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Société "apprenante" : un rapport préconise une quinzaine d'expérimentations dans les territoires

Le rapport "Un plan pour co-construire une société apprenante", de François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), a été remis aux ministres du Travail, de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur le 4 avril 2018. Il propose notamment de mettre en place une quinzaine d'expérimentations dans les territoires, pour créer des tiers-lieux physiques et numériques, organiser une "fête de l'apprendre" ou créer des "labs" pour imaginer les métiers et formations de demain...

Le rapport de François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), "Un plan pour co-construire une société apprenante", remis le 4 avril 2018 aux ministres de l'Education nationale, du Travail et de l'Enseignement supérieur émet une trentaine de propositions pour faire évoluer l'éducation et la formation en France. C'est la suite logique d'un premier rapport remis par le chercheur en avril 2017, dans le cadre de la mission qui lui avait été confiée par Najat Vallaud-Belkacem en septembre 2016 en vue de concevoir un plan stratégique pour la recherche et développement de l'éducation tout au long de la vie. Le rapport repose sur le concept d'une "société apprenante", c'est-à-dire, selon l'auteur, une société qui facilite les apprentissages individuels et collectifs, "pour que les savoirs et expériences des uns permettent à d'autres d'apprendre et d'innover plus facilement". Il s'agit en clair de s'appuyer sur les possibilités nouvelles qu'offre par exemple le numérique pour favoriser ces apprentissages, en s'ouvrant aux innovations mises en place dans d'autres pays.

Des expérimentations dans les territoires

Des expérimentations de démarche apprenante dans les territoires font partie des propositions du rapport. Une quinzaine d'expérimentations sont ainsi envisagées, chacune pour trois à cinq ans, avec des rectorats, collectivités territoriales, ou des établissements publics d'enseignement supérieur et de recherche. Parmi les thématiques qui pourraient être couvertes : la création de tiers-lieux physiques et numériques pour faciliter les échanges de connaissances, l'organisation d'une "fête de l'apprendre" pour célébrer tous les apprentissages et créer une dynamique dans les territoires, à l'image du Téléthon ou autres grands événements de ce type, en collaboration avec tous les acteurs institutionnels, les collectivités, les associations, les familles. Il s'agirait aussi de former les décrocheurs ou encore former des "passeurs" liant terrain et recherche. Ces passeurs peuvent être des chercheurs ou des enseignants qui seront formés à une nouvelle approche professionnelle, inspirée et adossée à la recherche et tournée vers la coopération entre pairs.

Le Grand Lyon, une future "métropole apprenante"

Les territoires pourront aussi tester la création de "labs des métiers de demain" pour construire ensemble les évolutions des métiers de demain et les formations adaptées.
Le budget consacré par territoire à ces expérimentations est estimé entre  2 et 10 millions d'euros par an (5 millions en moyenne). Des discussions ont déjà eu lieu avec certains territoires à ce sujet. Les métropoles de Clermont-Ferrand, Lyon, Reims, Rennes ont rencontré la mission. Il s'agirait ainsi par exemple de faire du Grand Lyon une "métropole apprenante" en favorisant les apprentissages pour tous les habitants du territoire. Un diagnostic des besoins, forces, faiblesses, et des ressources disponibles serait réalisé, mentionnant également les points de blocage, les opportunités et les modalités d'un travail collectif. Coût de l'expérimentation : 20 millions d'euros sur trois ans.
A Caen où l'académie compte trois départements, 1.100 écoles, 300 collèges et lycées et 26.400 personnels, le projet consiste à créer un réseau de "passeurs" via le numérique, à travers une application et l'animation d'une plateforme, de construire un tiers-lieu, de soutenir les expérimentations menées dans les lycées et collèges. Autres actions envisagées : la formation des formateurs et le soutien à la recherche. Le tout pour un coût de 8 millions d'euros sur trois ans.

Un service public de la société apprenante

Outre ces expérimentations, le rapport propose de faire émerger un "service public de la société apprenante pour faciliter les évolutions et les adaptations nécessaires tout en évitant de laisser aux multinationales du numérique le pouvoir de s'accaparer les apprentissages de tous". Il s'agirait de favoriser la synergie de tous les acteurs volontaires, publics et privés, avec un système "où les apprenants ne sont plus en compétition pour les savoirs d'hier mais sont invités à coopérer sur les défis de demain".
Déjà énoncé dans son précédent rapport, l'idée d'un numéro pour les apprenants, à l'image du numéro de sécurité sociale, et d'un carnet de l'apprenant, est également citée. Objectif : faciliter la formation, l'orientation et l'insertion de chacun. Une idée que le chercheur imagine étendre à l'échelle européenne.