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Protocole sanitaire à l'école : les élus locaux entrent dans la mêlée

Après l'annonce, lundi 10 janvier 2022, d'une troisième version du protocole sanitaire à l'école depuis la rentrée des vacances de Noël, les réactions se multiplient. Dernière en date, celle des élus locaux et de la mission commune d’information destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités du Sénat.

Par l'intermédiaire de deux communiqués de l'Association des maires de France (AMF) et de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), publiés respectivement les 11 et 12 janvier 2022, ils déplorent "une gestion désordonnée et non concertée de la situation sanitaire dans les écoles" (AMF) et les "revirements intempestifs du protocole sanitaire à l’école" (AMRF).

"L’évolution rapide de la cinquième vague de l’épidémie soulève aujourd’hui de fortes inquiétudes des maires quant à leur capacité à garantir le bon fonctionnement de l’école, de la restauration scolaire et des accueils périscolaires, au regard des difficultés de mobilisation des personnels en nombre suffisant, et de remplacement", écrit l'AMF. Quant à l'AMRF, elle questionne : "Comment réussir à organiser l’accueil des enfants avec une pénurie de personnel et dans la complexité des règles sanitaires actuelles ?"

L'AMF rappelle que l'ensemble de ces contraintes conduit les maires à "devoir engager des moyens supplémentaires, qui pèsent lourds sur les budgets et qui sont peu ou pas compensés par l’État dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire". Elle confirme notamment sa demande d’un remboursement intégral par l’État des achats de capteurs de CO2. De son côté, l'AMRF explique que si "les communes sont incitées à investir dans des capteurs de CO2, […] les aides financières auxquelles elles sont éligibles sont parfois difficiles d’accès". Elle ajoute que "dans certains territoires, se procurer un dossier de financement relève du parcours du combattant".

AMF et AMRF demandent des mesures de souplesse et d’adaptation aux contextes locaux. Et alors qu'une grève très suivie est prévue ce jeudi 13 janvier dans l'éducation, l'AMF "alerte également sur les grandes difficultés auxquelles sont confrontées les communes pour mettre en place […] le service minimum d’accueil prévu par la loi lorsque plus de 25% des enseignants sont grévistes, et attend urgemment de l’Éducation nationale des précisions et des souplesses quant à sa mise en œuvre dans ce contexte exceptionnel".

La mission commune d’information du Sénat déplore pour sa part dans un communiqué du 12 janvier que "le gouvernement a fait le choix délibéré de laisser le virus circuler dans les écoles malgré la cinquième vague et l’arrivée du nouveau variant Omicron". La stratégie du gouvernement suscite "l’exaspération des personnels des écoles, des parents, comme des élus locaux, fatigués par les changements incessants des protocoles sanitaires et les difficultés de mise en œuvre qu’ils rencontrent", ont pu constater les membres de la mission commune d’information lors de visites de terrain. La mission estime que ces choix se "traduisent aujourd’hui par un taux élevé de contamination parmi les enfants, multiplié par plus de dix en l’espace d’une semaine, une hausse du nombre d’enfants hospitalisés, et une désorganisation des écoles". Les sénateurs avaient suggéré "de reporter d’une semaine la rentrée pour ouvrir des concertations autour de la définition d’un nouveau protocole sanitaire" et de "mettre en place une politique de dépistage itératif par le biais de tests salivaires hebdomadaires dans les écoles". Une stratégie que la mission recommandait dès juillet 2021 dans son rapport consacré à la stratégie vaccinale et qui est selon elle préconisée "de manière constante par le Conseil scientifique depuis le début de l’année scolaire 2021-2022".