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AMGVF - Plaidoyer des grandes villes pour "le fait urbain"

L'Association des maires de grandes villes formule, sous forme de "manifeste", douze propositions. Autant d'enjeux jugés essentiels à une meilleure prise en compte de la question urbaine dans les politiques publiques.

"Le fait urbain est beaucoup trop absent des grands débats nationaux." Face à ce constat - et malgré l'approche des municipales ? - l'Association des maires de grandes villes (AMGVF), par la voix de son nouveau président, Michel Destot, a jugé utile de résumer en douze grandes propositions les enjeux qu'elle estime prioritaires pour le développement "durable et solidaire" des grandes villes et agglomérations. Des propositions qui ont pris la forme d'un "manifeste". Présenté ce 15 janvier à la presse, celui-ci sera notamment transmis au gouvernement dans les jours qui viennent.
Les têtes de chapitre sont claires : mobilité durable, développement urbain, habitat, pôles de compétitivité, emploi, culture, santé, réseaux de villes, Europe, finances, intercommunalité, banlieues. La position de Michel Destot aussi : les défis de long terme posés à notre société (vieillissement de la population, allongement des déplacements quotidiens, réchauffement climatique, mondialisation...) et la "nécessité de concilier les impératifs des sommets de Lisbonne et de Göteborg" (compétitivité et développement durable) passent forcément par une meilleure prise en compte du monde urbain dans les politiques publiques. Or, rappelle-t-il volontiers, les précédentes vagues de décentralisation se sont essentiellement faites "au profit des régions, des départements"... avec "rien sur les villes".

 

"Autorités organisatrices de la mobilité durable"

Pour reprendre quelques-unes des thématiques chères au député-maire de Grenoble et président du Gart, du côté des transports, on retiendra notamment de voeu de l'AMGVF de voir les actuelles autorités organisatrices de transport, jugées trop nombreuses, être transformées en "autorités organisatrices de la mobilité durable" qui disposeraient de toutes les compétences permettant la mise en oeuvre des plans de déplacements urbains et agiraient à une échelle territoriale plus large qu'aujourd'hui (a priori la région).
Michel Destot, qui a présidé l'un des comités de pilotage du Grenelle de l'environnement, se réjouit que ce Grenelle ait au moins permis d'acter un certain nombre de besoins et de mesures liées au financement des projets de transports en commun en site propre. Il reste toutefois vigilant sur la mise en oeuvre effective de ces mesures... et souhaiterait que l'on imagine de nouvelles solutions pérennes de financement s'appuyant notamment sur des emprunts de très longue durée et sur une nette distinction entre infrastructures et exploitation.

 

La loi Dalo, contre-productive ?

Autre gros dossier, naturellement : l'habitat. Sur ce front-là, la ligne de l'AMGVF est connue : il faut "étendre la responsabilité des intercommunalités urbaines délégataires des aides à la pierre". Une extension qui porterait ni plus ni moins sur les aides à l'accession sociale, le renouvellement urbain (Anru), la politique de la ville et l'urbanisme.
Les attentes des élus des grandes villes et agglomérations en matière d'habitat sont d'autant plus aiguës que la mise en oeuvre du droit au logement opposable (Dalo) suscite "une inquiétude immense". Entre autres, a expliqué mardi Michel Destot, parce que les préfets chargés d'appliquer le Dalo "vont aller dans les communes où il y a des logements vacants"... à savoir le plus souvent des communes qui concentrent déjà des populations en difficulté et où cette vacance répond en partie à la volonté de la collectivité d'alléger cette concentration. L'effet risque donc d'être contre-productif en termes de mixité sociale. Parlant de "loi d'émotion conjoncturelle", Michel Destot estime que la réponse aurait plutôt dû être cherchée du côté de l'application des 20% de logements sociaux (loi SRU).

 

Banlieues : oui à un "plan massif"

Demandant, parallèlement, que l'on fasse des quartiers en difficulté "une cause nationale", Michel Destot s'est dit pleinement favorable - propos gouvernementaux contradictoires obligent... - à un "plan massif" en faveur des banlieues : "Oui, il faut plus de moyens pour les quartiers relégués. Il faut rééquilibrer les choses. C'est une question de cohésion sociale, mais aussi d'attractivité pour nos villes." Jusqu'à faire basculer certains crédits dont bénéficient les villes-centres, comme le souhaite par exemple l'association Ville et Banlieue ? Là, Michel Destot nuance fortement les choses, rappelant que les grandes villes "ont des politiques lourdes à mener" du fait, entre autres, de leurs fonctions de centralité et des populations précarisées qu'elles abritent elles aussi.
Enfin, le manifeste d'une association dont les membres se répartissent à part égales entre villes et agglomérations ne pouvait éluder la question de l'intercommunalité et de sa représentation. Si, "à terme", c'est bien l'élection des délégués communautaires au suffrage universel direct qui doit être étudiée, l'AMGVF demande pour l'heure a minima que soit mis en place un système de fléchage des candidats aux municipales également candidats à un siège au conseil communautaire.
Et au fait, les municipales ? A trois mois du scrutin, à quels enjeux les habitants des grandes villes semblent-ils les plus sensibles ? Pour Michel Destot, pas d'hésitation : les trois grands sujets du moment sont "la sécurité, l'habitat et l'emploi".

 

Claire Mallet

 

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