Dépendance - Nicolas Sarkozy annonce 1,6 milliard d'euros pour le plan Alzheimer 2008-2012

A l'occasion d'un déplacement ce 1er février à Nice et Sophia-Antipolis, Nicolas Sarkozy a présenté le contenu du plan Alzheimer 2008-2012, qui doit constituer l'un des grands chantiers de son quinquennat.
Les mesures annoncées s'inspirent très largement des propositions du rapport du professeur Ménard, remis au chef de l'Etat en novembre dernier. L'incertitude portait surtout sur le montant de l'enveloppe consacrée au financement des mesures. Le travail de chiffrage des propositions et les arbitrages budgétaires sont d'ailleurs à l'origine du retard dans l'annonce du plan, qui aurait dû intervenir au début du mois de janvier. Ce report se révèle toutefois plutôt bénéfique. Alors que l'on évoquait plutôt une enveloppe de l'ordre de 850 millions d'euros sur cinq ans, l'effort budgétaire annoncé par le président de la République sera finalement de 1,6 milliard d'euros sur la période, dont 300 millions engagés dès 2008. Sur ce total, 1,4 milliard d'euros seront financés par les économies réalisées par l'assurance maladie grâce à l'instauration des franchises médicales, tandis que 200 millions seront financés sur le budget de l'Etat.
L'autre surprise dans les annonces présidentielles vient de la désignation d'un coordonnateur qui sera chargé de "piloter la mise en oeuvre interministérielle du plan sur l'ensemble des volets recherche-santé-solidarité". Le choix s'est porté sur Florence Lustman, inspectrice générale des finances, qui était jusqu'au printemps dernier secrétaire générale de la commission de contrôle des assurances. Ce choix, sans rapport avec le secteur sanitaire et social, peut sembler curieux, mais la lettre de mission adressée à l'intéressée par le chef de l'Etat prévoit notamment qu'elle doit "participer systématiquement aux arbitrages budgétaires relatifs au plan Alzheimer".

 

Un ensemble de 44 mesures

Sur le fond, le plan Alzheimer 2008-2012, qui fera l'objet d'une évaluation tous les six mois, reprend l'essentiel des préconisations du rapport Ménard à travers un ensemble de 44 mesures, dont 10 "mesures phares". La recherche bénéficiera ainsi d'une enveloppe de 200 millions d'euros sur cinq ans, qui sera gérée au sein d'une fondation de coopération scientifique (nouveau type de groupement créé par la loi de programme du 18 avril 2006 pour la recherche). L'accueil et l'orientation des malades et des familles seront assurés par de nouvelles structures : les "maisons pour l'autonomie et l'intégration des malades", qui correspondent aux guichets uniques d'accueil préconisé par le rapport Ménard. Ces structures devraient sans doute être rattachées aux départements. Accueil et orientation seront facilités par la mise en place d'un dispositif d'annonce de la maladie et l'élaboration d'un référentiel permettant de mieux informer le malade et sa famille sur les possibilités d'accompagnement médico-social.
Le plan met aussi un fort accent sur le maintien à domicile - 40% des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à un stade évolué vivent à domicile - et sur le soutien des aidants naturels (la famille et l'entourage proche). Est notamment prévue la création en cinq ans de 11.000 places d'accueil de jour ou équivalent et de 5.600 places d'hébergement temporaire (dont respectivement 2.125 et 1.125 places dès 2008). La mise sur pied de 500 équipes spécialisées - regroupant assistantes en gérontologie, psychomotriciens ou ergothérapeutes - permettra d'ouvrir 5.000 places supplémentaires de services à domicile. Enfin, les prises en charge à domicile bénéficieront également de la désignation de "coordonnateurs", chargés d'assurer, au niveau local, la liaison entre les différents professionnels et institutions intervenant auprès du malade.
Les établissements pour personnes âgées devraient, pour leur part, bénéficier d'un renforcement de leur moyens en personnel pour encadrer 30.000 places (dont 12.000 places supplémentaires) consacrées à l'accueil des personnes atteintes par la maladie.
Parmi les autres mesures citées par le chef de l'Etat figurent en particulier l'élaboration d'un plan de développement des métiers et des compétences spécifiques pour la maladie d'Alzheimer, le lancement d'une réflexion sur le statut juridique de la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer en établissement, la mise en place d'un numéro d'appel unique et la création d'un site internet d'information et d'orientation, ainsi que l'organisation, à l'automne 2008, d'une conférence européenne sur la maladie d'Alzheimer dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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