Quelle attractivité pour les villes moyennes en fin de mandat ?

Après un début de mandat placé sous le signe du regain d'attractivité, les maires de villes moyennes se retrouvent jeudi 3 et vendredi 4 juillet à Libourne pour le dernier congrès de la mandature. Si l'attrait de ces villes "à taille humaine" reste de mise (notamment par rapport aux métropoles), il s'est légèrement émoussé et les difficultés (prix des logements, commerces fragilisés...) restent importantes, comme en atteste le "baromètre des territoires 2025" publié pour l'occasion. Les élus devraient appeler à une poursuite du programme Action coeur de ville.

En 2020, les villes moyennes connaissaient un regain d’intérêt : la crise sanitaire avait engendré un prétendu "exode" d’habitants venus des métropoles (même s'il s'est avéré plus limité que prévu) et la mise en œuvre du programme Action cœur de ville (ACV) témoignait d’une attention nouvelle pour ces villes "intermédiaires". Des villes à "taille humaine" longtemps ignorées des politiques publiques et durement frappées par la désindustrialisation. D’aucuns parlaient même de "revanche des villes moyennes". Le cycle municipal touche à sa fin et les maires des villes moyennes se retrouvent à Libourne (Gironde), jeudi 4 et vendredi 4 juillet, pour l’ultime congrès de ce mandat. Et le dernier avant la clôture de ce programme de revitalisation ACV lancé en 2018. Le pari semble en passe d’être réussi puisque les villes moyennes sont toujours plébiscitées par les Français, en particulier ceux qui y habitent. "81% des habitants de villes moyennes considèrent qu’il est préférable d’y vivre plutôt que dans une grande métropole", se félicitent l’association Villes de France, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et la Banque des Territoires, dans un communiqué commun du 1er juillet, à la lecture du "Baromètre des territoires 2025" réalisé par l’Ifop* et qui sera dévoilé vendredi, lors du congrès. "Les villes moyennes s’affirment comme des territoires où la qualité de vie, la proximité et l’équilibre entre dynamisme et convivialité constituent des atouts majeurs", soulignent-ils. A noter cependant que si l’adhésion reste très forte, le baromètre traduit une légère érosion de cet attachement qui, en 2021, avait atteint un pic (88%). Même s’il reste plus élevé chez les habitants des villes ACV : 86% d’entre eux préfèrent en effet une ville moyenne à une métropole. 

Situation fragile

Selon l’enquête, les habitants placent la proximité des services, l’accès aux soins et aux commerces parmi les principaux atouts des villes moyennes, devant les transports ou la proximité de la nature. 71% d’entre eux considèrent que leur ville est bien reliée par le train, soit 9 points de plus que l’ensemble des Français. Mais une majorité des habitants des villes moyennes (53%) déplorent un coût de la vie trop élevé (c’est 8 points de plus que la moyenne des Français). 35% considèrent que l’offre de logement n’est pas adaptée à leurs besoins, en particulier à cause des prix. 59% juge ces prix non accessibles.

Malgré ces atouts, l’enquête montre que la situation reste fragile. Seulement 41% des habitants de ville moyenne estiment que la vitalité de leur centre-ville a évolué positivement ces deux dernières années, alors que 28% jugent qu’elle n’a pas vraiment évolué et 33% qu’elle a même régressé. "Redynamiser le commerce de centre-ville : une cause perdue ?", s'interrogeront les élus, lors d'une table ronde pendant le congrès. "Face à l’essor du commerce en ligne, à l’évolution des modes de consommation et à l’inflation, les commerces de centre-ville sont aujourd’hui largement fragilisés, mettant en péril l’attractivité et la vitalité de nos cœurs de ville, malgré les nombreuses initiatives locales mises en œuvre ces dernières années, au premier rang desquelles Action cœur de ville", détaille le programme. L’inquiétude des maires sur la situation du commerce (voir notre article du 22 mai) est partagée par les habitants : seuls 24% pensent qu’elle s’est améliorée (même si c’est un peu mieux que la moyenne des Français, à 19%) et 33% qu’elle s’est dégradée. 63% d’entre eux continuent de privilégier les zones commerciales de périphérie pour leurs achats, même si l’attractivité du centre-ville s’est légèrement améliorée depuis 2023 (+3 points). 64% des habitants sont sensibles à l'évolution du coeur de ville contre 78% au niveau national. 

"Les attentes restent fortes en matière de revitalisation urbaine, de logement abordable et d’accès aux services et aux soins, confirmant le rôle central de ces villes dans l’avenir des territoires français", souligne le communiqué, alors que les élus devraient appeler à une reconduction du programme ACV, à la suite du comité d’évaluation de l’Assemblée (voir notre article du 26 juin). La notoriété du programme s'est quelque peu émoussée : 26% des habitants de villes moyennes le connaissent, soit dix points de moins qu'en 2021. Mais un sur deux pense que leur ville en a réellement profité.

 

*Enquête menée auprès d’un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et d’un sur-échantillon de 689 personnes, représentatif de la population des villes moyennes (10.000 à 100.000 hab.) âgée de 18 ans et plus. Au total, ont été interrogés 1.089 habitants des villes moyennes. 

 

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