Pourquoi faire appel aux EdTech pour la rentrée scolaire ?

Afin d’accélérer les projets EdTech, la Banque des Territoires a sélectionné 10 start-up dans son programme "Passerelles". L'un des enjeux pour elles étant désormais de se faire connaître des collectivités. Illustration avec la cofondatrice de Gazouyi pro, une application dédiée à la petite enfance.

Novelclass, Gazouyi et Gazouyi pro, Jexplore, Zamizen, Cantoo, Ma Petite Planète, Bookinou, Vittascience, Maïa. Voici la liste des dix projets EdTech - ces technologies de l'éducation qui désignent l'ensemble des nouvelles technologies permettant de faciliter l’enseignement et l'apprentissage - sélectionnés pour être "accélérés" dans le cadre du programme "Passerelles" opéré par la Banque des Territoires. L'objectif est "d'accompagner, conseiller et orienter" les start-up du secteur qui ont déjà conçu et testé une solution, "dans le but d’en favoriser et d’en accélérer le déploiement à plus grande échelle dans les territoires", explique La Banque des Territoires. Ces start-up entrent donc dans le programme "Passerelles" qui "allie l'expertise de la Banque des Territoires en tant qu’investisseur dans la EdTech et le savoir-faire du pôle entrepreneurs de l'organisation internationale Makesense", qui promeut l’entrepreneuriat social et l’engagement citoyen en accompagnant plus de 8.000 start-up depuis dix ans.

Les EdTech pour améliorer le quotidien scolaire

Cet "accélérateur", financé par la Banque des Territoires dans le cadre du plan de relance de la Caisse des Dépôts vise à faire passer à l’échelle des projets qui permettront de "favoriser l’accès à l’éducation", décrit la Banque des Territoires. L'objectif général est d'atteindre "les publics les plus vulnérables dans les territoires les plus fracturés, en prévention du décrochage scolaire et en soutien des parcours d’apprentissage", de "réinventer l’école de demain" en développant par exemple le numérique éducatif et "d'accélérer les innovations pédagogiques". Fin juin 2022, une journée "Edtech & Territoires" avait été organisée par la Banque des Territoires avec EDTech France au Hub des Territoires, à Paris. Les thématiques des ateliers proposés permettent de cerner en quoi les EdTech prétendent apporter une amélioration du quotidien scolaire. Il s'agit par exemple de "favoriser l'attractivité des services périscolaires pour les familles et les jeunes", "d'améliorer la vie de l'établissement public d'enseignement et notamment ses achats, ses projets", "d'aider les jeunes à mieux s'orienter pour mieux s'insérer dans la vie scolaire"​​​​​​.

"Pour que l’orientation ne soit plus subie"

Aider les jeunes à mieux s'orienter, c'est la mission qu'affiche Jexplore. Figurant parmi les dix start-up sélectionnées, l'entreprise souligne que "chaque année, 44% de jeunes regrettent leur choix de parcours" et souhaite "offrir à chaque jeune un accès égal à l’information, quelle que soit l'origine sociale et/ou géographique", "pour que l’orientation ne soit plus subie". À travers des ateliers immersifs, une plateforme... et surtout la réalité virtuelle, Jexplore annonce vouloir connecter les élèves avec le monde de l’entreprise.
Parmi les premiers projets sélectionnés, Gazouyi et sa version pro Gazouyi pro, jouent dans la cour des "baby edtech" car elles proposent une application mobile dédiée aux parents et aux professionnels de la petite enfance pour suivre et se former à accompagner le développement les enfants de la naissance à 5 ans (lire notre encadré ci-dessous).
Dans un autre registre, on citera également Zamizen, qui propose des ateliers de "gestion des émotions pour favoriser le bien-être en classe de maternelle et de primaire" et qui équipe les instituteurs de maternelle et de primaire pour "favoriser le bien-être des élèves en classe et le développement des compétences psychosociales". Dans la short-list, on relèvera également la sélection de Ma Petite Planète. Cette association propose des défis écologiques à réaliser entre amis, en famille, ou entre camarades de classe pendant trois semaines, afin "de sensibiliser et faire passer à l’action un maximum de personnes pour la préservation de la planète".
Pour familiariser l'enfant avec les livres et découvrir le plaisir de la lecture, les équipes de Bookinou proposent une conteuse qui "développe le goût de la lecture chez les enfants de 2-7 ans, grâce à un outil permettant aux adultes autour d’eux d'enregistrer des livres sous forme d'audio que les enfants peuvent réécouter". Au titre des start-up qui méritent d'être connues des collectivités, on citera enfin Maïa qui accompagne la transition alimentaire des cantines scolaires. À travers cet outil de gestion, Maïa - tout comme d'autres outils tels que ma cantine.fr (voir notre article du 22 juin 2022) ou bien encore la plateforme Agrilocal qui compte 38 départements adhérents (voir notre article du 21 juin 2022) - permet à chaque cuisinier d’optimiser le fonctionnement de son établissement de manière plus efficace et de se conformer aux normes de la Loi Egalim.

