Une communauté de communes alsacienne élue "Capitale française de la biodiversité 2022"

La communauté de communes de la Vallée de la Bruche, dans le Bas-Rhin, a été élue "Capitale française de la biodiversité 2022", a annoncé l'Office français de la biodiversité (OFB) ce 12 septembre. Quatre autres collectivités dont les villes de Saintes et d'Angers sont lauréates de la onzième édition de ce concours qui vise à récompenser les actions liant restauration des paysages et protection de la nature.

Après La Roche-sur-Yon en 2021, le titre de Capitale française de la biodiversité revient cette année à la communauté de communes de la Vallée de la Bruche, dans le Bas-Rhin. Ce territoire rural intégré dans le massif vosgien, qui compte près de 22.000 habitants, a engagé depuis plus de 30 ans un projet paysager intimement lié, dans sa conception comme dans sa mise en œuvre, à la préservation et au développement de la biodiversité. Il a ainsi non seulement permis de rouvrir des parcelles enrésinées mais aussi de travailler les lisières, de favoriser des éléments fixes du paysage (bosquets, arbres isolés, vergers…), de reconquérir des fonds de vallées, des berges de cours d'eau, etc. Ce travail de fond sur des espaces à haute valeur paysagère et environnementale a été intégré à d'autres points forts du territoire (tourisme, valorisation agricole, fermes-auberges, mobilité, actions autour du lien social…) impliquant toute une communauté d'acteurs économiques et associatifs.   
Quatre autres collectivités ont été récompensées lors de cette 11e édition du concours co-organisé par l’Office français de la biodiversité (OFB), l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France (ARB îdF), l’association nationale Plante & Cité et soutenu par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT) et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).

Saint-Chamas, Saintes et Angers, élues "Meilleures communes pour la biodiversité 2022"

