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Tourisme - Un plan de la dernière chance pour relancer le tourisme aux Antilles ?

A l'occasion de son déplacement aux Antilles, du 7 au 9 janvier 2010, le chef de l'Etat a détaillé le concept de "développement endogène", qu'il propose aux départements d'outre-mer et qui "a pour objectif de favoriser la création de richesses et d'emplois locaux". Cette approche - qui doit se traduire par la nomination de trois commissaires au développement endogène en Guyane, dans les Antilles et l'océan Indien (La Réunion et Mayotte) - concerne tout particulièrement le secteur du tourisme, aujourd'hui sinistré alors qu'il pourrait être l'un des principaux moteurs du développement et de la création d'emplois. Refusant le déclin touristique des Antilles, Nicolas Sarkozy a indiqué, lors d'une table ronde sur le thème du tourisme et du développement économique à Schoelcher, que "le tourisme est une évidence pour le développement de la Martinique" et que "L'Etat va vous aider, va vous accompagner". Il a toutefois précisé que "plus vous prendrez en main votre avenir, plus on s'engagera à vos côtés. L'Etat ne peut pas tout".

Une activité en chute libre

Si c'est la première fois que le chef de l'Etat consacre ainsi une réunion à la situation du tourisme aux Antilles, les annonces et les mesures se sont pourtant succédé ces dernières années, sans beaucoup de résultats (voir nos articles ci-contre). Alors que l'activité touristique en métropole s'est plutôt bien sortie de la crise économique en 2008 et 2009, le tourisme antillais - déjà victime d'une offre inadaptée, d'une qualité d'accueil qui laisse à désirer et de phénomènes climatiques (comme le cyclone Dean en 2007) - a été littéralement plombé par le conflit social de 2009. En Martinique par exemple - pourtant moins touchée par le conflit que la Guadeloupe - le nombre annuel de touristes est passé d'un million en 2000 à 570.000 aujourd'hui, presque exclusivement (85%) originaires de métropole. Sur la même période, le nombre d'escales de navires de croisière à été divisé par cinq alors qu'il triplait en métropole. Aujourd'hui, les Antilles ne séduisent plus que 2% des touristes qui envisagent de passer leurs vacances dans les Caraïbes. Pour tenter de sortir de cette situation, le chef de l'Etat a annoncé plusieurs mesures. La première consiste à empêcher l'activité hôtelière de sombrer. Outre le plan d'aide à la rénovation des chambres (voir notre article ci-contre du 3 juin 2009), un "médiateur du tourisme" va être prochainement nommé. Il sera chargé d'examiner, au cas par cas, la situation des entreprises du secteur et d'accorder d'éventuelles remises sur les dettes sociales et fiscales (après une première remise de 20 millions d'euros en 2009). Pas question en effet, pour Nicolas Sarkozy, de mettre en place "un plan d'effacement des dettes indifférencié".

L'A380 aux Antilles ?

Le chef de l'Etat s'est également montré ouvert à une rénovation des accès à la ville de Saint-Pierre, détruite en 1902 par l'éruption de la montagne Pelée et qui offre des perspectives de développement touristique. Des actions sont également prévues en matière de formation professionnelle dans le secteur du tourisme. Mais les deux annonces les plus importantes concernent le transport aérien. Nicolas Sarkozy a ainsi indiqué "qu'Air France, compte tenu de l'engagement résolu de l'Etat, a accepté de prendre le risque d'une liaison directe depuis Roissy à partir de cette année, très exactement du mois de novembre prochain". Cette liaison depuis Roissy devrait rendre la destination plus attractive pour les touristes européens, en leur évitant le transit vers Orly, d'où partent normalement les vols pour les Antilles. Cette mesure, réclamée par les acteurs locaux, a toutefois déjà été expérimentée, sans succès, entre 2003 et 2005, mais le chef de l'Etat a affirmé : "Cette fois-ci, je veux que ce soit un succès." Il s'est par ailleurs déclaré ouvert, sous conditions, à un soutien de l'Etat en vue de l'aménagement des aéroports de Fort-de-France et de Pointe-à-Pitre, afin qu'ils puissent accueillir les Airbus A380, permettant ainsi une réduction des tarifs de 20 à 25%. Pour sa part, Serge Letchimy - président du conseil régional et député de la Martinique - propose, pour accroître la notoriété de la destination, que l'Etat présente la candidature de la montagne Pelée au patrimoine mondial et celle des courses de yoles au patrimoine culturel mondial.