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Une plateforme peut-elle résorber les bidonvilles ?

Le ministère de la Cohésion des territoires lance à l'attention des pouvoirs publics et autres acteurs nationaux et locaux la version beta d'une plateforme visant à "connaître, partager, agir pour résorber les bidonvilles".

Présentant, il y a un mois, l'acte II de la démarche "Logement d'abord", doté d'une enveloppe supplémentaire de 60 millions d'euros, Julien Denormandie avait annoncé un doublement – de 4 à 8 millions d'euros – des crédits consacrés à la résorption des bidonvilles (voir notre article ci-dessous du 13 septembre 2019). Aujourd'hui, le ministère de la Cohésion des territoires lance la version beta d'une plateforme "résorption-bidonvilles", avec pour objectifs de "connaître, partager, agir pour résorber les bidonvilles". Cette plateforme est développée par La Fabrique numérique, l'incubateur de services numériques commun au ministère de la Cohésion des territoires et à celui de la Transition écologique et solidaire, et le projet est porté par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal).

La mise en œuvre de cette plateforme s'inscrit aussi dans le prolongement de la circulaire du 25 janvier 2018 "visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles", qui mobilise pas moins de sept ministères (voir notre article ci-dessous du 5 février 2018). Selon la présentation faite par le ministère de la Cohésion des territoires, plus de 16.000 personnes, dont environ 5.000 mineurs, pour la plupart ressortissants de l’Union européenne, vivent dans plus de 500 bidonvilles et campements (la plateforme parle plutôt de 300 bidonvilles en métropole).

La plateforme propose donc "de partager et de centraliser l’information pour tous les acteurs de la résorption, afin de mieux coordonner leurs actions". Elle vise ainsi les services de l'État (préfectures et directions départementales de la cohésion sociale), les partenaires institutionnels et les acteurs de terrain, dont les associations et les collectivités concernées. En pratique, elle doit fournir un triple service. Tout d'abord, elle doit permettre de "connaître et partager un état des lieux précis", grâce à une cartographie des implantations et des caractéristiques des sites (démographie, conditions de vie). Ensuite, elle doit permettre de "suivre et analyser les actions menées auprès des habitants", avec un bilan des avancées et des résultats, utile pour les échanges entre les pilotes, opérateurs et partenaires de l’action. Enfin, la plateforme doit "faciliter les échanges entre les parties prenantes", grâce à un annuaire national des acteurs à l’échelle nationale et à la mise en avant des bonnes pratiques.

Selon la plateforme, "la visualisation et l’analyse des dynamiques locales permettent d’objectiver le sujet et de créer de nouvelles synergies". Si l'objectif est ambitieux et peut présenter un intérêt pour la gouvernance nationale, on peut néanmoins s'interroger sur l'intérêt de cette approche pour les acteurs locaux, sachant que la résorption d'un bidonville est une opération éminemment locale, qui concerne un nombre réduit de personnes (entre une trentaine et une cinquantaine de personnes, selon qu'on retient le chiffre de 300 ou 500 bidonvilles).

 

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