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Perte d'autonomie : pour l'Insee, il faut créer 20% de places supplémentaires d'ici à 2030 et 50% à l'horizon 2050

Ces chiffres proviennent d'une étude sur les projections en matière de perte d'autonomie intitulée "Quatre millions de seniors seraient en perte d’autonomie en 2050", avec de sensibles variations selon les territoires.

L'Insee publie les résultats d'une étude sur les projections en matière de perte d'autonomie. Son titre - "Quatre millions de seniors seraient en perte d’autonomie en 2050" - donne le ton général de la publication. En 2015 en France (hors Mayotte), 2,5 millions de seniors étaient en perte d’autonomie, soit 15,3% des personnes de 60 ans ou plus. Parmi eux, 700.000 peuvent être considérés en perte d’autonomie sévère. Fortement croissante avec l'âge, celle-ci touche 30,2% des personnes de 75 ans, contre 6,6% de celles âgées de 60 à 74 ans. Reflétant les situations démographiques, elle varie aussi selon les territoires. Le Massif central affiche ainsi les taux les plus élevés (20,9% des seniors dans la Creuse), suivi par les Hauts-de-France et les DOM (20,6% en Guadeloupe). À l'inverse, les taux les plus faibles s'observent en Île-de-France (11,6% à Paris) et dans l'Ouest (13,2% dans le Morbihan).

À partir de cette situation de départ, l'Insee estime que "si les tendances démographiques récentes et l’amélioration de l’état de santé se poursuivaient, la France hors Mayotte compterait 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, soit 16,4% des personnes âgées de 60 ans ou plus (contre 15,3% en 2015)". En outre, "les personnes en perte d’autonomie sévère représenteraient alors 4,3% de la population des seniors (contre 3,7% en 2015)".

L'Insee donne également une illustration originale à travers l'intensité de la perte d'autonomie. Ainsi, en France hors Mayotte, "une augmentation de 100 seniors entre 2015 et 2050 impliquerait une hausse de 18 seniors en perte d’autonomie sur la même période". Dans les DOM, cette intensité devrait être plus forte, avec une augmentation de 28 seniors en perte d’autonomie. Autre évolution significative : l'âge moyen des seniors devrait passer de 72,1 ans en 2015 à 75,1 ans en 2050.

Cette évolution d'ensemble devrait toutefois se faire en deux phases, qui ne seront pas sans conséquence pour les départements. Dans un premier temps, une légère diminution du pourcentage de seniors en perte d’autonomie entre 2015 et 2027 (de 15,3% à 14,8%), qui s'explique par l'arrivée de la génération du "baby-boom" aux âges seniors (ce qui rajeunit cette population). Dans un second temps, à partir de 2027, ce taux augmenterait de 14,8% à 16,4% en 2050, du fait de l'avancée en âge des "baby-boomers".

Les plus fortes progressions de la prévalence de la perte d'autonomie devraient s'observer dans le sud de la France et dans les DOM, tandis qu'un département comme les Hauts-de-Seine verrait son taux inchangé (passant de 13,9% à 14,0% sur la période). Conséquence de cette poussée de la perte d'autonomie : le nombre de seniors hébergés de façon permanente en établissement (600.000 aujourd'hui) devrait atteindre 700.000 en 2030 (+20%) et 900.000 en 2045 (+50%).

Seul bémol de cette étude très éclairante : ses chiffres ne coïncident pas vraiment avec ceux du rapport de Dominique Libault (voir notre article ci-dessous du 28 mars 2019), qui s'appuie sur les travaux de la Drees. Dans son scénario médian, le rapport table en effet sur "seulement" 2,23 millions de personnes âgées à l'horizon 2050 (au sens de bénéficiaires de l'APA, donc classées en GIR 1 à 4 avec une définition plus stricte de la perte d'autonomie).

 

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