Penmarc’h sensibilise les plus jeunes aux risques liés aux écrans (29)

Tout commence en 2021, avec la réponse à un appel à projets du département du Finistère sur le thème des addictions. « Nous avons présenté un projet sur le thème Apprendre à mieux vivre avec les écrans et nous avons été retenus. La ville a obtenu une enveloppe de 9 000 euros pour trois ans », souligne Fabienne Le Gars, adjointe au maire de Penmarc’h en charge des affaires sociales, des personnes âgées, du handicap et de la petite enfance. La commune a été accompagnée par un psychiatre et addictologue habitant Penmarc’h.

« Les services et les élus ont proposé un plan de prévention ciblant différents âges », poursuit l’élue. En 2022, les élèves de CE2-CM1 et CM2 des trois écoles primaires ont été ciblés. Une étude s’intéressant à leurs pratiques a été menée. Une réunion a été organisée pour interroger les parents sur l’utilisation des écrans. « Les résultats se sont révélés préoccupants : un tiers des élèves concernés ont prétendu ne pas avoir de limites sur le temps passé devant les écrans », commente Fabienne Le Gars. Ce n’est pas tout : 91 % des enfants sondés utilisent les écrans avant de s’endormir et 67 % ont déjà discuté avec un inconnu sur Internet. Et nombre de parents ne savaient pas que leurs enfants regardaient les écrans avant de dormir. 

"Écrans sans être à cran"

En classe, une psychologue de l’association nationale 3-6-9-12+ Pour un développement numérique durable est intervenue sur les risques de dépendance aux écrans. L’événement a été suivi d’une conférence-débat accessible à tous les parents et enfants, intitulée « Nos enfants et les écrans : parents, à vous de jouer ». Une trentaine de familles ont participé. Et une conférence thématique en partenariat avec la Caisse d’allocations familiales (CAF) et la Ligue de l’enseignement, ouverte à tous les publics de la ville, a eu lieu en 2022 sur le thème « Les écrans sans être à cran : Internet ses multiples usages ».

Pour les élèves du collège, l’action de prévention s’est appuyée sur des ateliers de théâtre d’improvisation, animés par une comédienne professionnelle pendant l’année 2023-2024. Trois classes de 4^e ont suivi huit ateliers de deux heures d’écriture de saynètes et de jeux. « Nous avons notamment travaillé avec les enfants sur les moments où on entre dans les jeux virtuels. Ce qui est apparu lors des séances d’improvisation, c’est que les enfants constatent que leurs parents utilisent beaucoup les écrans », observe Gilles Bernard, adjoint au maire en charge de la culture et de l’enfance.

Salle comble

Ce dispositif s’est conclu par une restitution intitulée « #Viedado », en mai 2024, qui s’est déroulée en deux parties : un spectacle pour les scolaires et un autre pour les familles. « La salle d’environ 200 places était comble à chaque fois : le succès a été au rendez-vous », se félicite Gilles Bernard.

Les usages ont-ils changé ? « Nous avons instauré l’habitude d’user d’un écran à plusieurs ; à l’école, les enfants travaillent de façon collective et échangent avec leurs pairs sur la base d’un écran ; il n’y a plus d’élève seul avec une tablette ou un smartphone », indique Gilles Bernard.

Inviter un youtuber au lycée

Le sondage initial avait montré que 32 % des parents – plusieurs dizaines ayant été interrogés - acceptent que leurs enfants consultent Internet tous les jours sans limites, et 59 % avec des limites. « Cette action a mis en exergue la nécessité d’une éducation des parents, pointe Fabienne Le Gars. Nous avons alerté les parents, le message est passé… Mais est-il suivi d’effets à la maison ? Nous ne pouvons pas le savoir. » Au quotidien, quelques pratiques changent. « Nous avons eu à traiter deux cas de harcèlement scolaire par les réseaux sociaux : la parole s’est libérée grâce aux ateliers mis en place, commente Gilles Bernard. Nous avons une légitimité maintenant ; il est plus facile d’agir en cas de dérive. »

En direction des lycéens, la municipalité prévoit d’inviter un youtubeur de la région pour entamer le dialogue sur le rôle des influenceurs et la relation aux contenus diffusés. Par ailleurs, la comédienne professionnelle va à nouveau intervenir auprès des collégiens.« Pour les élus comme pour les pédagogues, il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier en matière de prévention en direction des enfants, tant le monde des réseaux sociaux est puissant », conclut Gilles Bernard.