Régions de France en vigilance sur l’élaboration de la carte des formations professionnelles

Réforme des lycées professionnels et de la carte des formations, pouvoir d'achat, restauration scolaire, découverte des métiers au collège, transport scolaire… Régions de France a passé en revue les principaux enjeux de cette rentrée 2023. Elle voit en l'élaboration de la carte des formations professionnelles un point de vigilance. 

Deuxième poste de dépense des régions, l’éducation est sans conteste l'un de leurs cœurs de métier avec 4,3 milliards d'euros de dépenses totales, soit 1.941 euros en moyenne par lycéen (1). Mais les urgences se bousculent entre le financement de la mise en performance énergétique des lycées, la préservation du pouvoir d'achat des familles, l'alimentation "saine et locale" et le transport scolaire. En cette rentrée scolaire 2023, les régions, dans leur compétence éducative, s'annoncent toujours "mobilisées pour répondre aux défis du présent" et "pour assurer le meilleur service aux quelque 2,24 millions de lycéens, comme à l’ensemble de la communauté éducative", annoncent-elles dans le dossier de presse remis à l'issue de la conférence qui s'est tenue ce 29 août 2023. 

Pouvoir d'achat des familles 

François Bonneau, président de la commission éducation, orientation, formation et emploi de Régions de France, s'est d'abord inquiété du pouvoir d'achat des familles, listant le coût des transports, de la restauration scolaire, des manuels, des ordinateurs quand il ne s'agit pas de tous les équipements propres aux lycées professionnels… Il cite au passage l'exemple de la région Occitanie, où le montant de l'aide apportée par la collectivité peut s'élever jusqu'à 800 euros par jeune. La tarification sociale d'accès à la restauration scolaire, établie dans certaines régions en fonction des ressources des familles, comme en Bretagne, est également identifiée comme un levier d'action pour le pouvoir d'achat des familles. "Si les régions répercutaient la totalité de l’inflation, le ticket repas augmenterait de 15 à 20%", a expliqué François Bonneau, déclarant que comme l’année passée, les régions prendront à leur charge l’essentiel des augmentations.

Deuxième priorité, le bâti scolaire

Face à l’urgence climatique, les régions rappellent qu'elles consacrent une part très importante de leurs investissements à la transition écologique des 46 millions de mètres carrés dont elles ont la charge. François Bonneau a identifié "le mouvement de mise en performance énergétique des lycées" comme étant la deuxième priorité. Ce mouvement passe "par l'isolation, une capacité à produire du chaud et du froid dans les bâtiments, par l'installation de panneaux photovoltaïques...". Les travaux s'élèvent à 2,8 milliards d'euros d'investissement dans les lycées publics, soit 1.236 euros par lycéen (1), d'après les chiffres du dossier de presse. 

Carte des formations : alerte sur la méthode

Le principal débat a touché à la question de la réforme des lycées professionnels, finalisée en mai 2023 sous la houlette du président de la République qui souhaite en faire "une filière d'excellence" (voir notre article du 4 mai 2023). Si les régions déclarent être d'accord pour œuvrer à une "meilleure reconnaissance du lycée professionnel" en France, elles semblent surtout préoccupées par la carte des formations qui doit, selon elles, rester "souple" et bénéficier d'une approche pluriannuelle en intégrant une évolution "tendancielle" embarquant "bien les transitions écologiques et numériques". Régions de France alerte en effet sur la méthode proposée par le gouvernement pour transformer la carte des formations. "Si elle préserve la décision finale par la région, la méthode proposée en quatre étapes est bien trop rigide et va compliquer inutilement la tâche de leurs services, qui remplissent bien leur mission. Et en particulier, la réunion organisée par le sous-préfet apparaît complètement inutile aux régions", déplore François Bonneau. 

Attentes vis-à-vis de Gabriel Attal

Cette conférence de presse a aussi donné l’occasion aux régions d’exprimer leurs attentes vis-à-vis du nouveau ministre Gabriel Attal et notamment concernant l’information sur les métiers au collège et au lycée, dans leur champ de compétences depuis la loi du 5 septembre 2018. S'agissant de la montée en puissance des régions en matière d'orientation, Régions de France annonce avoir développé une interface pour faciliter la découverte des métiers et insiste sur leur volonté d'aider les jeunes à se construire des représentations des métiers dès le collège. Une rencontre entre la présidente de Régions de France, Carole Delga, François Bonneau et le nouveau ministre de l'Éducation nationale, dont la conférence de rentrée s'était tenue la veille (voir notre article de ce jour), est annoncée pour le 19 septembre 2023.  

Transports scolaires : la situation s'arrange

La problématique liée à la pénurie de conducteurs de transports scolaires ne semble pas être une préoccupation majeure pour Régions de France. François Bonneau assure que le nombre de personnes formées au transport avait été augmenté, que les conditions de travail avec les sociétés de transports ont été débattues, pour faire en sorte de pérenniser les conducteurs à leur poste. En juillet 2023, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) alertait pourtant sur le fait qu'il manquerait encore six mille conducteurs de bus scolaires à l'appel (voir notre article du 24 juillet 2023).

(1) Source : budgets primitifs des 18 régions