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Médicosocial - Dépendance : Agnès Buzyn favorable à une évolution vers des "plateformes de services"

Interviewée le 10 juillet sur RMC-BFMTV, Agnès Buzyn est revenue sur les déclarations du chef de l'Etat, la veille, devant le Congrès réuni à Versailles (voir notre article ci-dessous du 9 juillet 2018). Evoquant la dépendance, assimilée aujourd'hui à une situation de "détresse", Emmanuel Macron avait notamment affirmé qu'"il nous faut donc construire pleinement le financement et l'organisation de ce nouveau risque social ; nous ne pouvons plus longtemps l'ignorer, faire semblant". Sans évoquer explicitement la création d'un cinquième risque de sécurité sociale, il a également indiqué que "l'année 2019 sera consacrée à ce travail et je souhaite qu'une loi soit votée durant cette année qui permette d'y répondre".

Sortir d'un "système très figé"

Sur RMC-BFMTV, la ministre des Solidarités et de la Santé n'a pas voulu confirmer l'éventualité de création d'un cinquième risque, affirmant qu'elle "ne [veut] absolument pas [s]'engager. Le débat est totalement ouvert aujourd'hui". Elle estime en effet nécessaire d'en passer d'abord par un débat de société : "La première étape, avant de parler du financement, ça va être de définir quels vont être les besoins de la société demain, quand nous aurons cinq millions de personnes âgées de plus de 85 ans en France". Conséquence : "Nous allons d'abord définir le modèle et, ensuite, la deuxième étape sera de savoir quel financement et quelle méthode de financement".
Reprenant des thèmes déjà présents dans sa feuille de route sur le vieillissement (voir notre article ci-dessous du 31 mai 2018), Agnès Buzyn s'est montrée critique sur un "système très figé". Selon elle, "aujourd'hui, nous avons d'un côté des Ehpad, où les personnes âgées sont exclues, souvent en dehors des villes et des villages, et puis le maintien à domicile coûte que coûte le plus longtemps possible. Nous voyons bien que ça ne répond pas à la totalité des besoins".

Quelle place pour les départements dans un cinquième risque ?

L'une des pistes qui se dessine consisterait donc à "aller vers des plateformes de services, vers des choses beaucoup plus agiles, qui permettront aux personnes qui, à un moment, se font par exemple une fracture, de pouvoir être hébergées et puis de revenir à domicile". L'idée et l'exemple cité renvoient aux notions de fluidité et de personnalisation des parcours et à un rapprochement accru, à travers ces plateformes, entre le sanitaire et le médicosocial ou le social, mais aussi avec d'autres aspects de la société. Pour Agnès Buzyn, "la société de demain, ce sera des logements inclusifs, des plateformes de services et c'est cela que nous allons travailler".
En présentant sa feuille de route sur le vieillissement lors de la rencontre entre la CNSA et les départements (voir notre article ci-dessous du 31 mai 2018), la ministre avait également évoqué des évolutions de la gouvernance nationale et territoriale qui pourraient découler d'un réforme d'ampleur de la prise en charge de la dépendance.
Car si la création d'un cinquième risque de sécurité sociale dédié à la dépendance - débat récurrent depuis la création de la CNSA en 2004 - ne soulève pas de grosses difficultés techniques à périmètre constant, dans la mesure où l'assurance maladie finance déjà 80% du budget de la CNSA, elle poserait en revanche inévitablement la question de la gestion de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) et donc de la place des départements dans ce nouveau dispositif.

 

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