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Environnement - Deux projets européens pour anticiper le changement climatique et les risques côtiers

Menés en partenariat avec les régions, les projets européens Ancorim et Imcore portant sur la gestion du trait de côte et sur l'adaptation des espaces littoraux au changement climatique viennent de prendre fin. Bilan de leurs actions.

De 2009 à avril dernier, la région Aquitaine a coordonné le projet européen Ancorim (Atlantic Network For Coastal Risks Management) concernant la gestion du trait de côte, la prévention des risques côtiers et la gestion intégrée des zones côtières dans quatre pays : Portugal, France, Irlande, Espagne. Dans ce cadre, trois thématiques ont été retenues : l'érosion du littoral, la qualité des eaux côtières en relation avec les activités maritimes et l'aménagement du territoire. Mené à l'échelle de l'arc atlantique, il visait à renforcer les capacités opérationnelles des décideurs des régions littorales pour faire face aux risques côtiers. Autres partenaires du projet : les régions Poitou-Charentes et Bretagne et l'agglomération de Lorient. "L'un des objectifs était d'améliorer les liens entre les collectivités et les scientifiques. Ainsi, chaque collectivité a travaillé avec des chercheurs : BRGM [Bureau de recherches géologiques et minières, NDLR], Ifremer, Iaat [Institut atlantique d'aménagement du territoire Poitou-Charentes, NDLR], Creaa [Centre régional d'expérimentation et d'application aquacole, NDLR], etc. Après avoir inventorié les ressources scientifiques existantes, un annuaire des acteurs a été réalisé. Parallèlement, cinq études de cas ont été menées sur des sites déterminés (Marennes-Oléron par exemple en France). Plusieurs outils sont opérationnels aujourd'hui : kit d'information sur les risques côtiers, kit pédagogique pour les écoles, publication technique sur la protection des côtes", résume Florence Bouteau, directrice du projet.

Tandems chercheurs / collectivités

Parallèlement, le projet Imcore portant sur l'adaptation des espaces littoraux de l'Europe du Nord-Ouest au changement climatique vient de s'achever, après trois ans et demi d'étude. Il comptait dix-sept partenaires répartis en Europe du Nord-Ouest - en Belgique, aux Pays-Bas, en République d'Irlande, au Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles) et en France (golfe du Morbihan). Originalité : Imcore regroupe neuf tandems qui associent à chaque fois chercheurs et collectivités territoriales. En France, les partenaires du projet étaient l'université de Brest (UMR Amure), en tant qu'organisme de recherche, et le SIAGM (syndicat intercommunal d'aménagement du golfe du Morbihan), en tant que collectivité territoriale. Le golfe du Morbihan a été retenu car il présente une diversité et une concentration d'activités économiques, de loisirs, de sites naturels et patrimoniaux remarquables. L'un des intérêts de cette démarche était d'améliorer la correspondance entre travaux scientifiques et besoins des gestionnaires locaux. "Ce travail conjoint a permis de croiser deux visions différentes. Aux connaissances des chercheurs, nous apportions celle des acteurs de terrain. Cela a permis de mobiliser plus de monde : élus, associations et professionnels", déclare Ronan Pasco, chargé de mission mer et littoral au SIAGM.

Trois scénarios

Après avoir identifié les enjeux, trois scénarios ont été définis en fonction des prévisions du Giec à l'échelle d'un siècle et d'une élévation du niveau de la mer allant de 18 cm à 2 m. Tous les partenaires ont appliqué la même méthodologie mise au point par l'université du Pays de Galles. Une enquête a également été menée auprès de 1.062 habitants. Le premier scénario prévoit le repli des activités vers des zones moins vulnérables, le second gère les événements au cas par cas en vivant avec le risque et sans les anticiper, enfin le troisième prône le recours à la technologie pour maintenir les infrastructures sur le littoral, en fermant l'entrée du golfe par des portes hydrauliques par exemple. C'est le choix de Venise, où celles-ci sont en cours d'installation. "Notre but est d'aider les élus face aux décisions à prendre concernant l'installation de nouveaux équipements. Pour aller plus loin, il serait intéressant de pouvoir tester l'outil à l'échelle d'une commune." Une réunion de restitution est prévue le 22 juin.