Archives

Economie solidaire - ESS : à nouveau ministre, nouvelles attentes

Pour les acteurs de l'économie sociale et solidaire, la nomination d'un ministre délégué à ce secteur devrait changer la donne. Les attentes sont nombreuses en matière de représentativité des employeurs du secteur, de mesures législatives et fiscales et de nouveaux financements.

"L'existence d'un ministre délégué à l'économie sociale et solidaire (ESS), c'est historique, c'est du jamais vu." A l'image d'Eric Forti, président de la chambre régionale de l'économie sociale et solidaire d'Ile-de-France (Cress IDF), les acteurs de l'ESS se félicitent de la nomination de Benoît Hamon au premier ministère délégué à ce secteur. "Ce geste politique fort traduit toute la place que le nouveau gouvernement souhaite accorder au secteur dans sa politique à venir", signale ainsi le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), dans un communiqué publié le 23 mai 2012. Ce ministère délégué a été rattaché au ministère de l'Economie. "C'est pour nous caractéristique d'avancées considérables, explique Eric Forti à Localtis. Nous ne sommes plus confinés à l'économie des pauvres mais considérés comme des agents du développement économique du pays." L'Union pour les employeurs de l'économie sociale (Usgeres) a également fait part de son enthousiasme. "C'est une demande de longue date des acteurs de l'ESS et c'est le signe d'un changement de vision du gouvernement sur le rôle et la place de l'ESS dans notre pays", signale ainsi l'Usgeres dans un communiqué publié le 22 mai. 
Lors de ses premières interventions, Benoît Hamon a décrit son portefeuille comme un ministère à part entière, ayant vocation à travailler avec les autres, sur les conditions de reprise par les salariés en société coopérative et participative (Scop) quand il y a un plan social, sur le financement de la vie associative, sur la mise en œuvre du programme emploi-avenir, sur la stratégie de croissance, sur l'aspect mutuelle et sécurité sociale… Le nouveau ministre a aussi insisté sur le potentiel de ce secteur. "Il faut aujourd'hui faire de la croissance et faire de la croissance c'est s'appuyer sur ce qui marche. En France, l'économie sociale et solidaire, ça marche, ça crée des emplois, ça rend des services", a-t-il ainsi déclaré sur France Info le 22 mai, précisant qu'il comptait définir une véritable stratégie de croissance pour le secteur et lui donner les moyens en termes de politique publique.
Actuellement, l'économie sociale et solidaire représente 10% de la richesse créée en France et près de 13% des emplois avec 2,3 millions de salariés. Des chiffres qui pourraient rapidement évoluer du fait du remplacement nécessaire des personnes qui vont partir à la retraite. D'après l'Usgeres, plus de 600.000 emplois seraient à pourvoir dans les dix prochaines années pour faire face à ces importants départs en retraite.

Une loi de programmation

Parmi les engagements de François Hollande pris pendant la campagne pour développer ce secteur, figure une loi de programmation. "Cette loi permettra la reconnaissance de l'ESS dans ses principes, valeurs et spécificités, y compris dans le champ législatif", explique Eric Forti. La loi devrait en effet fixer des objectifs clairs et comporter des avancées concernant la législation du secteur, mais aussi sa fiscalité et ses règles de développement. Autre engagement du nouveau président de la République : les emplois d'avenir. Ce programme, qui consiste à faciliter l'embauche d'au moins 150.000 jeunes, doit être en partie orienté vers l'économie sociale et solidaire pour "doper ce secteur-là, lui donner les moyens d'agir et en même temps mettre le pied à l'étrier des jeunes qui ont besoin d'emploi", a ainsi précisé Benoît Hamon, dans une volonté affichée de "déprécariser" en professionnalisant le secteur.
La création d'une banque publique d'investissement devrait aussi faciliter le développement des entreprises de ce secteur, puisqu'une partie de ses financements devrait lui être réservée. Une banque dont l'objectif sera, selon le ministre, de disposer "d'un instrument de soutien aux politiques industrielles le plus tôt possible pour soutenir les PME innovantes pour opérer la transition énergétique et soutenir le secteur des énergies renouvelables, mais aussi pour contribuer au financement de l'innovation sociale". Les employeurs de l'ESS attendent aussi une meilleure représentativité dans les négociations sociales. L'Usgeres a ainsi insisté sur sa volonté d'être partie prenante dans la conférence sociale sur l'emploi qui doit être organisée en juillet 2012, et dont les premières rencontres préparatoires ont démarré le 29 mai entre le Premier ministre et les organisations syndicales et patronales représentatives sur les grands chantiers sociaux.
Enfin, autre attente des acteurs de l'ESS : l'épargne solidaire. En dix ans, ce type d'épargne a été multiplié par plus de dix en France d'après le baromètre de la finance solidaire, réalisé par Finansol et publié le 23 mai. Fin 2011, les encours d'épargne solidaire ont ainsi atteint 3,55 milliards d'euros contre 300 millions en 2002. L'épargne solidaire a permis de financer plus de 82.000 entreprises et de créer ou maintenir 201.000 emplois en dix ans, dont 32.000 en 2011.

Emilie Zapalski 

Dix entrepreneurs lauréats du concours CréaRîf Entreprendre autrement 2012
Dix entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire ont été primés le 25 mai 2012 dans le cadre du concours CréaRîf Entreprendre autrement 2012, organisé par l'Atelier, centre de ressources régional de l'ESS, et ses partenaires en Ile-de-France. Ce concours récompense les entrepreneurs de l'ESS dont les idées et les activités innovantes sont porteuses de solution. Parmi les projets lauréats : Voisin Malin. L'objectif de ce projet développé dans l'Essonne est de charger des "habitants-ressources" de faciliter le lien entre des habitants marginalisés par un handicap économique, linguistique ou culturel et les services publics ou privés. Les "voisins" recrutés font du porte-à-porte pour expliquer les projets de la ville et de ses partenaires commanditaires. Ils accompagnent les habitants dans leurs démarches (poste, mairie, transports, etc.). De mai à décembre 2011 à Courcouronnes, les "Voisins" ont ainsi rencontré à leur domicile plus de 1.000 ménages du quartier. Et sur 600 personnes accompagnées durant ces mois dans leurs démarches à La Poste, la moitié se dit autonome à l'issue de l'intervention de ces voisins malins.

E.Z.

 

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis