Résilience des réseaux télécoms : l'Arcep fait un point sur les actions en cours
A l'occasion d'un webinaire organisé par l'Arcep le 21 mai 2025, les représentants de l'Etat ont fait un état des lieux sur les actions mises en œuvre pour améliorer la résilience des réseaux télécoms. Une résilience qui doit faire face à la double contrainte du renforcement des aléas et de la complexité technique et organisationnelle.

© Webinaire Arcep/DGE le 21 mai
Les événements climatiques de ces derniers mois sont venus confirmer la fragilité des réseaux de communications électroniques comme leur criticité pour les territoires. La résilience des réseaux, c’est-à-dire "la capacité à résister, absorber et corriger les effets de perturbations ponctuelles et à revenir à une situation de fonctionnement nominale le plus rapidement possible" s'impose à tous. Inscrit dans les priorités de l'Arcep, le sujet a fait l'objet d'une note de l'autorité et d'un webinaire qui s'est tenu le 21 mai 2025 pour détailler les actions en cours.
Dépendance à l'électricité
L'occasion de revenir sur les leçons tirées des tempêtes Ciaran, Domingos, en métropole, et Chido à Mayotte. Il s'avère ainsi que les réseaux mobiles sont très dépendants des infrastructures électriques et qu'il n'est pas facile d'identifier rapidement si une panne vient des équipements télécoms ou électriques. Quant aux réseaux fibres, ils se révèlent plus résistants que le cuivre mais plus longs à réparer.
A Mayotte 94% des antennes ont été mises hors service avec souvent des antennes à terre et des équipements arrachés. Les appels d'urgence ont mis 24h à être rétablis et la couverture à 50% a été restaurée en 7 jours. Dans tous les cas, les priorités ne sont pas toujours faciles à déterminer et l'électricité se révèle être le "pilier central", les réseaux fixes comme mobiles ne pouvant fonctionner sans. La pose de la fibre en aérien est aussi pointée du doigt avec des réseaux restés à terre parfois pendant 6 mois.
Complexité organisationnelle et technique
Le second défi tient à la complexité du jeu d'acteurs qu'il faut réussir à coordonner en cas de crise, tant du côté du mobile que de la fibre. "L'époque où les infrastructures étaient exploitées sur un périmètre national par un nombre réduit d'opérateurs étant désormais révolue", souligne l'Arcep. Aux côtés des grands opérateurs mobiles coexistent ainsi des "Towercos" en charge des sites et des équipements actifs. L'équation dans la fibre est encore plus compliquée avec des opérateurs d'infrastructure, des sous-traitants et de multiples réseaux d'initiative publique aux montages juridiques variés. S'ajoutent à ce paysage de nouveaux risques comme ceux pesant sur les câbles sous-marins intercontinentaux ou encore les risques cyber avec la tendance à la virtualisation des réseaux. Enfin, les réseaux sont de plus en plus interdépendants, les antennes mobiles dépendant souvent de liens optiques pour fonctionner correctement.
Actions nationales en cours
Le webinaire a été l'occasion de faire un bilan des actions en cours. Au niveau national, la doctrine sur les plans Orsec est en cours de mise à jour pour intégrer pleinement les réseaux télécoms, sa publication étant programmée pour début 2026.
Les numéros d'urgence ont tous migré pour leur part sur la 4G et bénéficient d'un système d'itinérance nationale afin de pouvoir passer partout, pour les quatre opérateurs. Les préfets sont par ailleurs en capacité, depuis la loi Climat et résilience (2021), de demander aux opérateurs un "diagnostic de vulnérabilité" dans les zones à risque pour garantir la continuité des services. Enfin, les opérateurs mobiles ont demandé à figurer dans la liste des services prioritaires en cas de délestage électrique. L'arrêté de 1990 qui les liste est en cours de révision pour permettre au préfet de prioriser les zones où maintenir les communications d'urgence.
30 schémas de résilience lancés, 50 en projet
Au niveau local, les collectivités sont de plus en plus nombreuses à se doter d'un schéma local de résilience avec "30 plans lancés et 50 autres en projet" selon l'ANCT. Des schémas dont le principal bénéfice est de permettre à la collectivité de disposer d'une vision exhaustive des points de vulnérabilité de son réseau et de pouvoir mieux prioriser ses investissements de sécurisation. Il est cependant relevé que les collectivités ont besoin de données plus complètes et homogènes sur les pannes et incidents rencontrés par les opérateurs. Par ailleurs, l'ANCT a planché sur un annuaire des opérateurs d'infrastructures pour que chaque préfecture sache qui contacter localement en cas de crise. Les opérateurs dans des zones isolées – comme les îles – ont enfin été incités à faire des stocks de matériels pour gagner en réactivité en cas de crise majeure.