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Approvisionnement local : les chambres d'agriculture demandent la "préférence territoriale"

L'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) avance une trentaine de propositions dans le cadre de l'élection présidentielle, dans le but de favoriser la réussite des exploitations agricoles et des acteurs économiques des territoires ruraux. Présentées à la presse le 22 février 2017, ces propositions seront discutées avec chaque candidat à l'élection.

A quelques jours du Salon de l'agriculture, l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) interpelle les candidats à l'élection présidentielle sur l'avenir des exploitations agricoles et la ruralité, avec une trentaine de propositions présentées à la presse le 22 février 2017. "Il ne s'agit pas de dresser une liste à la Prévert, mais de porter l'ambition d'un nouveau développement agricole", a ainsi signalé Claude Cochonneau, président de l'APCA. Parmi les propositions axées sur la ruralité, et destinées à faire réussir les acteurs économiques dans les territoires ruraux : le soutien aux démarches d'approvisionnement local. L'APCA souhaite notamment que la préférence territoriale soit autorisée dans la commande publique. "Nous arrivons à contourner la loi mais il faudrait donner une vraie préférence territoriale dans les commandes publiques sur les marchés d'approvisionnement pour favoriser les produits locaux", a insisté Claude Cochonneau.
Autre idée : favoriser l'ancrage territorial des actions de développement économique et l'expérimentation avec les collectivités locales. D'après l'APCA, de nombreuses initiatives sont mises en place entre des groupes d'agriculteurs et des collectivités sur la transformation locale de certains produits. "Nous estimons que ces projets doivent être traités de la même manière que des projets artisanaux ou industriels car nous entendons prouver par ces projets que nous pouvons faire différemment", a estimé le président de l'APCA. Pour ce faire, l'assemblée propose de simplifier les règles obligatoires en s'appuyant uniquement sur des normes définies au niveau européen et international, et en refusant les exigences nationales supplémentaires.

Les agriculteurs doivent être consultés

L'APCA souhaite aussi conforter les territoires à handicaps naturels, au premier rang desquels la montagne, "qui doivent bénéficier de mesures spécifiques du fait de leurs contraintes géographiques et physiques", précise le document. Elle estime qu'il faut mettre en place une politique européenne périurbaine à travers des dispositifs adaptés et des mesures de complémentarité entre ville et campagne. Quant à la préservation du foncier, l'APCA souhaite que l'ensemble des outils à disposition soient mobilisés. "Quand il y a un projet d'aménagement, et notamment au moment de l'élaboration des plans locaux d'urbanisme (PLU) et des schémas de cohérence territoriale (Scot), il faut que les agriculteurs soient consultés et qu'ils sachent ce qu'ils veulent faire : sacrifier certaines terres pour en sauver d'autres, il faut un débat en amont", a expliqué Claude Cochonneau. L'assemblée est plutôt satisfaite de la proposition de loi relative à la lutte contre l'accaparement des terres agricoles, qui a été adoptée le 15 février 2017 par le Parlement. Enfin, pour mettre davantage en scène le thème de la ruralité, l'APCA souhaite la création d'un ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Forêt et de la Ruralité. "Le mal-être actuel des paysans vient de la crise et de leurs difficultés mais ils ressentent aussi un clivage entre la ruralité et le reste du pays. Ce n'est pas très sain d'entretenir ce clivage", a expliqué Claude Cochonneau.

Des rencontres bilatérales en cours

Concernant les exploitations agricoles, l'APCA avance plusieurs propositions : renforcer leur résilience à partir de diagnostics personnalisés, pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées, développer la capacité d'épargne des agriculteurs en améliorant les dispositifs fiscaux existants, renforcer toutes les valeurs ajoutées au niveau de l'exploitation, à travers notamment les circuits courts et l'agriculture biologique, et développer les outils de mutualisation du risque économique pour faire face à la volatilité des prix. En matière de bio, l'APCA alerte toutefois : "Si la production bio dépasse la capacité à consommer, les prix risquent de baisser, c'est ce qu'il faut éviter", a ainsi signalé son président. Or le nombre de surfaces en conversion d'ici deux ans n'est pas encore connu, les dossiers subissant un certain retard au niveau européen. Et leur nombre a déjà fortement augmenté en 2016, tout comme les ventes, d'après le bilan présenté le 21 février par l'Agence Bio (voir notre encadré ci-dessous).
L'APCA va rencontrer les différents candidats lors du salon de l'agriculture qui a lieu du 25 février au 5 mars 2017. Elle compte aussi organiser des rencontres bilatérales avec leurs équipes. "Ce travail a déjà commencé", a précisé Claude Cochonneau.

 

En 2016, le bio change d'échelle !
D'après le bilan de l'Agence Bio publié le 21 février 2017, tous les indicateurs sont au vert pour le bio. Au total, les ventes ont augmenté dans tous les circuits de distribution. Elles devraient atteindre 7 milliards d'euros en 2016 contre 5,795 milliards en 2015. Le nombre d'opérateurs est en hausse de 11% : 32.326 fermes bio, soit 12% de plus qu'en 2015, 14.859 transformateurs, distributeurs, importateurs et exportateurs, soit 10% de plus qu'en 2015. Et les surfaces bio sont également en hausse. Elles représentent 1,54 million d'hectares en 2016 (+16%), avec plus d'un million d'hectare certifiés bio, soit 5% de plus qu'en 2015. Mais malgré cette augmentation, les surfaces bio ne représentent que 5,7% de la surface agricole utile (SAU) française, le potentiel d'augmentation est encore fort ! En 2007, elles représentaient seulement 2% du territoire agricole.
La progression est particulièrement marquée dans certaines régions comme l'Occitanie. Dans cette région, le nombre de producteurs bio approche les 7.227, soit 20% des producteurs bio français. L'Occitanie est suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine, qui comptent chacune entre 4.700 et 4.800 producteurs bio en 2016. "Ces trois régions sont aussi celles qui ont connu le plus grand nombre de conversions en 2016 avec +732 pour l'Occitanie, +557 pour l'Auvergne-Rhône-Alpes et + 505 pour la Nouvelle-Aquitaine", précise l'Agence Bio. Viennent ensuite les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (2.882 producteurs bio), Pays de la Loire (2.549) et Bretagne (2.381). Au bas du tableau apparaissent l'Ile-de-France (258) et la Corse (327).
E.Z.

 

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