À Toul, un nouveau réseau pour une chaleur 100 % renouvelable (54)

Un réseau de 10 kilomètres distribue, depuis décembre 2024, de l’eau chaude produite à partir d’une chaufferie alimentée à 100 % par du bois issu d’un périmètre de 120 kilomètres autour de Toul. Cette démarche vertueuse lancée par la ville en 2018 a été minutieusement préparée pour assurer le raccordement de l’équivalent de 2 400 logements en 2025. « Nous avons supprimé des dizaines de chaudières au fioul et installé 53 sous-stations. La plus importante, la prison de Toul, comptait à elle seule une vingtaine de chaufferies indépendantes », explique Olivier Heyob, premier adjoint délégué aux travaux et à l’urbanisme. Pour ce projet, il a fallu anticiper les contraintes liées au tracé du réseau, en intégrant les zones humides ou les risques de fouilles archéologiques. Un tel chantier a nécessité une gestion des travaux au plus près des relations avec les usagers, habitants, entreprises, commerçants et responsables d’équipements publics.

Fédérer tous les acteurs autour d’un projet commun

Le déploiement de ce réseau de chaleur en milieu urbain interfère inévitablement avec le fonctionnement quotidien de la ville et les accès aux bâtiments sensibles, comme une maison de retraite ou le centre hospitalier. De plus, l’enfouissement du réseau exige une forte coordination avec les opérateurs des réseaux d’assainissement ou de l’énergie. La concertation a donc été permanente avec les collectifs d’habitants, informés régulièrement, les responsables des établissements publics, les services techniques ou leurs délégataires comme le Syndicat départemental d’électricité de Meurthe-et-Moselle (SDE 54). « Nous ne réalisons aucune excavation dans une rue sans nous assurer au préalable de l’état des réseaux d’eau potable, d’assainissement ou d’électricité », souligne Olivier Heyob. L’occasion alors de mutualiser les travaux pour plusieurs concessionnaires et d’éviter de mettre en chantier la même rue à plusieurs reprises. Pour répondre aux inquiétudes des habitants, une convention a par ailleurs été signée avec Atmo Grand Est, afin de mesurer la qualité de l’air sur le territoire, en amont et pendant un an et demi après la mise en service de la chaufferie.

Du bois local pour une chaleur durable

Si l’opération privilégie le bois de rebut comme les broyats de palettes auprès des industriels, le bois énergie ne manque pas en Lorraine. Toul est entourée de massifs forestiers et une partie de ces bois appartient aux communes. L’exploitation va leur permettre de financer l’entretien de leurs chemins, la replantation d’arbres et la rémunération des forestiers au juste prix. La communauté de communes Terres Touloises projette la création d’un Syndicat forestier pour entretenir, exploiter et planter durablement ces réserves. Les collectivités anticipent le réchauffement climatique et la nécessité de faire évoluer les essences des arbres qui peuplent les forêts lorraines.

Un cahier des charges protecteur des intérêts de la ville

Rédigé avec l’appui du bureau d’études EPUR, le cahier des charges a permis de choisir le mode de gestion approprié, grâce à l’appui d’un avocat spécialisé. Le réseau a été confié à Engie Solutions, dans le cadre d’un contrat de réalisation, exploitation et maintenance (CREM). Engie a préparé les dossiers de demande de subvention auprès de l’Ademe, a construit la chaufferie, réalisé le réseau et installé les sous-stations. Enfin, la société commercialise les contrats d’énergie avec les propriétaires pendant une durée de 25 ans. Les recettes de l’énergie vendue vont permettre de couvrir l’ensemble des investissements et des coûts de fonctionnement pilotés par l’exploitant privé. Le réseau dessert aujourd’hui 20 équipements publics et devrait continuer à s’étendre dans les années à venir. À Toul, l’autonomie énergétique est bien engagée.