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Éducation : traduire les investissements en résultats

En 2018, l'État avait dépensé 90 milliards d'euros pour l'éducation et les collectivités près de 37 milliards. Mais malgré des moyens en augmentation constante, de lourdes difficultés subsistent. Pour y faire face, de nouveaux dispositifs ont été mis en place en 2019. D'autres réformes – à commencer par celle de l'éducation prioritaire – devraient suivre en 2020.

Après de longs mois d'attente, un rapport très attendu a marqué la fin de l'année 2019 en matière d'éducation. Missionnés par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, pour plancher sur les politiques d'éducation prioritaire, Ariane Azéma, inspectrice générale de l’Éducation nationale, et Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, ont préconisé la fin des réseaux d'éducation prioritaire, à l'exception des REP+, et une meilleure intégration des territoires ruraux dans les dispositifs de soutien, lesquels deviendraient progressifs et seraient étendus hors zonage. Dans le monde enseignant, ce travail a reçu un accueil plus que mitigé. De leur côté, les élus locaux voient dans la promesse d'une plus grande implication des collectivités sur la question de l'éducation prioritaire un point positif mais estiment qu'il existe "un risque que l'éducation prioritaire ne soit plus une priorité en dehors des REP+". En tout état de cause, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, ne s'est guère avancé sur les suites qu'il entendait donner au rapport. Surtout, il a décidé de ne rien toucher avant les élections municipales de mars prochain…

Avant ce débat qui ne fait donc que commencer, les collectivités avaient connu leur première rentrée scolaire sous l'égide de la loi abaissant l'obligation scolaire à trois ans. Si plus de 90% des enfants étaient déjà scolarisés à cet âge en France, ce changement de règle a une conséquence importante pour les collectivités : l'obligation de financer les écoles privées sous contrat concernées de la même façon que les écoles publiques, pour un coût estimé entre 100 et 150 millions d'euros. Un dialogue doit donc s'instaurer entre les élus locaux et, notamment, le Comité national de l’enseignement catholique, lequel a d'ores et déjà indiqué que les compensations pourraient se faire "à un rythme adapté à la situation de chaque commune".

Résultats scolaires : pas de quoi pavoiser

Dans certaines communes abritant des quartiers prioritaires de la politique de la ville, la rentrée 2019 avait également été marquée par une nouveauté : la création de "cités éducatives", un dispositif visant à intensifier la prise en charge des enfants et des jeunes, avant, pendant, autour et après le cadre scolaire en s'appuyant sur l'alliance des acteurs éducatifs : État, collectivités, associations, habitants. Prévu pour durer jusqu'en 2022, ce "travail de fourmi" sur un terrain délicat où se conjuguent difficultés sociales, économiques et scolaires, est vu comme "un projet très ambitieux et intelligent" par la première adjointe au maire de Lormont (Gironde) que Localtis a pu interroger.

Parmi les autres dossiers que les acteurs de l'éducation en collectivités vont suivre – et porter ! – en 2020, figurent encore la question du numérique pédagogique, l'inclusion des élèves handicapés, la prise en main de la compétence orientation ou encore l'achat des manuels scolaires, sans oublier, bien entendu, la réflexion autour de l'adaptation du bâti scolaire aux nouveaux besoins pédagogiques et environnementaux.

Bien entendu, tous ces débats et pistes de réforme seraient d'une moindre acuité si le système français d'éducation donnait satisfaction à tous et si notre pays caracolait en tête des classements internationaux sur l'éducation. Mais tel n'est pas le cas. Le dernier classement Pisa qui place la France tout juste dans la moyenne et met en avant des inégalités sociales persistantes, est là pour nous le rappeler…

 

Education prioritaire :

Education prioritaire : pour la fin des REP et une meilleure prise en compte des territoires ruraux

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Abaissement de l'obligation scolaire à trois ans :

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Cités éducatives :

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Manuels scolaires :

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Bâti scolaire :

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Enquête Pisa :

Enquête Pisa 2018 : de très fortes inégalités sociales

Rentrée scolaire 2020 : baisse des effectifs dans le primaire, hausse dans le secondaire

A la rentrée de septembre 2020, l’école primaire publique accueillera 42.520 élèves de moins qu’à la rentrée de septembre 2019 sur toute la France, tandis que les effectifs des collèges et les lycées publics vont s'accroître de 22.000 élèves. Ces chiffres ont été révélés à l'issue d'une réunion du comité technique ministériel de l’Education nationale (CTMEN) tenue le 18 décembre.

Dans le détail, seules les académies de Versailles, Créteil, Guyane et Mayotte connaîtront des hausses d'effectifs dans le premier degré à la rentrée prochaine. Dans le secondaire, les baisses d'effectifs concerneront onze académies sur les vingt-six recensées, la plus touchée étant celle de Dijon (-1,03%).

En termes de moyens humains, le ministère de l’Education nationale annonce que "malgré cette baisse significative d’élèves, 440 emplois (ETP- équivalent temps plein) seront créés dans le premier degré".

Dans un communiqué, le ministère précise que "cet effort important" permettra notamment de limiter les classes de grande section de maternelle à 24 élèves sur tout le territoire et de dédoubler de manière anticipée, dans certaines académies, les classes de grande section maternelle en REP+. En outre, il devrait permettre "de renforcer spécifiquement" les taux d’encadrement dans les territoires ruraux et de ne fermer aucune école sans l’accord du maire.

Dans son communiqué, le ministère ajoute que "ces mesures seront bien sûr réalisées en concertation avec les maires, notamment en appréciant avec eux les questions de faisabilité liées aux locaux scolaires".

Dans le secondaire, la suppression de 440 emplois (ETP) sera compensée par 315 ETP sous forme d'heures supplémentaires annuelles et la redirection devant élèves de 125 postes ETP en décharges académiques.

J.D. L.

 

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