  • Salomé Banon, cofondatrice de Gazouyi : "Nous attendons des collectivités qu'elles soient prescriptrices"

Localtis - À qui s'adresse Gazouyi ?

Salomé Banon - Gazouyi est né dans un laboratoire de recherche autour du développement de l'enfant avec l'ENS, le CNRS, l'Inrae. Notre métier, c'est de construire des outils pédagogiques qui permettent de mieux accompagner le développement des jeunes enfants entre 0 et 5 ans sur les quatre types de développement : langage, moteur, sensoriel et social, auxquels sont associées des activités pédagogiques. Dans la foulée de Gazouyi, nous avons lancé Gazouyi pro en janvier 2022, qui vise à mesurer et à valoriser l'impact que les professionnels de la petite enfance ont sur le développement de l'enfant. Aujourd'hui, nous nous adressons plus spécifiquement aux assistantes maternelles qui sont le premier mode de garde en France. Elles sont notre première cible mais nous avons vocation à proposer l'application aux autres métiers de la petite enfance dont les professionnels en crèche, les puéricultrices par exemple. Trois directrices de crèche viennent de nous rejoindre et nous avons déjà travaillé avec les maries d'Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt et Rueil-Malmaison.

En quoi cela consiste concrètement ?
Gazouyi pro est une certification professionnelle qui s'obtient à l'issue d'une formation, prise en charge par l'État par le biais du compte personnel de formation. L'application permet de donner aux assistances maternelles des outils concrets qui viennent accompagner le développement de l'enfant. Par la suite, elles deviennent membres Gazouyi pro et elles ont accès à toutes sortes d'outils pédagogiques, administratifs pour la gestion de leurs heures de travail notamment, des modules de formation continue, des conférences avec des experts (diététiciens, orthophonistes, pédiatres ..), une aide à la construction de leur projet d'accueil, etc. L'objectif est que le triptyque parents-enfant-professionnel fonctionne au mieux.

Comment les collectivités peuvent-elles se saisir de cet outil ?
Les collectivités sont concernées car ce sont souvent les mairies qui recensent les coordonnées des assistantes maternelles ; les parents ont le réflexe d'aller chercher leurs coordonnées en mairie et c'est encore la mairie qui souvent propose des Relais petite enfance, des RPE... D'où cette relation très étroite entre certaines collectivités et les assistantes maternelles. Il arrive que ces populations de professionnelles soient très isolées et peu accompagnées alors qu'elles ont un rôle déterminant dans le développement de l'enfant. À ce stade, nous attendons des collectivités qu'elles soient prescriptrices en informant de l'existence de ce service et qu'elles en parlent. Il faut le voir comme une initiative qui vise d'un côté les assistantes maternelles, en proposant de la formation continue et de l'aide pour rompre leur isolement, se créer un réseau, et de l'autre côté, celui des parents, à trouver de bonnes professionnelles. 

Propos recueillis par V.F. pour Localtis 

Le lien du site. Contact : salome@gazouyi.com - Tél : 06 69 99 21 34