville, banlieue, campagne". Hivers plus doux, étés plus chauds : la tendance est donc à la diminution des "indices de froid" et à des pics de chaleur dignes de la canicule de 2003. "Actuellement rares dans la capitale", de tels pics pourraient être "courants à la fin du XXIe siècle", alertent ainsi les chercheurs.
Des aménagements rafraîchissants
C’est d’ailleurs en étudiant l'épisode caniculaire de 2003 qu’ils ont testé trois scénarios d'adaptation de l'urbanisme à ce réchauffement. Le premier, dit "scénario réfléchissant", part de l'hypothèse d'"un recouvrement des façades et des toitures par des matériaux très réfléchissants et fortement émissifs". Selon leurs projections, l’impact serait de 1 à 3 °C de moins dans le centre. Ceci dit, si techniquement cela semble réalisable, il reste de nombreuses zones d’ombre à éclairer. Le second scénario, dit "de verdissement", imagine que les "terres nues" soient recouvertes à Paris "d’herbe ou de végétation basse". Un dispositif qui n’aurait d’impact "que si la végétation est maintenue dans un état lui permettant ses activités d’évapotranspiration". Traduction : pour qu'elle ne sèche pas et puisse rafraîchir les environs, il faudra beaucoup d'eau. En outre, ce phénomène d’évapotranspiration varierait bien évidemment selon la nature du sol et des végétaux. Enfin, dernière voie explorée : humidifier les chaussées lors des épisodes caniculaires. Sachant que la ville de Paris dispose d’un sérieux atout avec son réseau d'eau non potable. C'est donc l'option la plus crédible. D'autant qu'un tel "arrosage", qui rafraîchirait également la ville par évaporation, n'a rien de nouveau : la technique est répandue en Espagne ou au Japon. A son tour, la ville de Paris y songe. Mais outre le problème de consommation d’eau, les coûts de mise en oeuvre et de maintenance de l’arrosage restent à évaluer.