Tourisme - Petites villes et intercommunalités : deux visions du développement touristique
Presque simultanément, l'Association des communautés de France (ADCF) et l'Association des petites villes de France (APVF) ont tenu des réunions de travail sur les enjeux du tourisme. L'ADCF a ainsi organisé, depuis le début de l'été, un cycle de six rencontres régionales avec les communautés et métropoles des régions Occitanie, Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Bretagne et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ces rencontres ont rassemblé plus de 500 élus et cadres intercommunaux. Pour sa part, l'APVF a organisé, le 25 septembre, un atelier de travail consacré au tourisme et à l'attractivité dans les petites villes.
"Décrypter les parcours d'un touriste"
Si les approches présentent des différences, les deux niveaux de collectivités s'accordent en revanche sur les enjeux liés au tourisme et sur son importance dans l'économie et le développement des territoires. Pour autant, l'ADCF estime que "le tourisme a longtemps été un parent pauvre des stratégies économiques nationales ou locales". Pendant longtemps également, "notre autosatisfaction nationale sur la pole position de la France en matière d'accueil de touristes a prévalu, sans que l'on se pose les bonnes questions". La situation a commencé à changer avec la prise en compte d'autres indicateurs comme la valeur ajoutée ou la recette par touriste, mais aussi avec la prise de conscience que l'économie touristique - aujourd'hui 7% du PIB - "pourrait peser davantage et tirer notre croissance".
Aujourd'hui, l'ADCF entend donc jouer pleinement son rôle, alors que "la France se dote d'une stratégie touristique plus solide". Les rencontres organisées par l'association ont ainsi fait ressortir la nécessité de partir des nouvelles attentes et des nouveaux usages des touristes, même si elles bousculent les habitudes. Pour développer une politique touristique, il est donc indispensable de "décrypter les parcours d'un touriste", en répondant à un certain nombre de questions récurrentes : raisons du séjour, moyens de retenir le touriste, types de parcours à proposer... En d'autres termes : comment sortir du tourisme de transit, qui est l'une des caractéristiques majeures de la France en ce domaine.
Associer davantage les socioprofessionnels
Les réponses à cette question ont mis en évidence un consensus sur "la nécessité d'associer les socioprofessionnels à toutes les étapes de la construction d'une stratégie de destination touristique". D'où l'importance du cahier des charges en vue des classements de l'office de tourisme, avec en particulier la nécessité d'anticiper les conséquences financières d'une extension des contraintes de classement à l'ensemble des bureaux d'information touristique de la communauté.
Les rencontres ont également permis de dégager un certain nombre d'axes de travail, à commencer par la question de la taxe de séjour et des difficultés qu'elle rencontre. L'ADCF s'est donc engagée à prendre contact avec les plateformes de type Airbnb, "afin d'organiser des discussions en vue de partenariats plus constructifs".
En définitive, pour Loïc Cauret, président délégué de l'ADCF et président de Lamballe entre Terre & Mer, le tourisme est un "aménagement du territoire. La mise en tourisme des territoires est bien évidemment un Meccano pour lequel il est essentiel de mettre en place des outils, mais c'est également une vision stratégique et politique de ce territoire".
Des tendances favorables au tourisme dans les petites villes
Pour sa part, le groupe de travail de l'APVF s'est d'abord attaché à dresser une typologie du tourisme dans les petites villes, le tourisme étant "une économie des usages déterminée avant tout par le visiteur". D'où l'importance pour les petites villes - sur qui repose en grand partie l'offre touristique dans les territoires - d'anticiper le tourisme de demain. Certaines tendances actuelles favorisent d'ailleurs le tourisme dans les petites villes : mouvement "slow", intérêt pour les produits locaux, recherche d'expériences authentiques, goût d'entrer en contact avec la population locale, désir de rencontrer les producteurs...
La loi Notr ayant conservé au tourisme son caractère de compétence partagée, sans désignation d'un chef de file, la question se pose donc d'un choix, pour les territoires, entre coopération ou compétition. Si les intercommunalités sont désormais chargées de la promotion, de la communication, de l'animation des réseaux socioprofessionnels, ainsi que de la création et de l'entretien des zones d'activités touristiques (ZAT), "tout le reste" de la compétence peut être exercé pleinement par les communes. Ceci inclut notamment l'élaboration et la coordination des stratégies touristiques, les aménagements touristiques, la gestion des équipements hors ZAT, l'animation, l'accompagnement des entreprises et des territoires touristiques...
La coopération plutôt que la compétition
Sans trancher véritablement, les petites villes penchent plutôt vers la coopération, en y intégrant aussi les départements et, comme pour l'AdCF, les professionnels du secteurs, "qui sont les plus à mêmes d'anticiper de nouvelles tendances et sont les mieux placés pour identifier les risques liés aux politiques touristiques envisagées par les collectivités".
Le groupe de travail de l'APVF s'est également penché sur la question des leviers mobilisables, ce qui a inévitablement ramené à la question de la taxe de séjour. Autre levier intéressant, au-delà des équipements : les opérations mutualisées, par exemple au niveau régional, qui permettent "de réduire les coûts et de communiquer de manière cohérente sur l'offre touristique". En revanche, le groupe a insisté sur les risques engendrés par "l'utilisation excessive de labels touristiques", dont la multiplication peut entraîner un manque de lisibilité auprès du public.