Bornes de recharge de véhicules électriques : le gouvernement ne veut pas baisser la tension

Le gouvernement réaffirme l'objectif de 400.000 points de recharge ouverts au public d'ici 2030, dont environ 50.000 en recharge rapide. Pour favoriser ces derniers, encore trop peu nombreux, de nouvelles normes sont à prévoir. Le gouvernement travaille par ailleurs avec les différentes parties prenantes à l'élaboration de nouveaux outils pour "améliorer l'expérience des électro-automobilistes", faciliter le déploiement, notamment dans le résidentiel collectif, ou encore pour concilier bornes et réseaux électriques.

Au cours d'un déplacement à l'Haÿ-les-Roses (94), puis à Bagneux (92), effectué ce 16 mai, les ministres Éric Lombard et Marc Ferracci – sans leur collègue des Transports – ont réaffirmé les ambitions de la France en matière de bornes de recharge, faisant leur l'objectif de 400.000 points ouverts au public d'ici 2030, dont environ 50.000 en recharge rapide, précédemment fixé par Clément Beaune et Agnès Pannier-Runacher (lire notre article du 27 octobre 2023).

De nouvelles normes à venir

À la fin du premier trimestre 2025, la France comptait 2.466.716 points de recharge, dont plus de 163.656 ouverts au public (soit 7%, contre 55% points de recharge chez les particuliers et 38% dans les entreprises). Ces bornes en libre accès sont déployées par les collectivités – les ministères rappellent que la Banque des Territoires prévoit d'accompagner l'installation de 45.000 points de recharge supplémentaires ces prochaines années –, mais aussi par le secteur tertiaire – en particulier les principales chaînes de restauration rapide, les supermarchés (63% en sont équipés) et les hypermarchés (73%) –, sous l'impulsion de la loi d'orientation des mobilités. Toutefois, les ministres observent que "cette loi ne précise pas la puissance des bornes qui doivent être déployées, si bien que les entreprises sont encouragées à déployer les bornes les moins chères qui ne correspondant pas forcément au temps passé par les clients sur le parking". Concrètement, les bornes de recharge rapides restent trop peu nombreuses – un constat déjà dressé par le passé (lire notre article du 9 mai 2023), même si nuancé depuis (lire notre article du 17 avril 2024). En conséquence, les ministres préviennent que la future réglementation nationale, qui sera arrêtée d'ici le 1er septembre 2026 pour transposer la directive performance énergétique des bâtiments adoptée début 2024, "prendra en compte les réels besoins et usages des utilisateurs, en incluant les caractéristiques des bornes, leur localisation et le type de bâtiments".

De nouveaux outils

D'autres mesures sont par ailleurs prévues pour "améliorer l'expérience des électro-automobilistes".

Ainsi, des travaux vont être conduits pour que ces derniers puissent disposer, dès 2026, de données en temps réel sur la disponibilité des bornes ainsi que d'une meilleure information sur les prix, avec pour objectif la mise à disposition d'un simulateur devant leur permettre d'estimer à l'avance le coût de leur recharge, en prenant en compte la structuration de la tarification en fonction des bornes, du prix au kWh, du temps ou à la session. 

Déplorant des délais trop longs pour l'équipement d'une borne privative en résidentiel collectif (4,3% des immeubles disposant de parkings sont équipés d'infrastructures collectives ; 12% en ont validé le déploiement), il est par ailleurs demandé à Enedis de présenter d'ici le 1er septembre un plan d'action afin que toute personne puisse disposer d'une borne de recharge moins de 6 mois après la décision de sa copropriété. En outre, pour les salariés qui n'ont pas d'option de recharge à domicile, le gouvernement entend "instruire avec les employeurs" la possibilité de leur proposer un accès à une recharge sur leur site. "L'État prendra sa part", est-il affirmé, en indiquant que sa direction des achats a notifié récemment "un marché national qui permettra à ses différents services d'accompagner l'ambitieuse électrification de son parc automobile".

Concilier bornes et réseaux électriques 

Le gouvernement entend par ailleurs renforcer le pilotage des recharges, tant pour éviter une sollicitation des moyens de production d'électricité de pointe (des centrales à énergie fossile) que pour favoriser au contraire la consommation en périodes de forte production d'énergie renouvelable. Il entend ainsi travailler à la mise en place "d'heures solaires" pour favoriser les recharges entre 11h et 17h et d'heures "super creuses" la nuit et le week-end. Il envisage également de contraindre les fournisseurs à proposer des contrats plus avantageux aux utilisateurs de véhicule électrique s'engageant sur le long terme avec eux. Il compte encore promouvoir la "recharge bidirectionnelle" – technologie dite V2G, pour "vehicle to grid", dans laquelle la voiture stocke de l'électricité dans sa batterie aux heures creuses pour la restituer aux heures de pointe – via un cadre réglementaire permettant de réduit le coût de la recharge en contrepartie de ce service apporté au réseau.

 

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