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APA : qui sont les évaluateurs chargés d'apprécier la perte d'autonomie ?

La CNSA et la Fondation Médéric Alzheimer publient les résultats de la première étude réalisée sur les professionnels chargés de l'évaluation du degré de dépendance des demandeurs de l'APA et donc de la fixation du GIR. Les évaluateurs contribuent aussi à la détermination du plan d'aide permettant de calculer le montant de l'APA.

La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) et la Fondation Médéric Alzheimer publient les résultats de la première étude réalisée sur une profession largement méconnue, mais qui joue pourtant un rôle clé dans la prise en charge de la dépendance, par le biais de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie). Il s'agit en l'occurrence des professionnels, rattachés aux départements, chargés de l'évaluation du degré de dépendance des demandeurs et donc de la fixation du fameux GIR (groupe iso-ressources) qui permet de qualifier la perte d'autonomie sur une échelle de 1 à 6, (le GIR 1 correspondant à la plus forte dépendance et seuls les GIR 1 à 4 ouvrant droit à l'APA). Les évaluateurs contribuent aussi à la détermination du plan d'aide permettant de calculer le montant de l'APA.

Deux tiers d'évaluateurs issus du secteur social, un tiers du secteur sanitaire

L'étude a été réalisée à l'automne 2018, sur un échantillon de 756 professionnels dans 81 départements. Ses résultats très détaillés sont publiés dans "La Lettre de l'Observatoire" de la Fondation Médéric Alzheimer. Sans surprise dans un secteur médicosocial très féminisé, il apparaît que 94% des évaluateurs sont des évaluatrices. Ce taux de féminisation est toutefois plus élevé que celui de l'ensemble des équipes médicosociales, ce qui peut s'expliquer par la nécessité de donner confiance aux personnes évaluées, l'intervention se faisant au domicile. L'âge moyen est de 44 ans, avec une ancienneté moyenne dans la fonction de près de 8 ans, soit une prise de poste à 36 ans et donc avec une certaine expérience sociale ou médicosociale.

En termes de profils, 66% des évaluateurs ont une formation initiale en travail social et 30% une formation sanitaire. Les métiers les plus représentés sont les assistants de service social (37%), les infirmiers (26%) et les conseillers en économie sociale et familiale (24%). On note également la présence de 3% de médecins parmi les évaluateurs. Seuls 14% de ces professionnels suivi une formation complémentaire en gérontologie ou en gériatrie (19% pour ceux avec une formation initiale dans le champ sanitaire et 12% pour ceux formés dans le champ social).

En termes de statut, la quasi-totalité (94%) des évaluateurs appartiennent à une équipe gérée directement par le département, tandis que 6% sont gérés par une structure extérieure, mandatée par le département pour assurer les évaluations : centres locaux d'information et de coordination (CLIC) ou centres communaux d'action sociale (CCAS).

Une moyenne de 31 dossiers par mois

De même, la quasi-totalité (91%) de ces professionnels interviennent sur un secteur géographique bien déterminé et passent en moyenne près des deux tiers (63%) de leur temps de travail sur le terrain. Point important : seuls 45% de ces professionnels consacrent l'intégralité de leur activité à l'évaluation pour l'APA. Les autres interviennent aussi pour des évaluations liées à des demandes de carte mobilité inclusion (CMI, 51% des professionnels concernés), de prestation de compensation du handicap (PCH, 35%) ou d'aide sociale aux personnes âgées (Aspa, 26%). Près d'un tiers (29%) sont même impliqués dans le dispositif départemental d'accueil familial.

Le nombre moyen de dossiers traités est de 31 par mois, mais 75% des évaluateurs en traitent plus de 40. Dans leur travail d'évaluation, mais aussi pour l'élaboration des plans d'aide, ces professionnels sont amenés à travailler avec d'autres acteurs du secteur médicosocial, dont notamment les services d'aide à domicile (Saad, cités par 91% des évaluateurs), les Ssiad ou les Spasad (63%), les Maia (46%), les CLIC (39%), les tuteurs et curateurs (29%), les infirmiers libéraux (24%), les établissements hospitaliers (23%)…

Les deux dernières parties de l'étude, plus techniques, sont consacrées à "l'évaluation de l'APA au prisme des pratiques professionnelles" (avec par exemple les difficultés spécifiques face aux personnes atteintes de troubles cognitifs ou les principales difficultés rencontrées avec les familles et les proches aidants) et à la fonction d'évaluateur APA vue par les professionnels.

Dans sa présentation de l'étude, la CNSA rappelle au passage qu'"afin d'harmoniser les pratiques d'évaluation et de renforcer l'équité de traitement des personnes sur le territoire", elle a "co-construit avec 46 départements un référentiel d'évaluation multidimensionnelle national" (voir notre article ci-dessous du 13 décembre 2016). Dix-huit mois après sa mise en place, l'étude montre que 54% des professionnels ayant répondu déclarent employer un outil de recueil d'informations conforme au nouveau référentiel.

 

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