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Apprentissage : des fondamentaux qui résistent au temps et aux politiques publiques

Dans une infographie présentant l’évolution des nouveaux contrats depuis 1992, la Dares donne un panorama aussi complet qu’instructif sur l’apprentissage. Si le nombre d’apprentis évolue constamment, avec toutefois quelques creux, les principales tendances restent profondément ancrées dans le paysage : une majorité d’hommes, entre 18 et 22 ans, qui se forment surtout dans l’industrie, le commerce, la réparation automobile et la construction. Ils sont en revanche de plus en plus diplômés.

Le gouvernement ne cesse de s’en attribuer le succès : les entrées en apprentissage ont bondi en 2019 (+16% en un an) pour atteindre un total de 368.199 contrats. Si la progression a effectivement été significative dans le secteur privé (353.421 contre 302.259 en 2018), le secteur public affiche quant à lui une baisse du nombre de ses nouveaux alternants (14.778 contre 15.185), soit le niveau de 2017 (14.454). C’est le seul accroc dans la lente progression du nombre d’apprentis dans le public depuis 1994 qui ne comptait alors que 1.600 contrats. 

La barre des 300.000 entrées franchie en 2012

En effet, la Dares constate une constante progression depuis 1992 (129.616 nouveaux contrats) et même un doublement dans le secteur privé depuis 1995 (178.000). La barre des 300.000 entrées a été franchie en 2012 (306.185), mais seulement pour un an puisqu’on ne dénombre qu’un peu plus de 283.000 entrées en apprentissage en 2013, une chute qui s’accroit en 2014 avec 271.100 apprentis, soit le niveau de 2006. Un comble alors que François Hollande avait annoncé vouloir développer l’apprentissage et atteindre un objectif ambitieux de 500.000 apprentis par an. Mais les mesures prises sous son quinquennat ont plutôt dissuadé les entreprises. Les effectifs se redressent ensuite lentement et repassent la barre des 300.000 en 2018 (302.259).

27% des nouveaux apprentis n’ont aucun diplôme

Parmi les autres constats, il ressort que la typologie des candidats à l’apprentissage évolue peu dans le temps. Les hommes (65% en 2019) restent surreprésentés, même si la proportion de femmes progresse puisqu’elles n’étaient que 30% en 1992. Depuis 2012, la classe d’âge 22 ans et plus est majoritaire et le devient davantage chaque année (21% en 2019), suivie des 18 ans et des 16 ans. 
Si les niveaux de formation à l’entrée sont assez équitablement répartis en 2019 : 25% de bac+2 et plus ; 29% de Bac, 19% de Bac pro – BP et 27% qui n’ont aucun diplôme, cela n’a pas été toujours le cas. En effet, la part des plus diplômés augmente continuellement, sans jamais toutefois dépasser celle du niveau bac. Celle-ci est en revanche pour la première fois en 2019 devenue la part la plus importante en devançant celle des non diplômés qui avait toujours été majoritaire, représentant même plus de la moitié (60,5 %) des contrats en 1992. 

Les TPE-PME accueillent 70% des apprentis 

La grande majorité des entrants en apprentissage étaient soit scolarisés (58%), soit déjà en apprentissage (26%). Une situation stable depuis de nombreuses années. La proportion de demandeurs d’emploi reste cantonnée entre 7 et 10%. Pas d’évolution n’est davantage constatée dans les secteurs les plus prisés : en tête industrie et commerce-réparation automobile et de motocycles à égalité (20,5%), suivis de la construction (15,7%) et de divers secteurs du tertiaire. Hébergement et restauration (9%), soutien aux entreprises (activités scientifiques et techniques - 10%), coiffures-soins de beauté (5%) et agriculture-pêche (3%) attirent peu les jeunes apprentis. Une situation assez stable depuis 2009 (changement de nomenclature) même si le secteur de l’hébergement et restauration (11,6% en 2009) a tendance à perdre du terrain au profit du soutien aux entreprises.  
Enfin, les TPE-PME (jusqu’à 49 salariés) accueillent toujours majoritairement des apprentis (70%), même si le panel s’est sensiblement élargi depuis une trentaine d’années puisque les petites entreprises étaient quasiment les seules (93%) à embaucher des apprentis en 1992. Les entreprises de plus de 250 salariés représentant aujourd’hui près de 20% du total, une part qui ne cesse de progresser.