Saint-Chamas (8.593 habitants, Bouches-du-Rhône) a été désignée "Meilleure commune pour la biodiversité 2022" dans la catégorie des collectivités de moins de 20.000 habitants. Son littoral, situé dans le secteur de l'étang de Berre et à proximité d'une centrale hydroélectrique, comprend deux sites sensibles classés Zone Natura 2000, tandis que 4 ports de plaisance ou de pêche ponctuent ses rives. De nombreuses plages sauvages faisaient l’objet d’une fréquentation et d’une baignade non encadrées, générant des impacts défavorables pour la faune et la flore, par exemple pour la nidification des Sternes naines sur le cordon coquillier de la Petite Camargue. Pour réaffirmer son identité littorale et permettre une meilleure accessibilité et utilisation des rives de l’étang tout en protégeant les secteurs naturels qui sont sensibles à la fréquentation du public, la commune a créé une plage en lieu et place d'un ancien stade. L’objectif est de se réapproprier l’étang en investissant autour des activités nautiques douces (baignade, kayak, paddle, voile) tout en limitant l’accès au littoral aux embarcations à moteur. La plage des Cabassons a été labellisée Pavillon bleu en mai 2022, tandis que des nurseries artificielles expérimentales de type "biohuts" ont été immergées dans le port de plaisance Notre-Dame.
La commune, qui s'appuie sur un réseau associatif, citoyen et naturaliste très dynamique, a mis en place un "Permis de végétaliser" qui contribue à améliorer le paysage urbain avec les habitants, et un Atlas de la biodiversité communale en cours doit permettre d'améliorer encore la connaissance de la nature locale. 
Dans la catégorie des villes de moins de 100.000 habitants, Saintes (25.470 habitants) devient aussi "Meilleure commune pour la Biodiversité 2022". La ville de Charente-Maritime pilote l’espace naturel sensible des prairies inondables de la Palu (12 hectares), aux enjeux forts tant sur la protection de la ressource en eau potable que pour sa faune et sa flore, exceptionnelles. Au-delà de son travail de maîtrise foncière et de gestion écologique, l'originalité de l'action de la collectivité est de constituer avec son partenaire le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle‐Aquitaine, un stock de semences de plantes locales sauvages, qui lui permet d'être auto‐suffisante pour ses projets d’aménagements et de renaturation sur le territoire communal, et de disposer de mélanges prairiaux spécifiques et adaptés en fonction des milieux à requalifier (prairies humides, mésophiles, coteaux calcaires…) jusqu'au milieu le plus urbain. Alors que la moitié de ses trottoirs étaient vieillissants et peu compatibles avec un entretien "zéro phyto", la ville a fait le choix de les "désimperméabiliser" et de les végétaliser en partie avec ces semences locales sauvages, tout en respectant les usages. Outre son intérêt esthétique, cette action vise à diminuer les effets d’îlots de chaleur urbain, à favoriser l’infiltration des eaux de pluie et à préserver et restaurer la biodiversité en milieu urbain. Elle est de surcroît beaucoup moins coûteuse en entretien.
Dans la catégorie des villes plus de 100.000 habitants, Angers (154.508 habitants), a été élue 
"Meilleure commune pour la Biodiversité 2022" . La capitale du Maine-et-Loire, qui s’appuie sur un savoir-faire reconnu dans le domaine de l’horticulture et du paysage, prend de plus en compte les enjeux de biodiversité avec une approche plus naturaliste, notamment dans les grands parcs Balzac ou Saint-Nicolas. Son action sur un très vaste patrimoine naturel (1000 ha d’espaces naturels et 550 ha d’espaces verts plus urbains) est structurée autour d'un plan "Nature en ville 2021-2025" articulé avec le Schéma directeur métropolitain des paysages angevins. Parmi les nombreuses actions de ce plan, la jeune micro-forêt urbaine du Grésillé (3 hectares) préfigure un vaste programme de plantation de nouveaux boisements, avec une palette végétale arborée et arbustive constituée de jeunes plants d’essences végétales locales adaptées au site (exposition, sol, cortège végétal du boisement riverain et climat local) sur la base d'un diagnostic préalable, avec un suivi dans le temps et pas ou peu d'entretien. Un inventaire participatif des arbres remarquables a par ailleurs été réalisé et annexé au plan local d'urbanisme. Dans la partie la plus dense du centre-ville, la ville réalise des "mini-jardins" en pied de façade, à la demande des habitants qui en assurent ensuite l’entretien. Le choix des plantations est fait par les habitants parmi une gamme de plantes horticoles ou de vivaces labellisées végétal local® qui représente près de la moitié des choix des habitants. Fin 2021, la ville comptait ainsi 505 mini-jardins, soit 2.176 mètres linéaires et 653 m² déminéralisés.

Une petite commune des Pyrénées-Orientales désignée "Coup de coeur du jury" 

Enfin, le " Coup de cœur du Jury 2022" est allé à la commune de Laroque-des-Albères (2.115 habitants, Pyrénées-Orientales) qui a mis en place un Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN) sur plus de 600 hectares, un type d'outil encore peu développés au niveau national et de surcroît rarement mobilisé par une collectivité de cette taille. Le PAEN, qui a été initié dès 2012 et couvre près du tiers de la surface de la commune a permis de faire reconnaître la valeur paysagère et écologique des espaces de mosaïque agricole : vergers, vignobles, friches, haies, landes et fourrés, haies, prairies siliceuses, chênaie et boisement de chênes lièges. Cette démarche, qualifiée de "bouclier vert" par les élus, permet à la commune de lutter contre la très forte pression d'urbanisation de son territoire et le risque de cabanisation.
Le jury du concours a aussi salué "un excellent exemple du rôle fondamental des Conseils départementaux en matière d’ingénierie territoriale, aux côtés des Régions et de l'Etat, tout particulièrement pour les petites communes". En l'occurrence, c'est en effet le département des Pyrénées-Orientales qui apporte son appui technique et financier à la commune de Laroque-des-Albères tant sur son PAEN que sur ses acquisitions foncières.
L’édition 2023 du concours Capitale française de la Biodiversité est d’ores et déjà ouverte : communes et intercommunalités françaises sont invitées à candidater jusqu’au 31 janvier 2023 sur le site dédié au concours afin de faire connaitre et valoriser leurs réussites autour du thème "Arbres & Forêts ".