Archives

Politiques culturelles - Le spectacle vivant réclame à son tour un "Grenelle de la culture"

Après la très récente polémique sur la réduction annoncée des crédits du ministère de la Culture consacrés aux opéras en région, la Fédération nationale des employeurs du spectacle vivant public et privé (FEPS) réclame un "Grenelle de la culture". Créée en 2004 en fédérant - sans les absorber - plusieurs organisations professionnelles, la FEPS souhaitait alors faire entendre sa voix sur la question du statut des intermittents. Elle veut aujourd'hui exprimer les inquiétudes - voire "l'exaspération" - qui se font jour face au projet de budget pour 2008. A l'occasion d'un rassemblement unitaire à Paris, le 19 novembre, le président de la FEPS a souligné que "c'est la première fois depuis qu'existe le ministère de la Culture que tous les employeurs du spectacle vivant sont réunis pour faire part de leur angoisse face au projet de budget, qui est inadéquat et sans vraie structuration". La douzaine d'associations concernées ont adressé "en urgence" un courrier au chef de l'Etat pour lui demander "de décider l'organisation d'un 'Grenelle de la culture' avant juin 2008" et de débloquer immédiatement la réserve de précaution de 6% (appliquée par tous les ministères). Ce nouveau "Grenelle" réunirait les ministères concernés, les représentants des collectivités territoriales et les organisations professionnelles, en vue de "répondre aux questions récurrentes posées à nos professions depuis plusieurs années".
Si la revendication n'a rien de très nouveau - les mêmes organisations avaient déjà adressé en 2006 une pétition au Premier ministre pour réclamer un effort budgétaire -, elle intervient en revanche dans un climat tendu, tout particulièrement dans le domaine du spectacle vivant. Plusieurs incidents ont en effet émaillé ces derniers mois, comme les remontrances publiques de la ministre de la Culture envers un directeur de centre dramatique qui avait tenu des propos très hostiles au chef de l'Etat dans le programme de son institution. Les directeurs de scènes publiques ont également fort peu apprécié, dans la lettre de mission adressée par Nicolas Sarkozy à Christine Albanel, la demande d'une évaluation des institutions sur la base de leurs résultats, notamment en termes de diversification des publics. Enfin, l'effort consenti par le budget 2008 en faveur de certaines institutions parisiennes, comme l'Opéra-Comique, renforce les tensions avec les salles de province.
Les représentants du spectacle vivant pourraient recevoir un soutien inattendu de la part de l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF). A l'occasion de son colloque "Les métropoles françaises au tournant des politiques culturelles", organisé le 16 octobre à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, l'association a en effet adopté un "Manifeste pour la culture", qui demande notamment de fixer les crédits de la culture à 1% du PIB (et non pas du budget) et de développer un partenariat entre l'Etat et les collectivités fondé "sur une confiance étroite dans une logique de projet et de territoire". A l'occasion du colloque, Michel Destot - le député-maire de Grenoble et tout nouveau président de l'AMGVF -, s'était d'ailleurs lui aussi prononcé en faveur de l'organisation d'un "Grenelle de la culture".

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis