Solution de répit à domicile pour les aidants, le baluchonnage amené à se déployer en France
Généralisé par une loi de novembre 2024 après une expérimentation, le baluchonnage permet un répit de "longue durée" - jusqu’à six jours – pour les proches aidants de personnes en perte d’autonomie. Spécifiant le cahier des charges pour les structures d’aide à domicile souhaitant proposer ce service et les dérogations au droit du travail, le décret de mise en œuvre de cette solution est paru en août 2025.

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"Huit à onze millions de personnes en France accompagnent régulièrement un parent, un enfant, un conjoint ou un proche en perte d’autonomie, du fait de l’âge, d’une maladie ou d’un handicap", selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Souvent invisible, "cet engagement pèse lourd sur leur santé, leur vie personnelle et leur parcours professionnel", poursuit la CNSA, qui rappelle sur son site qu’environ 320 plateformes d’accompagnement et de répit sont dédiées aux aidants.
Dans le cadre de la stratégie nationale pour les aidants 2023-2027 (voir notre article), une nouvelle campagne de communication a été lancée en septembre dernier, pour mettre en lumière les aidants et permettre à ces derniers de prendre connaissance des ressources et aides qui leur sont proposées (recensées sur le site aidant.gouv.fr). Signe que ce travail de mise en lumière du rôle des aidants et de leurs besoins porte ces fruits, les démarches de sensibilisation émanant d’acteurs variés – publics, associatifs, privés – se multiplient à l’approche de la journée nationale des aidants qui a lieu ce 6 octobre.
Dérogations au droit du travail
Parmi les solutions pensées pour les aidants, le baluchonnage, inventé au Québec et importé en France par l’association Baluchon France, va désormais pouvoir se déployer plus largement. Il s’agit d’une solution de répit à domicile rendue possible par la mobilisation, pendant plusieurs jours (et nuits) consécutifs, d’un professionnel (aide à domicile, auxiliaire de vie ou infirmier) expérimenté, formé et préparé en amont au contexte particulier de la personne en perte d’autonomie (état de santé, habitudes, etc.).
Expérimenté en France entre 2018 et 2024 (voir notre article), le dispositif a été pérennisé par la loi du 15 novembre 2024 visant à améliorer le repérage et l’accompagnement des personnes présentant des troubles du neuro-développement et à favoriser le répit des proches aidants. Mise sur pause depuis début 2025, la démarche va pouvoir se déployer à nouveau avec la publication, le 20 août dernier, d’un décret d’application de la loi de 2024 sur la mise en œuvre de ces prestations de "suppléance à domicile du proche aidant" dans le cadre de séjours de répit. "Ces dérogations au droit du travail permettent le relai du proche aidant d'une personne aidée, par l'intervention continue, à domicile ou dans le cadre de séjours, d'un professionnel unique jusqu'à six jours consécutifs", peut-on lire dans le décret, où figure le cahier des charges à respecter par les structures qui souhaiteraient proposer ce type de séjour.
Rassurer les trois parties
Les structures d’aide à domicile doivent pour cela adhérer à Baluchon France, s’engager à respecter le cahier des charges du dispositif et être autorisées à proposer ce service, peut-on lire sur le site de l’association. Cette dernière forme les coordinateurs de ce nouveau service et les balluchonneurs qui interviendront au domicile des personnes.
Concrètement, le processus est pensé pour être rassurant et attractif pour l’aidant, la personne aidée (qui reste dans son environnement) et l’intervenant (qui peut accepter ou non la mission après avoir pris connaissance du dossier complet sur la situation). Le premier jour, l'aidant, le proche aidé et le "baluchonneur" passent trois heures ensemble, pour faire connaissance et transmettre l’ensemble des informations utiles. Le professionnel sera rémunéré pour chaque heure passée au domicile de la personne, soit l’équivalent de presque un mois de travail en six jours. Les heures de repos sont cumulées et prises en repos compensateur après la mission. "Je préfère cela à faire des sauts de puce d'un domicile à l'autre", témoigne Valérie Alaux, auxiliaire de vie ayant réalisé plusieurs baluchonnages, interrogée par l’AFP. Quant à l’aidant, il accède à un "répit de longue durée", pour un reste à charge de l’ordre de 75 euros pour 24 heures, selon Baluchon France qui indique que des aides peuvent sollicitées pour réduire ce reste à charge (via le département et l’allocation de solidarité pour l’autonomie, l’agence régionale de santé, des caisses de retraite complémentaires, des mutuelles…).
Référence : décret n° 2025-827 du 19 août 2025 relatif à la mise en œuvre de prestations de suppléance à domicile du proche aidant et dans le cadre de séjours dits de répit aidant-aidé dérogeant au droit du travail, publié au Journal officiel du 20 août 2025. |