VivaTech 2025 : les régions veulent peser dans les stratégies nationales de l'intelligence artificielle
Présentes en force au salon VivaTech 2025, les régions françaises veulent être considérées comme des actrices incontournables du développement de l'intelligence artificielle dans les territoires. Leur mobilisation collective, incarnée par plus de 300 start-up régionales et une délégation d'élus, marque leur volonté de peser dans les stratégies nationales et de structurer des écosystèmes d'innovation compétitifs à l'échelle européenne.

© Régions de France
Pour la deuxième année consécutive, les régions françaises se présentaient "unies" au salon Viva Technology, vitrine européenne des innovations technologiques qui rassemble 14.000 start-up et 165.000 visiteurs attendus à Paris du 11 au 14 juin 2025. Les régions y soutiennent plus de 300 start-up - contre 200 en 2024 - sur des thématiques allant de la GreenTech à la santé en passant par la mobilité intelligente.
Plusieurs présidents et vice-présidents régionaux, réunis sous la bannière de Régions de France, ont entamé une série de rencontres avec la ministre déléguée au Numérique et à l'IA, Clara Chappaz, le directeur général de France Travail, Thibault Guilluy, la directrice de la Mission French Tech, Julie Huguet, ou encore Bruno Bonnell, secrétaire général du secrétariat général pour l'investissement (SGPI). Objectif : renforcer leur place dans la définition et la mise en œuvre des politiques nationales de soutien à l'IA. Le chef de l'État s'y est rendu le 11 juin, vantant "la souveraineté technologique européenne" face aux États-Unis et à la Chine, et pour maintenir "la dynamique autour de l'intelligence artificielle", a indiqué l'Élysée la veille. Il a salué la conclusion d'un partenariat "historique" entre le groupe français Mistral AI et le géant américain des puces électroniques Nvidia. Dans un contexte géopolitique extrêmement tendu depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, il s'agit pour l'exécutif français de "bâtir une capacité de puissance de calcul installée en Europe avec des solutions européennes".
Des feuilles de route régionales
De leur côté, les régions de France font valoir leur action stratégique dans le déploiement de l'IA. Dans leur communiqué du 11 juin, elles rappellent "l'importance des préalables à la consolidation d'un écosystème Intelligence artificielle : des infrastructures performantes, une énergie décarbonée, la culture du partage de la donnée, et une cybersécurité financée et pérenne".
Plusieurs collectivités ont récemment actualisé ou lancé des plans dédiés. En Occitanie, un plan "IA Occitanie" doté de 60 millions d'euros a été adopté à l'été 2024 pour consolider la filière régionale. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la stratégie régionale vise à faire de la Région Sud "une référence en matière d'IA" (lire encadré ci-dessous).
Structuration d'écosystèmes compétitifs et différenciés
Sur le terrain, les régions investissent dans des infrastructures d'envergure : Campus Cyber territoriaux (en Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France, Hauts-de-France, Bretagne), Pôles européens d'innovation digitale (Edih) comme Diva (Digital Innovation Value Accelerator) en Pays de la Loire, ou encore dans des laboratoires de la donnée à l'image du Datalab Normandie.
Les priorités varient selon les territoires qui composent avec leurs écosystèmes locaux : e-santé pour l'Île-de-France et le Grand Est, cybersécurité pour la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine, CleanTech pour le Centre-Val de Loire, tourisme intelligent pour la Région Sud et les régions ultramarines.
Cette spécialisation s'inscrit dans le prolongement des stratégies de spécialisation intelligente "Smart Specialization Strategy" dite "S3" promues par l'Union européenne - très bien décrite par la région Nouvelle-Aquitaine - qui participe au renforcement de la compétitivité européenne de la France.
Des usages publics concrets
Les régions rappellent par ailleurs qu'elles ne se contentent pas d'accompagner les start-up : elles intègrent l'IA dans leurs propres services. La région Île-de-France a par exemple déployé six démonstrateurs IA pour optimiser la relation usagers, simplifier l'accès aux aides, ou encore lutter contre le gaspillage alimentaire. Régions de France rappelle par ailleurs que la plupart des stratégies régionales intègrent désormais un volet explicitement dédié à une IA éthique, frugale et de confiance, au service des citoyens, de la lutte contre le changement climatique, de la sécurité ou encore de la formation professionnelle.
Un positionnement politique renforcé
À travers leur présence collective à VivaTech, les régions entendent rappeler leur rôle stratégique dans l'animation des écosystèmes territoriaux d'innovation, tout en revendiquant une place dans la gouvernance nationale de l'intelligence artificielle.
Après le "Sommet pour l'Action sur l'IA" de février 2025, elles entendent maintenir un dialogue avec l'État, non seulement pour faire reconnaître leurs initiatives, mais aussi pour accéder aux financements nécessaires à leur mise en œuvre.
› Région Sud : 70 millions d'euros pour une IA utile, éthique et souveraineForte d'un tissu de 140 start-up actives dans le champ de l'intelligence artificielle, la région Sud, également présente à VivaTech 2025, rappelle dans un communiqué du 11 juin 2025 qu'elle se positionne comme un fer de lance de l'innovation numérique territoriale. Adopté en octobre 2024, son plan Sud IA 2024-2028, doté de 70 millions d'euros, structure l'action régionale autour de trois axes : gouvernance et modernisation de l'administration, acculturation du grand public comme des acteurs économiques, et renforcement de l'écosystème régional. |