Phase V des pôles de compétitivité : la "saison de vérité"
55 pôles de compétitivité sont labellisés pour la cinquième phase du dispositif qui démarre en 2023. C'est ce qu'a annoncé le 27 mars 2023 Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, lors de l'assemblée générale de l'Association française des pôles de compétitivité (AFCE). Pour Régions de France, c'est "la saison de vérité", les pôles devant faire la preuve de la pertinence de leur modèle et de leur efficacité.
Rare exemple de longévité des politiques publiques : cinquante-cinq pôles de compétitivité ont été labellisés pour la phase V (2023-2026) de cette politique lancée en 2004. Soit un de plus que durant la phase IV. C'est ce qu'a annoncé Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, le 27 mars 2023, lors de l'assemblée générale de l'Association française des pôles de compétitivité (AFPC), en présence d'Harold Huwart, maire de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) et conseiller régional du Centre-Val de Loire, représentant de Régions de France. Sur le total, 53 sont reconduits mais pour des durées variables. Quarante-sept sont labellisés pour quatre ans. Quatre autres sont labellisés pour une durée de deux ans, prolongeable à quatre ans et deux pôles (Derbi, Materalia) le sont pour un an prolongeable à quatre ans, s'ils présentent une feuille de route et un modèle d'affaires consolidés. Enfin, deux nouveaux pôles (ENTER, dédié à l'innovation numérique durable, implanté en Nouvelle-Aquitaine, et Infr@2050, consacré aux infrastructures de transports, implanté en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes) sont labellisés pour une durée de deux ans, prolongeable à quatre ans sous la condition d'une structure effective. "Enfin on y est, cela faisait trois mois qu'on attendait la labellisation, cela permet de maintenir la politique avec une régionalisation confirmée et renforcée", se réjouit-on à Régions de France.
Une régionalisation jusque-là théorique
Le dispositif avait été régionalisé en 2019, une décision cohérente avec l'entrée en application de la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (Notr) du 7 août 2015, marquant la reconnaissance de la compétence économique des régions. Mais cette régionalisation, correspondant à la phase IV, était jusque-là "assez théorique, l'Etat continuant à gérer les crédits ; ce qui change aujourd'hui c'est que l'Etat nous délègue les crédits", explique Régions de France : "l'association et Bercy continuent en revanche ensemble à structurer la gouvernance des pôles et dans cet esprit nous allons créer un comité de pilotage national copiloté par l'Etat et les régions pour réaliser un bilan de la politique des pôles".
Les régions deviennent donc de manière concrète l'interlocuteur principal des pôles et assurent le suivi de leurs actions. L'Etat reste quant à lui garant de la délivrance et de la qualité du label, et continue à s'appuyer sur eux dans le cadre des politiques nationales d'innovation et de filières industrielles, comme le déploiement du plan France 2030.
Au fil des années, l'Etat s'est progressivement désengagé du dispositif, notamment en matière financière. Son investissement, à travers l'ancien Fonds unique interministériel (FUI), remplacé par la version régionale (le PSPC-Projets structurants pour la compétitivité Régions), est passé de 200 millions d'euros en 2015 à 50 millions en 2019. L'enveloppe que l'Etat consacre au fonctionnement des associations qui gèrent les pôles est quant à elle passée de 18 millions d'euros à 9 millions d'euros en 2022. Pour cette nouvelle phase, cette enveloppe va rester à hauteur de 9 millions d'euros par an.
Une échelle basse côté budget de l'Etat
"On est sur une échelle basse, estime Régions de France, ce n'était pas gagné, et les régions avaient signalé qu'elles ne compenseraient pas ; le risque en termes d'emplois était fort". Au-delà des financements de l'Etat et des régions, les pôles peuvent obtenir des lignes de financement jusqu'à 50% de leur budget total.
Les objectifs des pôles ont aussi évolué au fil des différentes phases, passant de la création de synergies en matière de recherche et développement (phases 1 et 2) à la recherche de débouchés économiques et d'emplois (phase 3) puis à une phase conservant ces orientations mais également tournée vers la dimension européenne. Pour mieux comprendre les attentes des industriels, Régions de France avait lancé une consultation publique début 2022 (voir notre article du 21 janvier 2022). "Cette phase V va être un peu la saison de vérité pour les pôles de compétitivité, souligne l'association, le boulet est passé très près à savoir si on poursuivait le dispositif, mais les pôles ont besoin de faire la démonstration qu'ils s'intègrent bien dans les écosystèmes régionaux. Il faut que les choses évoluent, car le modèle historique, les machines à produire des projets collaboratifs, ne suffit plus, il faut qu'ils accompagnent mieux les entreprises dans leur transformation, en matière de digitalisation, de décarbonation…"
"Ils vont devoir montrer que leur modèle est pertinent"
Cette nouvelle phase, dont l'appel à candidatures a été lancé début août 2022, repose ainsi sur des pôles capables de faire émerger des écosystèmes plus forts, mieux interconnectés et en capacité de répondre aux défis tant nationaux que régionaux, grâce à des rapprochements. Ils doivent aussi être capables de renforcer leur développement au niveau européen et de soutenir les PME et startups françaises dans leurs transformations et leur développement, en cohérence avec le déploiement de France 2030 et les priorités régionales. "Il va falloir montrer la spécificité des pôles de compétitivité, par rapport aux clusters, aux agences de développement, aux Institut Carnot… Ils vont devoir montrer que leur modèle est pertinent et que le dispositif a de l'avenir", insiste Régions de France.
Les 55 pôles labellisés mobilisent près de 18.500 entreprises de toutes tailles, dont 60% de TPE et PME, et 2.000 acteurs publics (universités, laboratoires de recherche, acteurs de la formation…). 12.000 projets d'innovation ont été accompagnés depuis 2005. Les secteurs couverts sont très larges : de l'agroalimentaire à la santé, en passant par l'énergie, le ferroviaire, la construction ou le numérique.
- 47 pôles de compétitivité sont labellisés pour une durée de quatre ans : Aerospace Valley, Agri SOI, ALPHA-RLH, Aquimer, Atlanpole Biothérapies, Axelera, Bioeconomy for change, BioValley France, Cap Digital, Capénergies, CARA, CIMES, Clubster NSL, Cosmetic Valley, EMC2, Eurobiomed, Finance Innovation, Hippolia, iD4CAR, Images & Réseaux, Innov’Alliance, i-Trans, LyonBiopôle, Medicen, Minalogic, Nextmove, Nuclear Valley, Optitec, PMT, Pôle Avenia, Pôle européen de la céramique, Pôle Mer Bretagne Atlantique, Pôle Mer Méditerranée, Pôle Véhicule du Futur, Polymeris, Qualitropic, S2E2, SAFE, SCS, Systematic, Techtera, Tenerrdis, TES, Valorial, Végépolys Valley, Vitagora, Xylofutur. - 4 pôles sont labellisés pour une durée de deux ans, prolongeable à quatre ans sous certaines conditions (présentation d’une feuille de route et d’un modèle d’affaires consolidés) : ASTech, EuraMaterials, Fibres-Energivie, Team². - 2 pôles sont labellisés pour une durée d’un an, prolongeable à quatre ans sous certaines conditions (présentation d’une feuille de route et d’un modèle d’affaires consolidés) : Derbi, Materalia. - 2 nouveaux projets de pôles de compétitivité sont labellisés pour une durée de deux ans, prolongeable à quatre ans sous la condition d’une structuration effective : ENTER et Infr@2050. |