Entre le Teil et Villeurbanne, un contrat de réciprocité simple et efficace (07)

Le contrat de réciprocité ville/campagne signé en 2023 par les communes du Teil (8 900 habitants) et de Villeurbanne (156 928 habitants) est le premier du genre passé entre deux communes aussi éloignées l’une de l’autre. Jusque-là, cet accord de partenariat, consacré par la loi du 22 Juillet 2019 portant création de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), avait surtout été mis en place par des métropoles avec des territoires avoisinants, afin de partager leurs complémentarités économiques, culturelles et sociales dans un esprit de solidarité. « Même si elles connaissent des disparités importantes, nos villes, situées dans deux départements -l’Ardèche et le Rhône-, sont aussi très proches », constate le maire du Teil, Olivier Peverelli. Ce sont deux communes populaires frappées par la désindustrialisation et qui appartiennent à des agglomérations dans lesquelles deux grandes collectivités constituent des pôles d’attractivité majeurs : Montélimar et Lyon. Les revenus des habitants comme la volonté d’affirmer leur identité par rapport à ces deux pôles sont similaires.

 Nouvelles solidarités et convivialité

Le contrat de réciprocité implique évidemment les deux municipalités mais également les acteurs de la société civile, au service de projets de justice sociale, de transition écologique, de renforcement démocratique et de ville désirable. « Nous souhaitons contribuer à faire émerger de nouvelles solidarités et une organisation mutualiste, en prenant appui sur des coopérations qui engagent aussi bien nos collectivités publiques que la société civile, explique Olivier Peverelli. Et cela dans un esprit de convivialité, qui constitue la marque de fabrique de tous nos échanges. »

Les premières rencontres de préparation entre les deux communes ont bénéficié du soutien méthodologique d’une mission de conseil financée par la Banque des Territoires. Les trois principaux objectifs du contrat ont ainsi pu être identifiés : développer l’interconnaissance des territoires et de leurs acteurs, encourager les transferts d’expériences et de projets entre les deux collectivités ainsi qu’entre leurs associations et leurs entreprises, et enfin, apporter un service concret aux citoyens et aux acteurs du territoire.

Des projets pour l’alimentation, la culture, le logement…

C’est dans la poursuite de ces objectifs que le Teil et Villeurbanne souhaitent mettre à profit leurs complémentarités. Les projets se déclinent sur quatre axes prioritaires : loisirs et sports, alimentation durable, culture, solidarité et emploi. Ainsi, sur ce dernier axe, des échanges ont eu lieu pour mettre en commun les complémentarités autour du dispositif Territoire zéro chômeurs mis en œuvre par les deux villes. De même, des jeunes du Teil désirant poursuivre leurs études dans le supérieur ont pu accéder à des logements sociaux à Villeurbanne. Pour ce qui concerne le domaine de l’alimentation, une association du Teil propose des paniers bios à Villeurbanne, un brasseur y étend son activité et les cuisines centrales échangent sur leurs besoins et leurs expériences. Dans le domaine de la culture, la fanfare du conservatoire de Villeurbanne est venue répéter et se produire au Teil dans les fêtes de quartiers. Un metteur en scène résidant à Villeurbanne a ouvert deux lieux culturels au Teil où il peut profiter d’espace et d’un foncier plus attractif. Quant aux jeunes du club de basket du Teil, ils ont pu assister à un match du célèbre club de l’Association sportive de Villeurbanne éveil lyonnais (ASVEL).

Gouvernance commune

Ce ne sont là que quelques exemples qui démontrent qu’à peine signé, le contrat de réciprocité produit déjà des effets. Aux yeux du maire du Teil, « ce contrat permet d’organiser rapidement les choses avec simplicité, sans formalités et procédures compliquées ». Sa gouvernance est assurée par un comité de pilotage d’élus et d’agents des collectivités avec, si nécessaire, des représentants d’associations. En appui, un comité technique composé d’agents et d’acteurs de la société civile travaille à la mise en œuvre des décisions du comité de pilotage. Des liens informels existent avec l’intercommunalité, très intéressée par le contrat de réciprocité, notamment sur le sujet de l’alimentation où les complémentarités sont patentes : « Notre territoire dispose de possibilités agricoles remarquables et Villeurbanne a des besoins importants pour sa cuisine centrale », souligne l’édile.

Comme souvent, ce sont les financements qui posent problème. Les actions générées par le contrat bénéficient pour l’heure des ressources des budgets municipaux mais les deux villes ont monté une association pour rechercher des fonds auprès de fondations telles que la Fondation de France. En attendant, les projets ne manquent pas, avec notamment l’aménagement en cours d’un camping pour accueillir des vacanciers Villeurbannais et la création d’ateliers et de chantiers d’insertion pour la reconstruction que les collectivités voudraient transformer en ateliers du patrimoine.