Dans le Grand Villeneuvois, colchiques, orchidées, ancolies... poussent tranquilles au bord des routes

Pour préserver la biodiversité, la communauté de communes du Grand Villeneuvois (Lot-et-Garonne) a instauré en 2008 la gestion différenciée des bords de route : un mode d’entretien qui concilie protection des espèces d'intérêt patrimonial et sécurité routière.

Pour entretenir ses bords de voies communales et des chemins ruraux, le Grand Villeneuvois (18 communes, 49.450 habitants) a adopté une méthode alternative, en partenariat avec le centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) "Pays de Serres-Vallée du Lot".

Redécouvrir une flore ignorée


Les bords de routes représentent des couloirs écologiques pour les espèces florales qui ne peuvent plus se développer dans les zones d'habitat ou dans les champs, notamment à cause des herbicides. "Ils sont donc devenus des espaces refuges pour plusieurs plantes d'exception, explique Marie-Line Popineau, directrice du service environnement et cadre de vie. L'inventaire réalisé par le CPIE a mis en évidence six espèces bénéficiant d'une protection nationale ou régionale : la tulipe d’Agen (protection nationale), le colchique d’automne, les narcisses, les orchidées, l'iris d'eau ou encore l'ancolie commune." D’ou la volonté des élus de mettre en place un mode d’entretien mieux adapté.

Qu’est ce que l’entretien raisonné des bords de route ?


Missionné pour faire l’inventaire floristique du territoire et assurer le suivi de l’évolution de la flore locale, le CPIE a d’abord réalisé la carte des espèces protégées afin de repérer les secteurs à privilégier. "Ensuite, il a fallu trouver une solution équilibrée conciliant protection de ces secteurs et sécurité routière", souligne Michel Casanova, vice-président délégué au cadre de vie. Pas d’achat de nouveau matériel, mais une évolution des pratiques et l'utilisation de techniques alternatives. Premier principe : différencier l’entretien selon les secteurs. Pour les intersections et carrefours, où priorité est donnée à la visibilité et sécurité routière, les abords immédiats bénéficient d’un fauchage régulier, d’une taille des haies au lamier, ainsi qu'une utilisation raisonnable de produits phytosanitaires. Ailleurs, la hauteur de coupe a été rehaussée de 4 à 6 centimètres afin d'éviter la détérioration des bourgeons et des racines ou de mettre à nu le sol. Enfin, dans les zones protégées, l'utilisation de produits phytosanitaires a été interdite.

Un entretien allégé et plus rapide


Le calendrier des fauches a été ramené à trois par an : deux au printemps et une en automne, avec des interventions progressives et allégées. Au printemps, la fauche est limitée aux bas-côtés, avec un passage sur une seule largeur de bras d'épareuse, ce qui favorise la dissémination des plantes en période de reproduction. En automne, la fauche s'étend aux fossés et au talus. Pour le talus, le débroussaillage se limite à deux bras d'épareuse. Enfin, le curage des fossés n'est effectué qu'en cas de nécessité, et seul le côté bordant la route est fauché.

Des agents d'entretien plus motivés


Les voiries intercommunales sont divisées en trois grands secteurs, attribués chacun à une équipe de deux agents, étroitement associés aux réflexions du CPIE et de l'intercommunalité sur la cartographie des sites à protéger, l'utilisation du matériel, le calendrier d'intervention... Le CPIE a sensibilisé les agents à l'intérêt du nouveau mode de gestion et les a formés sur les plantes à protéger et les techniques alternatives. L'adaptation aux nouvelles mesures de gestion n'a pas demandé d'efforts de formation particuliers. La gestion différenciée valorise le travail des agents qui, au-delà de la sécurité routière, contribuent à la préservation de la biodiversité et peuvent ainsi avoir une approche différente de leur métier. "Faucher et débroussailler les bords de route est nécessaire à la sécurité des automobilistes, mais l'excès en la matière menace notre richesse patrimoniale", souligne le vice-président délégué. Auparavant, les communes faisaient appel aux services voirie quand elles le jugeaient nécessaire, parfois de manière excessive. Dorénavant, les interventions sont limitées et respectent un calendrier précis. Les équipes interviennent moins qu'avant et de manière plus organisée. Et avec le fauchage tardif, elles gagnent du temps", indique la directrice du service environnement.

Communication vis-à-vis de la population : un exercice difficile


Le fauchage intensif, parfois sur des bandes de plus en plus larges, était motivé par la volonté de "faire propre". Certains riverains, étonnés de voir les bords de route plus enherbés, s’interrogeaient. L’exigence de préservation des plantes suppose de ne pas trop communiquer : "Nous ne souhaitons pas trop en dire pour éviter la cueillette sauvage. C'est un peu la difficulté de l'exercice. Nous n'avons donc pas beaucoup communiqué pour éviter d’attirer l'attention sur ces plantes rares, au risque d’être mal compris", indique la directrice du service environnement. Discrète sur son initiative, la communauté a identifié les sites à protégés par de simples piquets de bois, que seuls les agents d'entretien reconnaissent.
Malgré ces réserves, la démarche de la communauté du Grand Villeneuvois a suscité l'intérêt des autres collectivités, au premier rang desquelles figure le département.


Laura Henimann / PCA pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net
 

Communauté de communes du Grand Villeneuvois

BP 10
47440 Casseneuil

Marie-Line Popineau

Directrice du service environnement et cadre de vie

Michel Casanova

vice-président délégué au cadre de vie et conseiller municipal au Lédat.

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters