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Moins de jumelages, plus de partenariats et de développement durable… l'action des grandes ville à l'international évolue

4.700 collectivités territoriales sont aujourd'hui engagées dans une action à l'international et 10.440 partenariats sont en cours. D'après l'étude de France urbaine et l'Institut national des études territoriales (Inet), publiée le 15 juin 2021, les collectivités ont tendance à réduire les jumelages, forme historique de leur coopération internationale, pour des partenariats plus équilibrés et plus souples. Elles souhaitent aussi mettre l'accent sur le développement durable. L'étude formule dix préconisations pour aider les collectivités à renforcer leur action au regard des enjeux actuels.

Comment les grandes villes et les grandes intercommunalités françaises vont-elles se positionner à l'international durant le mandat 2020-2026 ? C'est à cette question que se sont attelés France urbaine et l'Institut national des études territoriales (Inet), dans une étude publiée le 15 juin 2021. À l'heure actuelle, 4.700 collectivités territoriales sont engagées dans une action à l'international et 8.150 collectivités étrangères en sont les partenaires. 10.440 partenariats sont en cours et le montant de la contribution annuelle des collectivités à l'aide publique au développement (APD) national s'élève à plus de 100 millions d'euros. Pour rappel, le gouvernement a décidé de porter à 0,55% du revenu national brut (RNB) l'aide publique au développement d'ici à 2022. Le projet de loi de programmation relatif "au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales" qui porte cet objectif a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 2 mars et par le Sénat le 17 mai.

"Ce fort dynamisme de l'action internationale des collectivités découle à plus de 80% des communes, et notamment des plus grandes villes, en nombre de projets menés", précise l'enquête, conduite auprès des membres de France urbaine. Sous 200.000 habitants, ce sont plutôt les villes qui portent cette action, au-delà, les intercommunalités s'en chargent davantage. Le budget moyen s'établit entre 100.000 et un million d'euros. Il est stable, voire en augmentation. Plusieurs grandes villes et métropoles, comme Lyon et Lille, y consacrent même plus d'un million d'euros chaque année. L'action sollicite en moyenne six personnes, l'éventail allant de zéro à 30 personnes mais aucun modèle d'organisation ne se dégage. Le développement durable est le domaine dans lequel les collectivités agissent le plus (79%). L'éducation et la jeunesse arrivent en deuxième (69%), devant le développement économique (59%), le sport et la culture (59%). L'étude note la place significative de la citoyenneté, plébiscitée par 54% des collectivités.

Moins de jumelages et plus de partenariats équilibrés

L'étude constate aussi une évolution des actions à l'international des collectivités dans leur typologie. Premièrement, elles ont tendance à réduire les jumelages, forme historique de l'action internationale des villes jugées "trop statiques, protocolaires et peu efficaces" et ne correspondant plus à la vision actuelle de la coopération internationale, au profit de partenariats équilibrés. "Les projets sont ainsi plus concrets, avec des objectifs d'attractivité ou encore de développement économique assumés et portés par les métropoles, précise la note, les partenariats deviennent également plus souples, sans toujours nécessiter de contractualisation". Des partenariats qui ont permis aux villes d'être particulièrement réactives lors de la crise sanitaire notamment. Exemple avec Rennes, qui recherche des partenariats Nord-Sud basés sur une forme de réciprocité, ou Toulouse qui vise un équilibre encore plus grand en nouant des accords sur trois ans, au terme desquels une évaluation de l'action est rendue obligatoire.

Deuxièmement, les collectivités souhaitent mettre l'accent sur leurs engagements écologiques, égalitaires ou solidaires. "Les enjeux évoqués concernent à la fois de grandes thématiques liées aux enjeux mondiaux actuels et des actions transversales qui peuvent être menées par les villes", signale le document, parmi lesquels les enjeux climatiques et migratoires, mais aussi de citoyenneté, de jeunesse ou encore d'innovation, de droits humains, d'égalité de genre. Tours mène ainsi des actions sur la transition écologique et l'égalité de genre, Paris une action diplomatique féministe et en faveur de la défense des droits humains, et Montpellier des développements partenariaux sur les sujets LGBT.

Face à la crise sanitaire Covid-19 et aux interrogations sur la mondialisation, le développement durable, déjà thème numéro un de leurs actions à l'international, est aussi considéré comme un enjeu à part entière. Il se traduit notamment par le recours aux dispositifs "1% assainissement ou déchets" ou par des politiques volontaristes en matière d'accès à l'eau.

Des actions de coopération décentralisée à plusieurs collectivités

France urbaine émet dix préconisations à destination des grandes villes et intercommunalités, pour les aider à "renforcer" leur action européenne internationale au regard des enjeux actuels : course à l'attractivité à l'échelle mondiale, conséquences planétaires du Covid, renouvellement des équipes municipales et intercommunales... L'association propose ainsi de mettre en place un diagnostic territorial, pour pallier le manque de méthodes et identifier les indicateurs de l'internationalisation d'un territoire (étudiants étrangers, diasporas, …) et de développer une dimension internationale dans chaque politique publique locale. Elle préconise d'inclure les citoyens à leurs actions et de communiquer davantage auprès des habitants sur ces sujets et leur conseille de former et sensibiliser les élus, équipes, agents. En termes de moyens, elle suggère, elle suggère d'identifier des lignes budgétaires spécifiques pour l'action internationale, "notamment en lien avec les dispositifs 1% eau et assainissement voire à l’avenir sur des actions en lien avec les transports et la mobilité". L'association estime par ailleurs judicieux de développer des actions de coopération décentralisée à plusieurs collectivités françaises pour mutualiser les moyens et renforcer l'ampleur des projets. "À cette fin, il peut être souhaitable de créer des instances avec les acteurs du territoire ayant un intérêt commun à l'action internationale (université, hôpital, collectivités, etc.)", insiste l'étude.