Métiers de la fonction publique : le gouvernement lance son opération séduction

Ce 4 mai, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a inauguré le salon de l'emploi public et lancé une campagne de communication sur les métiers de la sphère publique. Deux initiatives destinées à attirer les candidats vers la fonction publique, où 58.000 postes sont actuellement vacants.

Le salon de l'emploi public, que le ministère organisait, ce 4 mai à la Station F (13e arrondissement de Paris) était le premier du genre "depuis 2016". Les 5.000 visiteurs inscrits pouvaient se rendre sur les stands d'une cinquantaine d'employeurs publics. Du côté des collectivités locales, ils pouvaient par exemple rencontrer les représentants de la région Hauts-de-France, des départements de la Seine-Maritime et de la Mayenne, ou encore ceux des villes de Marseille et Toulouse. Avant même de songer à recruter, l'enjeu était de faire connaître la multitude des métiers exercés par les quelque 5,7 millions d'agents publics. Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) tenait en outre un stand avec la Fédération nationale des centres de gestion (FNCDG).

Le salon était "le point de départ" d'une campagne de communication nationale destinée à valoriser les métiers du secteur public. Baptisée "Choisir le service public : ces métiers qui nous font avancer", cette campagne vise en priorité les jeunes et se décline sur les réseaux sociaux, les plateformes de streaming et les salles de cinéma. Elle a valeur de "marque-employeur" pour la fonction publique dans son ensemble, précise le ministère.

De nombreuses opportunités d'emplois

Dans les hôpitaux, les administrations de l'État et les collectivités, près de 58.000 postes sont actuellement à pourvoir. Les offres d'emploi peuvent être consultées sur une plateforme unique, "choisirleservicepublic.gouv.fr". Outre les offres d'emplois, le site fournit des conseils pour réussir un entretien d'embauche, des informations ciblées (pour les personnes handicapées ou les personnes en reconversion...), ou encore permet de découvrir les témoignages de fonctionnaires sur leurs métiers.

Dans la fonction publique territoriale, les "métiers les plus recrutés" sont ceux d'animateur-jeunesse ou périscolaire, gestionnaire administratif, travailleur social, auxiliaire petite enfance, agent de restauration, policier municipal, ainsi que secrétaire de mairie, a précisé Cindy Laborie. Selon la responsable des affaires juridiques de la FNCDG, qui participait à une table-ronde du salon, les collectivités offriront dans les années à venir de nombreuses "opportunités" d'emploi. En effet, "40% des agents territoriaux partiront à la retraite à l'horizon 2030", ce qui générera "des remplacements sur tous types de métiers". En outre, les transitions – énergétique, écologique, numérique – et les nouvelles compétences exercées par les collectivités créent des besoins de recrutement chez les employeurs territoriaux, tout en favorisant l'émergence de nouveaux types de métiers.

Il reste que la fonction publique, malgré la promesse de la sécurité de l'emploi, attire moins. Les employeurs ne ménagent pourtant pas leur peine pour fidéliser les agents. La métropole européenne de Lille (MEL) a par exemple misé sur l'aménagement du temps de travail. Ses agents peuvent concentrer leur semaine de travail sur quatre jours et demi, ou sur neuf jours répartis sur deux semaines. Sur 3.000 agents, "plus de 800" se sont emparés de cette possibilité. À Suresnes, les agents ont, eux, la possibilité de bénéficier, sur leur temps de travail, de cours (chant, improvisation théâtrale…). En outre, avec l'accord de leurs collègues, ils sont autorisés à amener leur animal de compagnie au bureau.

Rémunération : "voir des augmentations dès les premières années"

Mais ces petits plus qui améliorent les conditions de travail passent au second plan, derrière la question numéro un, celle de la rémunération, comme le pointait début 2022 le rapport Laurent-Icard sur l'attractivité de la fonction publique territoriale. "Les agents sont payés au lance-pierre", n'a pas hésité à dénoncer une agente de la direction des affaires scolaires de la ville de Paris et représentante syndicale FSU, qui est intervenue lors d'une conférence, en présence de Stanislas Guerini, ministre chargé de la fonction publique, et Dominique Faure, ministre déléguée aux collectivités territoriales. "Derrière les casseroles" – allusion au mouvement de protestation lié à la réforme des retraites – il y a "des gens qui n'arrivent pas remplir leur frigo", a-t-elle lancé.

Le matin même, Stanislas Guerini, invité de France 2, n'avait pas nié le problème. "Cette question-là, je la mets sur la table", a-t-il dit. Ajoutant qu'il y avait "une priorité peut-être", celle "de mieux protéger les bas salaires, les classes moyennes d'une certaine façon dans la fonction publique". Le ministre veut aussi travailler "à la question des évolutions de carrière", pour "faire en sorte que quand on entre dans la fonction publique dès ses premières années, on puisse voir des augmentations de son salaire". L'hôte de la rue de Grenelle a déclaré vouloir rencontrer sans tarder les syndicats de la fonction publique. "On doit pouvoir se mettre autour de la table dès les prochains jours. Je n'attendrai pas l'été, je crois que c'est plutôt une question de jours et de semaines plutôt que de quelques mois", a-t-il déclaré.

Stanislas Guerini a aussi fait preuve d'optimisme. "Il n'y a jamais eu autant de candidats à l'INSP [Institut national du service public] depuis la création de l'ENA", a-t-il révélé, disant y voir "les signaux d'un attrait pour la fonction publique". "Beaucoup de gens - des jeunes et des moins jeunes - se posent la question du sens, ont envie d'un métier qui ait du sens et il n'y a pas de plus belle manière de servir l'intérêt général (...) que de travailler dans la fonction publique", a-t-il conclu.