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Tensions de recrutement dans les collectivités : "un seuil critique a été franchi"

Déjà tangibles l'an dernier, les difficultés du secteur local en matière de recrutement s'intensifient, comme le révèle la dernière édition du "Baromètre RH des collectivités locales" publiée par le pôle public du groupe Randstad. Aucun type d'employeur n'échappe désormais à la problématique. Mais tout n'est pas noir, puisqu'en parallèle, le climat social s'améliore dans les collectivités.

Les collectivités n'ont jamais éprouvé autant de difficultés à recruter. La treizième édition du "Baromètre RH des collectivités locales", réalisé par le pôle public du groupe Randstad, en atteste. Élus, directeurs généraux des services, DRH, secrétaires de mairie… issus de collectivités et intercommunalités de toutes tailles, ils sont 568 au total à avoir répondu en ligne au printemps à l'enquête menée en partenariat avec Villes de France, Intercommunalités de France et la Gazette des communes notamment.
59% d'entre eux témoignent de difficultés récurrentes à recruter, contre 39% dans la précédente édition du baromètre, réalisée un an plus tôt.
Selon Randstad, la situation est "particulièrement alarmante" pour les intercommunalités – lesquelles affirment à 72% avoir de la peine à recruter – ainsi que pour les conseils départementaux et régionaux (également 72%). Relativement épargnées jusque-là, les collectivités plus petites n'échappent plus à la difficulté. Les communes de moins de 5.000 habitants déclarent ainsi désormais à 52% être concernées par le sujet (28% il y a un an).

Collectivités plus généreuses avec leurs agents

Pour susciter davantage de candidatures, les collectivités du panel sont une majorité (53%) à consentir des efforts en matière de rémunération. En second lieu, elles diversifient les sources et canaux de recrutement (38%). Une solution qui arrive légèrement devant les actions favorisant l'équilibre entre vies professionnelle et personnelle (36%) et les "aménagements des conditions d’exercice" passant notamment par le télétravail (34%).
13% des répondants – mais 20% des intercommunalités et villes moyennes – s’appuient sur la promotion de leur marque employeur pour renforcer leur attractivité. Près de la moitié des collectivités qui se sont dotées de cet outil le font connaître par des actions sur les réseaux sociaux et des sites professionnels, et plus du tiers le font reposer sur des engagements en termes de responsabilité sociale et environnementale (RSE).
Les difficultés de recrutement sont d'autant plus aiguës pour les collectivités sondées qu'un nombre croissant d'entre elles envisage d'augmenter leurs effectifs. Cette intention n'était exprimée que par 24% des collectivités ayant répondu au baromètre en 2019. Depuis, ce taux de réponse n'a cessé de croître, pour parvenir cette année à 34%. Avec, si l'on regarde les résultats par strates de collectivités, un maximum qui est atteint pour les intercommunalités (56%).

Le télétravail s'ancre dans les habitudes

Le recrutement se hisse cette année à la deuxième place des "enjeux RH stratégiques" du mandat : 41% des répondants le mentionnent comme un enjeu (contre 22% en 2021). Les départements et régions sont ceux qui lui accordent la plus grande importance, avec un taux de citation de 55%.
"L’adaptation aux nouvelles formes d’organisation du travail" est la troisième préoccupation la plus forte des responsables des collectivités, à égalité avec le développement des compétences managériales (40%). Cela vise notamment le déploiement du télétravail, lequel s'est inscrit durablement dans le quotidien des agents. Près de 40% des collectivités sondées déclarent "maintenir un volant d’activités" fonctionnant avec cette modalité de travail, dont 85% dans le cadre d’un accord négocié avec les représentants du personnel.
La priorité la plus souvent mise en avant par les collectivités reste de très loin (63%) la maîtrise de la masse salariale. L'exercice est compliqué avec les tensions sur le marché du travail qui les obligent à desserrer les cordons de la bourse. Mais le sujet s'impose du fait de l'alourdissement des factures dédiées à l'énergie.

Meilleur climat social

Pour faire face à ces dépenses supplémentaires en 2022, d'autres solutions que la maîtrise des dépenses de fonctionnement sont envisagées, comme une hausse de tarifs de certains services publics (27%). Une baisse de l’investissement, une réduction des effectifs, une hausse de la fiscalité, ou encore une baisse de certaines composantes de la masse salariale sont également citées (environ 20% pour chacun de ces items). Seulement une collectivité sur dix estime qu'elle réduira la voilure des services aux usagers.
Le baromètre témoigne par ailleurs d'une amélioration du climat social dans les collectivités. 62% des répondants déclarent en effet que dans leur propre collectivité, le climat social se maintient ou s'est amélioré. C'est 9 points de plus qu'en 2021, année où un "pic de morosité" avait été relevé. Autre bonne nouvelle : les difficultés d'organisation liées à l'absentéisme des agents connaissent une forte décrue. 41% des collectivités du panel déclarent cette année avoir été confrontées à cette question au cours des derniers mois, contre 74% en 2021.