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Apprentissage : une rentrée moins catastrophique que prévu

Selon une enquête réalisée par la Fédération nationale des associations régionales de directeurs de CFA (Fnadir), les effectifs d’apprentis sont stables ou en hausse dans deux tiers des CFA, alors que les professionnels redoutaient avant l’été une forte chute des inscriptions. Certains secteurs restent toutefois fragilisés. 

Malgré la crise, l’apprentissage résiste. Après que la ministre du Travail s'est déclarée confiante sur l’objectif de maintenir le nombre d’apprentis en 2020, c’est au tour de la Fnadir (Fédération nationale des associations régionales de directeurs de CFA) de livrer des indicateurs a priori rassurants sur la dynamique de l’apprentissage à la rentrée 2020. Alors qu’habituellement, les campagnes de placement se terminent en juillet, elles se poursuivent toujours. "Les mois d’août et septembre sont très bons", constate sa présidente, Roselyne Hubert.

Sur les 200 CFA ayant répondu à l’enquête de la Fnadir menée entre le 14 et le 18 septembre, 39,2% projettent des effectifs "en hausse" pour cette rentrée 2020, tandis que 28,6% déclarent que les recrutements sont identiques par rapport à l’année dernière. Près d’un quart des CFA s’attendent, en revanche, à une chute de leurs effectifs allant de 3% à 10%. Seuls 3,9% des répondants craignent, quant à eux, une diminution plus brutale, de 10 à 20%.

L’enquête de la Fnadir révèle l’impact bénéfique des mesures gouvernementales destinées à favoriser l’apprentissage. Pour 41,7% des CFA, l’aide de l’Etat (allant de 5.000 pour les mineurs à 8.000 euros pour les majeurs) a eu un effet positif en augmentant le nombre d’offres d’apprentissage au sein des entreprises. Les autres, bien que plus prudents, présument aussi un impact positif. Par ailleurs, les entreprises seraient, comme le rapportent 65% des CFA, "plutôt" convaincues par ces aides financières.

Des difficultés dans l’hôtellerie-restauration et l’industrie

Pour autant, certaines difficultés à pourvoir les postes d’apprentis subsistent. Elles peuvent être liées à un manque de candidats, d’entreprises ou à une inadéquation entre les deux. Les difficultés à créer des postes sont ainsi particulièrement fréquentes dans l’hôtellerie, la restauration et le tourisme, mais aussi dans l’industrie et la mécanique, ce qui est sans doute lié à la crise, selon le vice-président de la Fnadir Pascal Picault.

Les nouveaux contrats sont également poussifs dans les métiers du commerce, de la distribution, le marketing et du BTP. Une situation qui reflète les difficultés économiques connues par ces secteurs en ce moment, l’apprentissage étant "forcément lié à l’activité économique", rappelle Roselyne Hubert. Mais ce résultat traduit aussi "une problématique d’orientation des métiers", récurrente, qui n’est pas liée à la crise.

Six mois pour trouver un employeur : un délai bienvenu

Pour Pascal Picault, il sera encore possible d’augmenter le nombre d’apprentis : le délai de six mois accordé pour permettre à un jeune d’intégrer un CFA pourrait permettre aux entreprises actuellement en difficulté d’avoir un peu plus de temps pour décider de recruter.

Toutefois, "il ne faudrait pas que cela se transforme en opportunisme et qu’il y ait des jeunes sans contrat au bout de six mois", avertit-il. Un sujet sur lequel les CFA sont d’ailleurs dans le flou, s’interrogeant sur les mesures à prendre dans une telle éventualité. Face à cette incertitude, ils se montrent prudents sur leurs recrutements en cette rentrée, en sélectionnant les apprentis selon leur motivation et leur projet professionnel, en lien avec leurs chances de débouchés.

Stabilité de l’apprentissage dans les chambres des métiers et de l’artisanat

D’autres réseaux témoignent aussi d’une reprise de l’apprentissage, moins catastrophique que prévu. "Nous pouvons presque dire que nous serons à l’équilibre de la rentrée 2019 sur cette période de 2020", a déclaré le président des chambres des métiers et de l’artisanat, Joël Fourny, devant la délégation des entreprises du Sénat, le 23 septembre. Le réseau des CMA, qui compte 112 CFA, avait formé 140.000 apprentis l’an dernier.