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Habitat - Qui vit dans un logement surpeuplé ?

L'Observatoire des inégalités publie une note sur les conditions de logement, vues sous l'angle du surpeuplement. Celle-ci met à mal certaines idées reçues ou, plus précisément, apporte des réponses plus nuancées que celles habituellement avancées. En effet, toutes les études sur le logement - à commencer par celle de l'Insee, qui fait référence - montrent une très nette amélioration de la qualité des logements au cours des dernières décennies, avec en particulier un recul des phénomènes de surpeuplement. Ainsi, 9,5% des ménages vivaient dans un logement surpeuplé en 2013, contre 15,6% en 1992.

Deux périodes différentes et des évolutions contradictoires

L'Observatoire des inégalités - qui exploite en l'occurrence les chiffres de l'Insee - ne conteste absolument pas ce constat. Mais il formule deux remarques, qui amènent à nuancer quelque peu le tableau d'ensemble. Tout d'abord, il convient de distinguer deux périodes. Si le taux de surpeuplement a bien commencé par baisser de façon nette sur le début de la période considérée - passant de 15,6% à 10,6% entre 1992 et 2001 -, il est ensuite resté stable, passant même de 9% en 2006 à 9,5% en 2013.
Seconde remarque de l'Observatoire des inégalités : "la stagnation de ce taux pour l'ensemble de la population masque des phénomènes de sens contraire selon les catégories de ménages".
Ainsi, entre 2006 et 2013, le taux de surpeuplement est passé de 24,3% à 30,5% pour les personnes du premier décile (les 10% de ménages disposant des revenus les plus faibles) et de 16,3% à 18,2% pour celles du deuxième décile. En revanche, le taux de surpeuplement a effectivement diminué au cours de la période pour les autres déciles, sauf pour le dernier décile (les 10% les plus aisés), pour lequel il semble avoir toutefois atteint une sorte de plancher (passant de 1,9% à 2%).

Un taux de surpeuplement de 16% pour les ouvriers et de 7% pour les cadres

Dans le même esprit - et de façon assez logique -, la note de l'Observatoire des inégalités montre que toutes les catégories socioprofessionnelles ne sont pas égales devant le surpeuplement du logement. Ainsi, le taux correspondant est nettement plus élevé chez les personnes sans activité professionnelle (30,3%), les ouvriers (16,5%) et les employés (14,8%) que chez les cadres supérieurs et professions intellectuelles supérieures (7,4%), les professions intermédiaires (8,8%) et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise (10,1%). Pour des raisons faciles à comprendre, la catégorie la moins touchée par le surpeuplement du logement est cependant celle qui présente les plus faibles revenus, puisqu'il s'agit des agriculteurs (1,4%).
Sans surprise, le surpeuplement du logement est également plus élevé dans le logement collectif - autrement dit les appartements (18%) - que dans le logement individuel (3%). Il est aussi plus faible chez les propriétaires et les accédants à la propriété (5%) que chez les locataires (environ 16,6%). En revanche - et contrairement à une idée reçue - le surpeuplement n'est pas plus important dans le parc locatif privé (16,4%) que dans le parc locatif social (16,8%).
Enfin, l'étude met également en évidence une forte inégalité selon la nationalité, en lien direct avec le niveau de revenu : le taux de sur-occupation des logements est ainsi de 7% pour les ménages non immigrés, de 13,3% pour les ménages mixtes et de 26,1% pour les ménages immigrés.